Les Suisses devraient avoir une bonne surprise qui concerne leur bourse, ou plus précisément, leur bas de laine: alors que la Banque nationale suisse (BNS) annonçait élever son taux directeur à 1% dès le 16 décembre 2022 - après huit ans dans les limbes des taux négatifs - nombre d'établissements financiers ont décidé de rémunérer à nouveau l'épargne. Un bon point pour les clients, pour qui ce capital ne rapportait plus rien depuis longtemps.
Dans le lot, la Banque Migros fait figure de bon élève, en étant l'une des premières à avoir changé sa politique dès le mois de novembre 2022. «L'épargne est désormais rémunérée à 0,2% (jusqu'à 100 000 francs), tandis que l'avoir prévoyance du troisième pilier (3A) passera d'un taux de 0,05% à 0,4%», indique le porte-parole de la banque à watson.
La Banque cantonale vaudoise (BCV) a annoncé, de son côté, qu'elle remonterait le taux d'intérêt de l'épargne jusqu’à 0,3% pour les comptes en dessous du seuil des 100 000 francs, et ce dès le 1er février. Le Credit Suisse augmente les intérêts sur les comptes d'épargne à 0,25%. A partir d'un avoir de 50 000 francs, le taux d'intérêt est de 0,1%. PostFinance prend également des dispositions dans cette direction, en rémunérant l'épargne jusqu'à 0,4% pour un avoir allant jusqu'à 25 000 francs, et le pilier 3A à 0,3%.
Si les comptes d'épargne rapportent enfin, la petite plus-value pourrait bien être engloutie... par les frais bancaires. C'est en tout cas l'avis de la Fédération romande des consommateurs (FRC), qui estime dans un communiqué que la plupart des banques avaient compensé les taux négatifs par une augmentation de leurs frais de gestion.
Depuis quelques années, en raison de la plongée des taux, nombre de services qui étaient jusqu'alors offerts par les banques ont été indexés à des taxes. Par exemple: tenue de compte, envoi de documents, ordres de paiement, cartes bancaires, ou encore transactions sur devises.
Si l'on prend le cas de PostFinance, c'est en 2013 qu'avaient été uniformisés les frais de gestion pour les comptes dits «privés». Ces frais de la discorde avaient fait beaucoup de mécontents, comme nous le rappelle cette archive de Bilan. En 2019, le géant jaune avait invoqué dans un communiqué «un climat économique et réglementaire difficile».
A compter du 1er janvier 2019, nous introduisons des prix pour certains produits et prestations qui ne couvrent plus les coûts. Communiqué de presse: https://t.co/12D5D1ueVZ
— PostFinance (@PostFinance) October 10, 2018
Le géant jaune avait défendu cette nouvelle dîme en expliquant que les prestations proposées ne couvraient plus ses charges.
Et désormais, comme le porte-parole de PostFinance l'explique à watson, les frais bancaires sont compris dans des forfaits. «C'est cinq francs par mois pour un forfait basique, englobant compte courant, compte épargne, et réception de la postcard, et douze francs mensuels pour le forfait dit Smart plus.»
Comptent-ils revoir ces frais à la baisse dans le sillage de la hausse du taux directeur de la BNS? Ce n'est pas à l'ordre du jour, selon le porte-parole. «Par rapport à nos concurrents, notre offre de services reste attractive. PostFinance ne figure toujours pas parmi les banques les plus chères, mais se situe au milieu de la fourchette par rapport aux autres banques.»
Pour Jean Busché, responsable économie de la FRC, la hausse du taux directeur devrait avoir changé la donne. En conséquence, le fait que nombre de banques ne revoient pas leurs frais bancaires à la baisse en début d'année 2023 est un vrai problème.
«La répercussion du manque à gagner sur les consommateurs est devenue injustifiable», développe Jean Busché.
La FRC renvoie à une étude menée en 2020 par PwC, selon laquelle les frais bancaires suisses ont doublé en 20 ans.
Pourtant, les Suisses semblent faire le dos rond, si l'on en croit l'étude, qui indique que «les clients des banques suisses sont de loin les plus conciliants au monde».
En septembre 2022 - et pour rebondir sur cette étude - le Surveillant des prix Stefan Meierhans s'était exprimé dans les colonnes du média NZZ am Sonntag. Il y expliquait recevoir des dizaines de plaintes concernant des frais bancaires excessifs. Un manque de transparence sur les tarifs de fermeture d’un compte et de transfert d'une banque à l'autre était particulièrement dénoncé par monsieur Prix, lequel estimait que des «frais disproportionnés pourraient rendre plus difficile le passage à un prestataire moins cher».
Pour rappel, monsieur Prix avait même demandé au Secrétariat d'Etat à l'économie (Seco) d'être plus ferme en matière de frais bancaires.
En conséquence, les frais bancaires vont-ils s'aplanir avec les années? Peu de chance que cela arrive, selon la FRC. «Ces taxes représentent probablement une manne financière non négligeable pour les banques», achève Jean Busché.