Economie
Pénurie

Tous en télétravail cet hiver, mais pas à cause du Covid

Tous en télétravail cet hiver? Peut-être, mais pas à cause du Covid cette fois

Nous avons découvert le travail à la maison comme mesure contre le Covid-19. Cet hiver, la mesure pourrait retrouver tout son sens. En effet, si elles devaient être privées de courant, certaines entreprises prévoient déjà d'envoyer leurs employés dans leurs foyers pour continuer à travailler.
18.08.2022, 05:5018.08.2022, 08:04
Benjamin Rosch, Stefan Bühler / ch media
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En Allemagne, le débat fait rage depuis plusieurs jours déjà, en Suisse, il ne fait que commencer. Il s'agit du télétravail. Bien connu comme mesure de lutte contre les pandémies, le home office doit désormais contribuer à désamorcer la crise énergétique qui menace cet hiver.

Une enquête menée par le «Handelsblatt» auprès des 40 principales entreprises allemandes cotées en bourse a révélé que des entreprises telles qu'Airbus, le groupe de réassurance Hannover Re ou l'entreprise médicale Fresenius envisagent le télétravail pour réduire leur consommation d'énergie.

Tous en télétravail cet hiver, mais pas à cause du Covid
Pratiqué lors de la pandémie: le travail à domicile est-il aussi un moyen de lutter contre la crise énergétique imminente?image: sda

Claudia Kemfert, experte de l'Institut allemand de recherche économique, qui est citée dans l'article:

«Des études estiment que l'on peut économiser jusqu'à 5% de la consommation d'énergie en travaillant dans un bureau à domicile»

Ou en est le débat en Suisse?

En Suisse aussi, de nombreux employeurs élaborent actuellement des plans pour permettre à leurs collaborateurs de travailler à nouveau à domicile. Ce serait notamment le cas lorsque les appels volontaires à l'économie d'électricité lancés par la Confédération n'auraient pas porté leurs fruits, que les restrictions de consommation n'auraient pas eu l'effet escompté et que le Conseil fédéral aurait donc décidé de passer à l'étape supérieure: le contingentement de l'approvisionnement en électricité, contrôlé par l'Organisation pour l'approvisionnement en électricité dans les situations extraordinaires (Ostral). Il s'agit d'une limitation de la consommation d'électricité imposée par l'Etat à chaque entreprise. Les ménages privés en seraient exclus.

Des mesures à quatre niveaux
Il ne faut pas confondre une situation de pénurie d'électricité avec un black-out: une situation de pénurie dure généralement plus longtemps. Elle est généralisée et le courant n'est pas systématiquement coupé. La Confédération interviendrait en plusieurs étapes: d'abord par des appels volontaires à l'économie, puis par des interdictions par exemple de saunas ou d'enseignes lumineuses. Dans un troisième temps, le Conseil fédéral ordonnerait des quotas d'électricité pour les 30 000 plus gros consommateurs. Ceci afin d'éviter l'ultima ratio: des coupures de réseau pendant plusieurs heures. (bro)

L'Office fédéral de la protection de la population (OFPP) s'est entretenue à ce sujet avec des exploitants d'infrastructures critiques nationales. Parmi eux, on trouve les CFF, la SSR et la Poste, mais aussi Coop, Migros et Swisscom. Les conclusions d'une enquête sont résumées en deux phrases dans une note de l'autorité:

«Un moyen éprouvé de satisfaire aux exigences de contingentement d'Ostral est d'envoyer les collaborateurs (là où c'est possible) en home office. Il en résulte un transfert de la consommation d'électricité (ou d'une partie de celle-ci) dans le contexte privé.»

En d'autres termes, si une entreprise a épuisé son quota d'électricité, les employés doivent continuer à travailler chez eux, là où le courant circule encore.

Pour Andy Müller, porte-parole de l'Union patronale, ce n'est pas une surprise. «Les employeurs sont en partie inquiets. De nombreux membres de l'association s'adressent à nous pour nous demander comment ils doivent se préparer à une éventuelle pénurie d'énergie en hiver. Le travail à domicile est l'une des options discutées», explique-t-il.

L'association refuserait, toutefois, une obligation de travailler à domicile analogue aux périodes de pandémie: les entreprises doivent décider elles-mêmes comment elles réagiraient à d'éventuels systèmes de contingentement.

Müller fait également la comparaison avec le Covid-19 dans sa critique de la gestion de crise du Conseil fédéral:

«La situation rappelle fortement la première phase de la pandémie: on sait depuis des années qu'une situation de pénurie d'électricité compte parmi les risques les plus importants pour la Suisse et pourtant, il y a de nombreuses imprécisions dans la mise en œuvre concrète des mesures au niveau des entreprises».

Que disent les patrons?

La faîtière Economiesuisse fait la même constatation. La semaine dernière, des représentants de plus de 230 entreprises et associations ont participé à un webinaire sur le thème de la pénurie d'électricité.

Il en est ressorti que «nos membres sont inquiets», comme le dit Lukas Federer, chef de projet Infrastructure, énergie et environnement chez Economiesuisse. «Il manque des informations de base: Quelles sont les règles exactes en cas de contingentement? Comment mon entreprise peut-elle se préparer de manière concrète?» Selon lui, ce sont les questions les plus discutées.

Economiesuisse estime que la Confédération a un devoir à remplir: «Nous souhaitons depuis longtemps une communication plus proactive de la part du Conseil fédéral», déclare Lukas Federer. Et ce, dans le but que l'économie puisse s'organiser elle-même:

«Nous misons sur l'aide à l'entraide: les entreprises doivent savoir sur quels quotas d'électricité et de gaz elles peuvent compter en cas d'urgence et ce, le plus rapidement possible.»

Sur cette base, il serait possible d'établir en premier lieu un commerce avec des contingents, c'est-à-dire que les entreprises pourraient échanger leurs avoirs entre elles, sans intervention de l'Etat. «Il serait important que nous connaissions enfin les règles du jeu prévues par la Confédération», explique Lucas Federer.

Que dit la gauche?

Les socialistes souhaitent également que le Conseil fédéral aille plus vite. Le parti a demandé à la Commission de l'économie du Conseil national que le Conseil fédéral édicte, d'ici fin août, une ordonnance de planification énumérant les mesures de réduction de la consommation auxquelles les fournisseurs de gaz et d'électricité ainsi que les consommateurs doivent se préparer. Le PS demande, en outre, une réglementation claire sur les entreprises et les services qui seront exclus des coupures d'électricité et sur la manière dont les entreprises concernées par les coupures seront indemnisées.

La Commission de l'économie du Conseil national a discuté de ces propositions et d'autres lors de sa séance de cette semaine. Elle informera probablement aujourd'hui de ses décisions. C'est également aujourd'hui que le Conseil fédéral se réunit pour sa première séance après les vacances d'été. (aargauerzeitung.ch)

Traduit de l'allemand par Nicolas Varin

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