Le premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, (c'est lui 👇) a été ramené chez lui mardi soir et reste «sous surveillance renforcée» au lendemain d'un coup d'Etat mené par le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et contesté par des manifestants. Ils ont de nouveau essuyé des tirs de grenades lacrymogènes.
Le général Burhane avait bien tenté de rassurer mardi en assurant que le chef du gouvernement - qu'il a dissous lundi - était à son propre domicile, mais face aux appels incessants venus de nombreuses capitales, il a semblé céder en soirée.
Les Soudanaises et Soudanais sont sortis en masse pour tenter de relancer une transition post-dictature brutalement interrompue, lundi matin, ne cessant de réclamer l'aide de la communauté internationale.
Des témoins ont rapporté à l'AFP que les forces de sécurité tiraient des grenades lacrymogènes sur des manifestants.
Ces derniers n'en démordent pas, ils veulent que l'ensemble des autorités civiles de transition soient réinstituées. Ils continuent donc de bloquer par milliers les principaux axes de Khartoum sous une nuée de drapeaux soudanais et aux cris de «Non au pouvoir militaire!».
Après la proclamation de la «désobéissance civile», les manifestants veulent, disent-ils, «sauver» la révolution qui a renversé en 2019 le régime Béchir, tombé sous la pression de la rue et de l'armée. «On ne quittera la rue qu'une fois le gouvernement civil réinstallé», a affirmé à l'AFP Hocham al-Amine, ingénieur de 32 ans.
Les forces de l'ordre, selon des militants, ont:
Le scénario du pire est dans tous les esprits, deux ans après la révolte contre l'autocrate Omar el-Béchir, qui s'est soldée par plus de 250 morts:
Lundi déjà, quatre manifestants avaient été tués par des tirs de l'armée, selon un syndicat de médecins pro-démocratie, et plus de 80 blessés, au premier jour d'un putsch condamné en Occident, qui a coûté à ce pays pauvre d'Afrique de l'Est une aide américaine cruciale et pourrait lui causer la perte du soutien financier européen.
Le Conseil de sécurité de l'ONU a été relativement timide et a renoncé à dénoncer le putsch «dans les termes les plus forts», assure un diplomate à l'AFP.
Pour manifestants et experts, la possibilité d'un retour au règne sans partage des militaires est plus réaliste que jamais.
Mardi, à Khartoum, le général Burhane, nouvel homme fort du Soudan, a défendu son coup de force et l'armée. Il a affirmé avoir dissous les autorités chargées de mener la transition vers un pouvoir civil et des élections, car:
Dans ce contexte explosif, les vols vers et depuis l'aéroport de Khartoum ont été suspendus jusqu'à samedi.
Mardi, des ambassadeurs soudanais auprès de la France, de la Belgique, de l'Union européenne ainsi que de la Suisse ont dénoncé le coup d'Etat et proclamé leurs ambassades comme celles du «peuple et de sa révolution». (jah/ats)