Des chars ont été aperçus à Rangoun, la capitale économique. Des déploiements de soldats ont été constatés dans d'autres villes, d'après des images diffusées sur les réseaux sociaux. Nous avons reçu «des indications sur des mouvements de troupes», a confirmé sur Twitter l'ambassade des Etats-Unis en Birmanie, demandant aux Américains de rester à l'abri.
«Ils ont d'abord lancé du gaz lacrymogène, puis ont tiré», confie une journaliste locale à l'AFP, sans pouvoir préciser si des balles réelles ou des munitions en caoutchouc avaient été utilisées. Cinq journalistes ont été interpellés à cette occasion, d'après un média local.
Réagissant à cette escalade de la répression, les ambassadeurs en Birmanie des Etats-Unis, du Canada et de plusieurs pays de l'Union européenne ont diffusé une déclaration commune sur Twitter, exhortant l'armée à «ne pas recourir à la violence à l'encontre des manifestants et des civils.»
Le putsch du 1er février a renversé le gouvernement d'Aung San Suu Kyi et mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans. La peur des représailles est dans tous les esprits en Birmanie, où les derniers soulèvements populaires de 1988 et 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires. Malgré cela, la mobilisation contre le coup d'Etat ne faiblit pas.
It's as if the generals have declared war on the people of Myanmar: late night raids; mounting arrests; more rights stripped away; another Internet shutdown; military convoys entering communities. These are signs of desperation. Attention generals: You WILL be held accountable.
— UN Special Rapporteur Tom Andrews (@RapporteurUn) February 14, 2021
Dimanche, pour le neuvième jour consécutif, les Birmans sont descendus par dizaines de milliers dans les rues. A Rangoun, ils se sont notamment réunis près de la célèbre pagode Shwedagon, pour réclamer la fin de la dictature et la libération de la lauréate du prix Nobel de la paix 1991, tenue au secret depuis son arrestation.
Près de la gare centrale, des habitants ont bloqué une rue à l'aide de troncs d'arbres pour empêcher la police de pénétrer dans le quartier. A Dawei (sud), sept policiers ont annoncé faire défection, tandis que des médias locaux ont fait état de cas similaires ces derniers jours.
L'armée a de son côté diffusé une liste de sept militants parmi les plus renommés de Birmanie, qu'elle recherche activement pour avoir encouragé les manifestations. Sur la liste des sept «fugitifs» figure le nom de Min Ko Naing, un leader du mouvement étudiant de 1988, qui a déjà passé plus de 10 ans en prison.
Depuis le putsch, quelque 400 personnes ont été arrêtées, des responsables politiques, des militants et des membres de la société civile, y compris des journalistes, des médecins et des étudiants. (ats/afp)