Le parti conservateur autrichien a élu son nouveau chef: il s'agit du ministre de l'Intérieur Karl Nehammer, qui deviendra ainsi le prochain chancelier.
«J'ai été désigné aujourd'hui à l'unanimité par la direction de l'Österreichische Volkspartei (ÖVP) comme président du parti et en conséquence comme candidat au poste de chancelier», a déclaré Nehammer devant la presse à Vienne. «Je suis extrêmement reconnaissant, c'est un honneur et un privilège auquel je ne m'attendais pas.»
Le responsable politique de 49 ans a annoncé à cette occasion un vaste remaniement ministériel, adopté «en consensus» avec les écologistes, auxquels la droite est alliée pour gouverner depuis janvier 2020. Le ministre des Finances Gernot Blümel a déjà annoncé sa démission.
Quant à Alexander Schallenberg, que Sebastian Kurz avait désigné en octobre pour lui succéder à la chancellerie après avoir été mis en cause dans un scandale de corruption, il s'était déclaré jeudi soir «prêt à laisser son poste». Il va retrouver son portefeuille du ministère des Affaires étrangères.
Des discussions vont être rapidement entamées avec le président Alexander Van der Bellen. Il lui reviendra de valider le prochain gouvernement, a précisé le nouveau chef de file. La date de l'investiture n'a pas encore été fixée.
Les conservateurs participent à l'exécutif en Autriche depuis 1987 et gouvernent soit avec les sociaux-démocrates, soit avec l'extrême droite. Début 2020, ils ont formé une coalition inédite avec les écologistes. Karl Nehammer va devenir le cinquième chancelier autrichien nommé à ce poste depuis 2016.
«On assiste à la fin d'un processus entamé en octobre», commente le politologue Thomas Hofer. «Kurz espérait initialement revenir rapidement et c'est pour cette raison que le parti avait mis en place Schallenberg, qui n'avait jamais eu l'ambition» de diriger le gouvernement.
La situation est «différente avec Karl Nehammer, qui doit faire sa place et indirectement rompre avec l'équipe Kurz» en mettant en place de «nouveaux visages», poursuit-il.
Né en 1972 à Vienne, Karl Nehammer a d'abord fait carrière dans l'armée, où il a été nommé lieutenant. Gendre d'un présentateur vedette de la télévision, il a ensuite bifurqué vers la communication politique, avant d'être élu député en 2017 puis nommé ministre en janvier 2020.
A ce titre, il a dû gérer le premier attentat islamiste survenu en Autriche, qui a fait quatre morts en novembre de la même année.
Considéré par les commentateurs comme «loyal» envers sa formation, marié et père de deux enfants, il a intégré le gouvernement sans pour autant être un proche de Sebastian Kurz.
Intraitable sur la question du droit d'asile, il a été critiqué par des ONG pour avoir fait expulser des enfants en pleine nuit et voulu renvoyer des Afghans à Kaboul alors que les talibans étaient aux portes du pouvoir.
Pour compliquer la donne, l'Autriche est actuellement reconfinée en raison d'une virulente vague de coronavirus et d'un taux de vaccination situé en dessous de la moyenne de l'Union européenne (UE). (ats/mbr)