Attention, si vous comptez voir le remake de West Side Story, ne commettez pas les mêmes erreurs que moi. Tout d'abord, ne vous replongez pas dans le film original de 1961, car votre impression de «déjà-vu» sera plus qu'exacerbée. Ensuite, n'essayez pas de jouer au jeu des différences. Ah tiens, je ne me souviens pas de cette scène. Ces dialogues ont clairement été ajoutés! Mais c'est qui le personnage de la mamie ? Stop, arrêtez-vous tout de suite! Ce n'est pas un exercice de littérature comparée. Vous n'avez pas vu l'œuvre originale? Tant mieux. Vous la connaissez par cœur? Bon, ça va aussi: celle-là est tout aussi fidèle.
West Side Story, c'est l'histoire d'un coup de foudre: celui de Tony, fils d'immigré polonais et de Maria, jeune portoricaine.
Une rencontre, un «date» et le tour est joué, me direz-vous. Eh bien non. C'était sans compter la haine que se vouent deux gangs, les Jets et les Sharks, dont les deux chefs sont respectivement, le meilleur ami de Tony et le frère de Maria. Le tableau est posé. On ne vous spoile pas la suite, mais je peux vous dire que, comme dans Roméo et Juliette, il n'y a pas de happy end.
Le pitch, c'est fait. Voici les trois raisons qui font que West Side Story reste est film culte.
«Moi, tu sais, les trucs où on chante tout le temps, c'est bof.» Vous allez tout de suite lâcher cette copine rabat-joie et entrer dans le monde des paillettes (n'est-ce pas Kevin?). Car West Side Story, c'est d'abord une comédie musicale avec des chansons, que dis-je des hymnes à la vie, à l'amour et au rêve américain.
Ça chante, ça danse, ça se bagarre et ça virevolte (oui, oui). Au top des mélodies éternelles, il y a bien entendu America, chantée par Rita et Bernardo dans le film. Sorte de «battle» entre les garçons et les filles dont l'enjeu est d'énumérer les pour et les contre de la vie d'immigrés aux USA.
Les mélodies entêtantes, les refrains inoubliables et des chorégraphies qui sont entrées dans la postérité. Prenez l'exemple du gang des Jets qui veut marquer son territoire en dansant de cette façon👇.
Et oui, je vous entends les rabat-joies: «C'est quoi ces sauts de cabri?». C'est le plus grand succès de Broadway et un film ayant remporté dix oscars. On se tait et on danse.
Ce qui m'a le plus émue lorsque j'ai vu le film pour la première fois, enfant, c'est l'histoire d'amour entre Maria et Tony. Ils sont jeunes, beaux, naïfs et tellement passionnés qu'on ne peut que fondre (oui, l'usage de ce verbe est opportun quand on voit leur regard) devant tant de sentiments. Si vous avez le lu le pitch, vous savez que l'univers tout entier s'est ligué contre nos jeunes amoureux.
Il faut quand même relever que ces deux-là se démènent comme des pauvres diables pour régler les problèmes des autres, mais rien n'y fait. J'ai (encore) versé ma petite larme à la fin du film et je mettrai un peu de temps à m'en remettre.
Les époques changent, mais les problèmes restent. West Side Story des années 60 traitait du racisme entre les immigrés de l'Europe de l'est (gang des Jets) et les Portoricains (gang des Sharks). La version de Spielberg aborde exactement la même thématique en y ajoutant aussi des préoccupations sur la violence faite aux femmes. Mais la véritable révolution de cette cuvée 2021, réside dans l'usage de l'espagnol.
En effet, alors que le film de Jerome Robbins était saupoudré de quelques "holà", "muchacho" et "vamos" par-ci par-là, celui de Spielberg intègre des dialogues en espagnol, volontairement non sous-titrés.
L'espagnol est donc omniprésent, il est utilisé tant pour refléter le quotidien des familles immigrées et polyglottes (petite pensée à ma mère qui m'engueulait dans sa langue natale) que pour déclarer sa flamme à sa bien-aimée.
Est-ce que le remake de Spielberg est meilleur que la version originale? Pour les puristes, cette adaptation sera une copie sans grand éclat de l’œuvre originale tandis que pour les fans du réalisateur, ce dépoussiérage réenchantera totalement le récit. Au fond, on ne va pas se disputer, regardez plutôt Maria tournoyer en allant à son premier bal américain et chantez avec moi: «I feel pretty and witty and gay...».