Cela commence à devenir une habitude: les Etats-Unis ont menacé Moscou de représailles, une fois de plus, en cas d'incursion en Ukraine. Désormais, les Russes sont prévenus: en massant des milliers de soldats à la frontière ukrainienne, ils prennent le risque de raviver le spectre de la Guerre froide.
La menace d'Antony Blinken est claire: toute violation par la Russie de la souveraineté territoriale de l'Ukraine «nous ramènerait à une époque bien plus dangereuse et instable, lorsque ce continent était divisé en deux, (...) avec la menace d'une guerre totale planant au-dessus de la tête de chacun», a lancé le secrétaire d'Etat américain.
Le diplomate a fait ce parallèle alors qu'il se trouve actuellement à Berlin. Un symbole fort dans cette ville coupée en deux par un Mur pendant près de 30 ans. Blinken y était présent jeudi pour des pourparlers avec ses alliés européens.
«Tout» franchissement de la frontière ukrainienne par la Russie entraînerait une réaction «rapide et sévère» des Etats-Unis, a prévenu jeudi Antony Blinken.
Pour montrer l'unité des Occidentaux face à la menace russe, la cheffe de la diplomatie allemande, Annalena Baerbock, a elle assuré que les Etats-Unis et leurs alliés n'hésiteraient pas à agir, même si des représailles devaient avoir des «conséquences économiques» pour l'Europe.
Son homologue français, Jean-Yves Le Drian, présent lui aussi à Berlin, a mis en garde les Russes contre toute volonté de forger un «Yalta 2», un nouveau partage des sphères d'influence entre Est et Ouest, près de 77 ans après la conférence qui avait dessiné l'Europe de l'après Seconde guerre mondiale.
Même tonalité à Londres, où le Premier ministre Boris Johnson a prévenu qu'une incursion russe en Ukraine, quelle que soit son ampleur, serait «un désastre pour le monde».
Les «incursions mineures» n'existent pas, a renchéri le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en réponse à un propos controversé tenu par son homologue américain Joe Biden.
Mercredi, le président américain Joe Biden a semé la confusion en évoquant la possibilité d'une «incursion mineure» de la Russie en Ukraine, semblant indiquer que cela pourrait entraîner une réponse plus modeste des alliés de l'Otan. La Maison Blanche a clarifié ensuite ces propos en promettant «une réponse rapide, sévère et unie» des Etats-Unis et de leurs alliés en cas de franchissement de la frontière de l'Ukraine par des forces militaires russes.
Antony Blinken espère encore trouver une porte de sortie diplomatique aux tensions croissantes entre Kiev et Moscou. Mercredi, lors d'une visite de soutien à Kiev, il avait exhorté Vladimir Poutine à choisir une «voie pacifique».
Mais la Russie a répliqué en annonçant jeudi le lancement d'opérations navales tous azimuts, du Pacifique à l'Atlantique en passant par la Méditerranée, impliquant 140 navires de guerre et 10 000 hommes.
Vendredi, le Secrétaire d'Etat mènera une rencontre cruciale à Genève avec la Russie. Elle s'annonce déjà difficile: un précédent cycle de pourparlers la semaine dernière en Europe n'avait permis que de constater le fossé séparant Moscou et les Occidentaux.
Concernant les modalités de la rencontre, Antony Blinken a souligné mercredi qu'il ne présenterait «pas de document» lors de sa rencontre vendredi à Genève avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.
«Nous devons voir où nous nous situons et s'il reste des opportunités de poursuivre la diplomatie», a-t-il dit, précisant que certaines exigences russes étaient «clairement, absolument, vouées à l'échec», comme l'engagement à ne jamais élargir l'Otan à l'Ukraine.
De son côté, la Russie réclame que les Américains et leurs alliés renoncent à organiser des manoeuvres et des déploiements militaires en Europe de l'Est. Elle demande également un traité qui bannise tout élargissement de l'Alliance atlantique à l'Ukraine mais aussi à la Géorgie, une autre ex-république soviétique. Moscou a signifié que ses demandes étaient non négociables. Les Etats-Unis les ont jugées pour l'essentiel inacceptables. (ats/mbr)