Costume bleu marine et cravate bleu électrique, l'ex-président s'est montré virulent dès son arrivée à la cour suprême de l'Etat de New York. «Raciste», «corrompue» ou encore «spectacle d'horreur»: petit florilège des qualificatifs auxquels a eu droit la procureure générale Letitia James, qui a porté plainte contre lui.
A l'intérieur de la salle d'audience, l'ancien président, 77 ans, a passé sa première journée assis, le visage fermé, ne s'exprimant qu'auprès de ses avocats. L'un de ses deux fils visés par la plainte, Eric Trump, s'est assis derrière lui au premier jour de ce procès qui s'annonce long et technique.
Donald Trump, Eric Trump et Donald Trump Junior, sont visés, avec la Trump Organization, par une plainte au civil de la procureure, qui les accuse d'avoir gonflé leurs actifs de manière colossale pour obtenir des prêts plus favorables auprès des banques et de meilleures conditions d'assurance.
L'avocat principal de Donald Trump, Christopher M. Kise, a défendu au contraire un «président [qui] a bâti l'un des empires immobiliers les plus prospères de la planète», niant la moindre irrégularité comptable. Sa consoeur, Alina Habba, a martelé que son puissant client n'avait commis aucune «fraude», mais faisait de «l'immobilier».
Dans le camp en face, la procureure a accusé le magnat de l'immobilier de «fraudes répétées» et d'avoir «triché» pendant des années. L'un des membres de son équipe a réaffirmé que la fraude avait déjà été établie juridiquement et que les personnes visées par la plainte civile «avaient surévalué leurs actifs entre 812 millions et 2,2 milliards de dollars par an» de 2014 à 2021, y compris donc quand Donald Trump était à la Maison-Blanche, entre 2017-2021.
S'il ne risque pas la prison, le favori dans les sondages du camp républicain pour la présidentielle américaine de 2024 joue gros, très gros, lors de ce procès civil: son empire financier.
La semaine dernière, lorsque le juge Engoron a estimé dans une ordonnance en référé que des «fraudes répétées» étaient établies, le magistrat a ordonné le retrait des licences commerciales dans l'Etat de New York à Donald Trump et à ses fils dirigeants de la Trump Organization, ainsi que la confiscation des sociétés visées par la plainte, pour qu'elles soient confiées à des liquidateurs.
Donald Trump a fait appel de cette décision. Mais, si elle venait à être appliquée, il perdrait le contrôle sur plusieurs étendards de son groupe, comme la Trump Tower sur la 5e avenue de Manhattan.
Ce procès civil à New York est prévu pour durer jusqu'à Noël. Inculpé au pénal dans quatre autres dossiers, Donald Trump doit notamment comparaître à partir du 4 mars devant un tribunal fédéral de Washington, où il est accusé d'avoir tenté d'inverser le résultat de la présidentielle. Autant de procès dont il compte tirer profit... (mbr/ats)