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Trump a été beaucoup plus malade du Covid que ce qu'il a laissé croire

Former President Donald Trump reacts during a border security briefing with Texas Gov. Greg Abbott at the Texas DPS Weslaco Regional Office on Wednesday, June 30, 2021, in Weslaco, Texas. (Joel Martin ...
Image: sda

Trump voulait envoyer les malades du Covid à Guantanamo. Révélations

Frappé par le Covid, Donald Trump a menti sur la gravité de son état. En minimisant l'impact du virus, le président des États-Unis aurait ainsi causé la mort de nombreux Américains. Il voulait d'ailleurs les envoyer en quarantaine à Guantanamo.
01.07.2021, 17:0801.07.2021, 17:20
William Saletan / slate
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Un article de Slate
Slate

Jour après jour, nous en apprenons un peu plus sur les manigances et les mensonges de Trump pendant la pandémie de Covid-19. Dans les bonnes feuilles d'un livre paru le 29 juin aux États-Unis et intitulé Nightmare Scenario: Inside the Trump Administration's Response to the Pandemic That Changed History [Scénario de cauchemar: les coulisses de la réponse de l'administration Trump à la pandémie qui a changé l'histoire], nous avons découvert que Trump avait proposé d'envoyer les Américains malades en quarantaine à Guantánamo Bay (Cuba), afin qu'ils ne viennent pas grossir les chiffres des contaminations américaines.

Puis nous avons appris un autre secret, toujours extrait du même livre, cette fois au sujet de la contamination de Trump lui-même à l'automne 2020: le président américain a menti sur la gravité de sa maladie, s'est moqué des précautions visant à éviter la contagion et a recommandé à ses concitoyens de ne pas s'inquiéter du virus, contribuant ainsi à accélérer la pire vague de la pandémie.

Trump a mis son entourage en danger

Trump prétend être tombé malade parce que c'était inévitable. En réalité, il a attrapé ce virus parce qu'il a saboté les concepts de port du masque et de distanciation physique, mettant tout son entourage en danger au passage. Il ne s'est pas contenté d'organiser de grands meetings de campagne; il a aussi demandé à ses conseillers d'enlever leurs masques lorsqu'ils étaient à la Maison-Blanche.

President Donald Trump and Vice President Mike Pence stand on stage during the first day of the 2020 Republican National Convention in Charlotte, N.C., Monday, Aug. 24, 2020. (AP Photo/Andrew Harnik)
Donald Trump accompagné du vice-président Mike Pence au premier jour de la convention des Républicain en août 2020. Image: AP

Yasmeen Abutaleb et Damian Paletta, auteurs du livre et journalistes au Washington Post, racontent que Trump s'est expressément opposé au port du masque pendant ses apparitions sur scène: «Quand quelqu'un devait faire une conférence de presse avec lui, il disait clairement que cette personne ne devait pas porter de masque à ses côtés.»

Dans ces situations, la consigne de non-port de masque n'a pas aidé Trump à entendre ou à voir les personnes qui lui parlaient. Elle a seulement servi à signaler au public que les masques n'étaient pas nécessaires ou qu'il les désapprouvait.

Ses conseillers ont craint pour sa vie

Le 29 septembre, peu de temps avant qu'il ne soit officiellement testé positif, Trump s'est rendu à Cleveland pour un débat avec Joe Biden. Certaines présomptions permettent d'avancer qu'il se doutait alors, ou aurait dû se douter, qu'il était probablement déjà contaminé. Le livre révèle une citation compromettante.

Après avoir rencontré des familles de militaires à la Maison-Blanche le 27 septembre, Trump a confié à son équipe: «Si ces gens avaient le Covid, je vais l'avoir parce qu'ils m'ont collé.» Cette remarque, associée à ses symptômes de plus en plus nombreux, laisse entendre qu'il a sciemment mis Joe Biden et d'autres en danger lors du débat.

Trump a été sauvé par des mesures qu'aucune personne normale ne se verrait jamais proposer.

Plus possible de dissimuler

Une fois que le test de Trump s'est avéré positif, il n'a plus été possible de dissimuler qu'il était infecté. Mais il pouvait encore cacher la gravité de son état, et c'est exactement ce qu'il a fait. Les auteurs racontent qu'il n'a accepté de se rendre au Walter Reed Medical Center que lorsque ses conseillers lui ont donné le choix suivant:

  • soit il y allait en marchant tout seul jusqu'à son hélicoptère,
  • soit il devrait sans doute y être amené en fauteuil roulant plus tard, auquel cas «il serait impossible de dissimuler son état».

Trump était déjà sous traitement à la Maison-Blanche, donc sa réticence à se rendre à l'hôpital n'était pas un problème de courage. C'était une question d'orgueil et de supercherie. C'est la raison pour laquelle ses conseillers lui ont présenté les choses sous cet angle.

Dissimuler à tout prix la gravité de la maladie

Trump a été beaucoup plus gravement malade que lui ou la Maison-Blanche ont bien voulu le reconnaître. La saturation en oxygène dans le sang est normalement comprise entre 95 et 100%. Or, à en croire le livre, le niveau de Trump est descendu à 80 et quelques.

Ses conseillers ont craint pour sa vie et les médecins lui ont administré une flopée de traitements expérimentaux qui avaient rarement été associés jusque-là.

Il a été sauvé par des mesures qu'aucune personne normale ne se verrait jamais proposer: des médicaments d'avant-garde très rares, une surveillance ainsi que des conseils prodigués par les meilleurs médecins du pays, et un appel téléphonique direct à la FDA afin d'obtenir l'autorisation pour une toute nouvelle thérapie.

«Une fois que vous l'avez, après ça va mieux»

Rien de surprenant que le président des États-Unis ait été l'objet de soins extraordinaires. Mais lorsqu'on lit les détails de ce qu'il a fallu pour le garder en vie, se repasser ce qu'il a déclaré en public par la suite a de quoi susciter une certaine consternation.

En revenant de Walter Reed -alors qu'il était «probablement toujours contagieux», soulignent les auteurs- il a ôté son masque d'un air de défi devant les caméras et «il est entré à grands pas dans la Maison-Blanche en passant devant le personnel», l'exposant ainsi potentiellement au virus. Ensuite, il a enregistré une vidéo dans laquelle il expliquait aux Américains que sa guérison prouvait qu'ils n'avaient pas de raison de craindre le virus.

«N'ayez pas peur de lui. Vous allez le battre, les y assurait-il. Nous avons les meilleurs traitements... Sortez de chez vous.»
Donald Trump

Je vais parfaitement bien, merci

Trois jours plus tard, Trump a donné sa première interview depuis sa maladie. Il a déclaré se sentir «parfaitement bien» et avoir l'intention de reprendre très vite ses meetings de campagne. La leçon à tirer de sa contamination, a-t-il expliqué aux téléspectateurs de Fox News, était qu'il ne servait à rien de prendre des précautions -étant donné que même le président avait été infecté- et qu'il n'y avait pas de quoi se faire du souci à cause du virus.

«Peu importe le niveau de sécurité, vous ne pourrez pas vous protéger de ce truc, a-t-il conclu, à moins que vous ne sortiez littéralement pas de chez vous.»

D'ailleurs, il a même avancé que ceux qui restaient chez eux au lieu de se rassembler avec d'autres personnes étaient tout aussi susceptibles, voire plus, de tomber malades, et souligné que certains politiciens qui portaient des masques avaient quand même été contaminés

«Vous attrapez ce truc. Une fois que vous l'avez, après ça va mieux. Et ensuite vous êtes immunisé. Je pense que je m'en serais très bien tiré sans médicaments.»
Donald Trump

En tant que résident de la Maison-Blanche, Trump a mis en danger tout son entourage. En tant que président, il s'est ingéré dans tous les aspects de la gestion de la pandémie par le gouvernement et a participé à alimenter un bilan qui avait dépassé les 200'000 morts lorsque le virus l'a rattrapé.

Malgré cela, les États-Unis -leurs meilleurs médecins et leurs meilleurs traitements- lui ont sauvé la vie. En retour, il a montré sa gratitude non pas en préconisant aux Américains de tirer des leçons de ses erreurs, mais en les encourageant à imiter son imprudence. Depuis, la maladie a fait 400'000 victimes supplémentaires.

Cet article a été publié initialement sur Slate. Watson a changé le titre et les sous-titres. Cliquez ici pour lire l'article original

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