La prochaine audition de la commission chargée de faire la lumière sur les événements du 6 janvier 2021 – l'assaut du Capitole des États-Unis par des milliers d'émeutiers radicaux – aurait dû avoir lieu en juillet. Mais une nouvelle réunion a été fixée à la dernière minute ce mardi 28 juin à 19 heures, heure suisse. Le thème de cette audition? Il n'a pas encore été dévoilé. La chose tout à fait inhabituelle à Washington? Rien n'a filtré jusqu'à présent. La seule chose que l'on sait, c'est qu'un nouveau témoin doit intervenir.
Les spéculations vont donc bon train. John Dean, un ancien témoin à charge dans le scandale du Watergate, a twitté:
BETTER BE A BIG DEAL: There was only one surprise witness during the Senate Watergate Committee hearings. On July 16, 1973 an unannounced witness appeared: Alex Butterfield, who testified to Nixon’s secret taping system — forever changing history!
— John W. Dean (@JohnWDean) June 27, 2022
Bien sûr, des noms circulent déjà. Voici nos hypothèses concernant l'identité du mystérieux interlocuteur:
Ancienne employée de Mark Meadows, le dernier chef de cabinet de l'ex-président, elle avait déclaré à l'époque que Donald Trump avait affirmé, pendant la tempête au Capitole, que Mike Pence «méritait d'être pendu». D'autres députés du Grand Old Party ont confirmé ces propos. Ils ont ensuite demandé pardon à l'ancien chef d'Etat, afin d'être protégés contre d'éventuelles poursuites judiciaires.
Jusqu'à présent, Mike Pence ne s'est pas exprimé sur les événements du 6 janvier. S'il devait être le mystérieux témoin, ce serait effectivement une sensation.
La commission d'enquête a aussi demandé à l'épouse du juge suprême Clarence Thomas de témoigner. La femme est une grande partisane de Donald Trump. Elle était sur place le 6 janvier et a échangé plusieurs courriels avec le chef de cabinet Mark Meadows.
Le ministre de la Justice Merrick Garland a lui aussi été actif ces derniers jours. Des fonctionnaires de son département ont confisqué l'iPhone du juriste John Eastman et l'ont forcé à l'ouvrir avec la reconnaissance faciale. Ce dernier avait élaboré un plan permettant au vice-président Mike Pence de renverser, au dernier moment, le résultat des élections en faveur de Donald Trump. Le plan avait échoué parce que Mike Pence a refusé de jouer le jeu.
L'homme est un ancien fonctionnaire de la justice que Donald Trump voulait nommer – au dernier moment – comme ministre de la justice provisoire. Il n'avait toutefois aucune compétence en la matière.
Il avait par exemple envoyé une lettre aux Swing States, dans laquelle il expliquait que le Ministère de la Justice avait «reçu des informations sur des fraudes électorales et qu'il enquêterait sur celles-ci». Conséquence? Les votes des électeurs de Joe Biden n'auraient ainsi pas dû être certifiés. Ce plan a échoué parce que les dirigeants du Ministère de la Justice ont menacé d'un exode massif.
En sixième position, nous avons l'ancien avocat de Donald Trump. Ce dernier a annoncé, de manière théâtrale dimanche 26 juin dernier, qu'il avait été «agressé» alors qu'il venait soutenir son fils lors de sa campagne électorale, dans un centre commercial de Staten Island.
“He hit me to knock me down. If that doesn’t merit jail time in New York, we’re in the Wild, Wild West,” said Rudy Giuliani. Now watch the video. “Falsely reporting an incident” is a crime. Punishable by up to a year in jail.pic.twitter.com/t78lrZjERk
— Scott Hechinger (@ScottHech) June 27, 2022
L'incident a été filmé par une caméra de surveillance. Il s'est avéré que Rudy Giuliani avait été légèrement poussé par un passant.
Pour terminer, la commission d'enquête est entrée en possession des séquences d'un documentaire britannique, mandaté par la famille Trump. L'équipe de tournage était donc sur place le 6 janvier 2021, dans le cercle proche de l'ex-président.
John Eastman et Jeffrey Clark ont tous les deux été cités comme témoins par la commission d'enquête. Les hommes ont invoqué le cinquième amendement de la Constitution américaine, qui accorde à un témoin le droit de garder le silence afin de ne pas s'incriminer lui-même. Or, invoquer cet amendement revient à reconnaître implicitement sa culpabilité.
A la fin de la dernière audition, Liz Cheney, la vice-présidente de la commission, s'est adressée aux partisans de Donald Trump:
Ce message semble avoir été entendu et les dernières auditions ont eu un impact. Rich Lowry, le rédacteur en chef du magazine conservateur National Review, a déclaré au Financial Times:
Les conséquences et les effets des auditions démontrent la préparation professionnelle de la commission. Comment? Grâce aux services de James Goldstein, un ancien chef d'ABC News. Avec son équipe, il a veillé à ce que les événements du 6 janvier soient traités de manière compréhensible et passionnante.
Mais Donald Trump ne doit pas seulement craindre de nouvelles révélations de la commission. Il a également des ennuis avec l'autorité de surveillance des marchés financiers (SEC) et devra peut-être mettre une croix sur une grosse somme d'argent. En effet, l'homme d'affaires avait prévu d'encaisser près d'un milliard de dollars lors d'une introduction en bourse de la fusion entre Trump Media & Technology Group et Digital World Acquisition Corp. Cependant, afin d'enquêter sur d'éventuelles irrégularités, la SEC a provisoirement bloqué cette transaction.
A l'origine de cette fusion? Truth Social, le réseau social lancé par Donald Trump. Mais le succès de la plateforme est pour l'instant mitigé.