Ce mardi, la Finlande rejoint officiellement l'Otan. «C'est vraiment une journée historique», a commenté le chef de l'alliance militaire atlantique, Jens Stoltenberg.
Le pays nordique avait exprimé sa volonté de rejoindre l'Otan à la suite de l'invasion russe de l'Ukraine. C'est désormais chose faite. Il s'agit du processus d'adhésion «le plus rapide» de l'histoire récente de l'alliance, s'est par ailleurs félicité Stoltenberg. Et il faut dire que la Finlande avait un argument imparable pour la draguer: son armée.
A première vue, ça ne s'annonce pas particulièrement impressionnant. En 2020, la Finlande consacrait 1,5% de son PIB aux dépenses militaires, selon les données de la banque mondiale. C'est plus que la Suisse (1%), mais moins que la France (2,1%) ou le Royaume-Uni (2,2%).
Et pourtant, rappelle l'Express, Helsinki possède l'une des armées les plus puissantes d'Europe. Voici pourquoi.
Tout d'abord, la Finlande peut compter sur une armée étonnement nombreuse. Et ce, malgré sa très faible population - environ 5,5 millions de personnes, soit 3 millions moins que la Suisse. Concrètement, ses troupes se composent de:
A titre de comparaison, la France (67 millions d'habitants) dispose de 206 317 militaires opérationnels et de quelque 35 000 réservistes. L'Allemagne (83 millions d'habitants) peut compter sur 182 873 soldats actifs et 20 000 réservistes.
Même en chiffres absolus, l'armée finlandaise paraît plus que respectable par rapport à celles des puissances voisines, et encore plus si l'on considère le nombre de soldats par habitant. Pourquoi? Depuis la fin de la guerre froide, la plupart des pays européens ont réduit leurs effectifs en faveur d'armées petites, mais hautement spécialisées, expliquent deux experts finlandais dans un article publié dans la Texas National Security Review. Pas la Finlande.
Le pays a gardé une stratégie plus vieille-école: sa défense est basée sur la conscription, c'est-à-dire le service militaire obligatoire. C'est également le cas de la Suisse, mais ce système est très rare: seule une quinzaine de pays l'appliquent dans le monde, dont quatre en Europe.
Si le pays scandinave a opté pour cette stratégie, c'est à cause de sa situation particulière, poursuivent les experts: le pays a une population petite, mais s'étend sur un territoire assez large, sa surface est en effet similaire à celle de l'Allemagne (338 440 km2). Le système de conscription permet de fournir un gros réservoir d'hommes dans lequel puiser en cas de nécessité.
L'armée finlandaise dispose d'un autre atout de taille: un équipement moderne et technologiquement avancé. En effet, au cours de ces dernières années, Helsinki a passé commande auprès de plusieurs pays. Les achats les plus importants comprennent:
La marine a également été renforcée. Les navires de classe Hamina ont été modernisés il y a quelques années et les capacités de guerre sous-marine ont été améliorées.
Actuellement, Helsinki est en train de remplacer plusieurs navires plus anciens par quatre corvettes multirôles modernes de classe Pohjanmaa, qui seront construites en Finlande et seront opérationnelles pendant toute l'année.
Il y a un dernier point, peut-être moins concret, mais tout aussi central et dont l'importance a, par ailleurs, été démontrée ces derniers mois en Ukraine: la volonté de la population. A ce propos, le chercheur finlandais Heljä Ossa avait expliqué au Monde:
L'ombre de l'histoire serait toujours bien présente dans le pays. Les Finlandais n'ont pas oublié qu'ils doivent leur indépendance à la résistance farouche opposée contre les Soviétiques pendant la Deuxième guerre mondiale, rappelle l'Express.
Contrairement à d'autres Etats, le système de conscription jouit d'un large soutien au sein de la population, affirment les experts finlandais. Il ne faut pas oublier que le pays partage une frontière de 1340 kilomètres avec la Russie. Le danger n'est, du moins géographiquement, pas très loin.
Cet article a initialement été publié le 18 mai 2022