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«Responsabilités accablantes» de la France dans le génocide Rwandais

«Responsabilités accablantes» de la France dans le génocide Rwandais

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Par ses accointances avec le régime en place, comme par sa lenteur d'intervention, la France, et surtout François Mitterand, portent leur part de responsabilités dans la tragédie des années 90.
26.03.2021, 19:2628.03.2021, 17:05
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La France «est demeurée aveugle face à la préparation» du génocide des Tutsis du Rwanda de 1994, qui a fait 800'000 morts, et porte des «responsabilités lourdes et accablantes» dans la tragédie. C'est ce qu'indiquent les conclusions du rapport d'une commission d'historiens publié vendredi.

Ce rapport très attendu, remis au président Emmanuel Macron, pointe dans ses conclusions «la faillite de la France au Rwanda» entre 1990 et 1994, et son «aveuglement» face à la dérive génocidaire du régime «raciste, corrompu et violent» du président hutu Juvénal Habyarimana. Et ce, «en dépit des alertes lancées depuis Kigali, Kampala ou Paris».

Le document consulté par l'AFP avant sa publication officielle insiste sur la responsabilité cruciale du président socialiste de l'époque, François Mitterrand, dans cette politique.

Les points capitaux soulevés par le rapport:

  • François Mitterrand entretenait «une relation forte, personnelle et directe» avec Juvénal Habyarimana
  • livraison en quantités considérables d'armes et de munitions au régime d'Habyarimana
  • implication très grande des militaires français dans la formation des Forces armées rwandaises» gouvernementales
  • «existence de pratiques irrégulières d'administration, de chaînes parallèles de communication et même de commandement, de contournement des procédures légales, d'actes d'intimidation»
  • Au moment du génocide, la France «a tardé à rompre» avec les responsables
  • «Elle a réagi tardivement» avec l'opération militaro-humanitaire Turquoise entre juin et août 1994, «qui a permis de sauver de nombreuses vies, mais non celles de la très grande majorité des Tutsis du Rwanda exterminés dès les premières semaines du génocide»

Même si les relations entre Paris et Kigali se sont détendues avec l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron en 2017, le rôle de la France au Rwanda, longtemps accusée de «complicité» de génocide par Kigali, reste un sujet explosif depuis plus de 25 ans. Il est aussi l'objet d'un débat violent et passionné entre chercheurs, universitaires et politiques. (ats/afp)

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