La nouvelle a inquiété de nombreuses personnes en Allemagne cette semaine. Samedi, l'approche d'un avion militaire russe aurait mis l'armée de l'air allemande en état d'alerte. Deux jets de combat Eurofighter ont intercepté l'avion de reconnaissance russe lors de l'incident alors qu'il se trouvait encore dans l'espace aérien international au large de l'île de Rügen. L'armée de l'air l'aurait ensuite détourné de sa trajectoire.
Un jour plus tôt, vendredi soir, un avion à hélices de l'armée russe avait déjà violé l'espace aérien du Danemark et de la Suède. Selon la chaîne de télévision SVT, le ministre suédois de la Défense Peter Hultqvist a déclaré que cette violation de l'espace aérien était «très inappropriée», au vu de la «situation générale en matière de sécurité». L'ambassadeur de Russie a été convoqué.
Les questions se bousculent: une nouvelle vague de tension est-elle en train de commencer, parallèlement, à la guerre en Ukraine? Et quel est l'objectif de la Russie avec ces manœuvres?
De l'avis des experts, les manœuvres ne sont en tout cas pas une source d'inquiétude immédiate. Un porte-parole du ministère de la Défense a qualifié le dernier incident de «pure routine». Il n'y a pas eu de violation de l'espace aérien allemand. L'armée de l'air n'a fait que montrer sa présence à titre préventif. Un exercice de l'armée allemande a commencé lundi autour de Rügen. On peut imaginer qu'il y a tout de même un lien.
Même en temps de paix, des incidents comme ceux-là se sont produits ces dernières années. Trois exemples:
L'ancien général de l'Otan Erhard Bühler a déclaré dans son podcast sur la chaîne de télévision allemande MDR:
En 2020, l'Otan a par exemple fait état de 350 interventions de ce type.
Les jets russes peuvent choisir de pénétrer dans l'espace aérien étranger ou de survoler la mer Baltique avec un transpondeur désactivé. Les deux cas de figure sont également dangereux pour le trafic aérien civil, car les données d'altitude ne sont pas transmises. Les autres avions ne peuvent donc pas les éviter.
L'Otan aurait notamment déployé des unités en Estonie et en Lituanie pour faire face à de tels cas. Ceci s'est fait en accord avec la Finlande et la Suède qui ne sont pas membres de l'Otan. Des soldats allemands et des avions Eurofighter font également partie de ces unités. Les «lancements d'alerte» sont coordonnés depuis une base de l'OTAN en Allemagne. Erhard Bühler détaille:
Souvent, les incidents ne durent que quelques minutes et ne sont connus que plus tard, voire pas du tout. Ils ont pour but de tester la capacité de réaction et de fournir à la Russie des informations sur les mécanismes de défense d'autres Etats ou de l'Otan.
Ils doivent toutefois être considérés comme des menaces, comme le montre un incident survenu début mars en Suède: parallèlement aux premiers jours de guerre en Ukraine, quatre avions de combat russes, qui pourraient être armés de missiles nucléaires d'après les photos, ont pénétré dans l'espace aérien suédois au large de Gotland. «Il pourrait s'agir d'un signal du Kremlin», expliquait alors l'ex-général de l'OTAN Erhard Bühler. Selon lui, l'armement serait plutôt peu fréquent. Il pourrait s'agir de fausses armes.
Le message est clair: ne vous frottez pas à la Russie, puissance nucléaire. Au même moment, la Finlande et la Suède organisaient un exercice commun en mer Baltique. En réaction à l'agression russe en Ukraine, ces deux Etats jusqu'alors neutres envisagent de rejoindre l'alliance militaire occidentale Otan, au grand dam de la Russie.
Erhard Bühler est certain que les violations permanentes de l'espace aérien russe sont approuvées ou ordonnées par le président Vladimir Poutine. Parfois, les pilotes oublient effectivement d'allumer le transpondeur ou de régler la bonne fréquence radio, a-t-il rapporté.