A Port-au-Prince, un portrait du président assassiné en juillet dernier, Jovenel Moïse.Image: sda
44 personnes, dont 18 Colombiens et deux Américains d'origine haïtienne, ont déjà été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de Jovel Moïse.
15.09.2021, 05:3115.09.2021, 14:58
Menace d'inculpation contre limogeage: l'enquête sur l'assassinat, en juillet, du président haïtien a de nouveau tourné à la confusion, mardi, exposant au grand jour les luttes intestines à la tête du pays le plus pauvre des Amériques.
Le procureur réclame l'inculpation du premier ministre, les images:
Un coup de théâtre
- Le chef du parquet de Port-au-Prince, la capitale d'Haïti, a demandé, dans la matinée, au juge enquêtant sur le meurtre du président Jovenel Moïse d'inculper le premier ministre, en raison d'appels téléphoniques qu'il aurait eus avec l'un des principaux suspects dans l'affaire.
- Bed-Ford Claude, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince - équivalent du procureur - a aussi exigé qu'Ariel Henry soit interdit de quitter le territoire haïtien «en raison de la gravité des faits exposés». Il avait assuré disposer de suffisamment d'éléments compromettants.
- Mais quelques heures plus tard, coup de théâtre: le premier ministre annonce limoger le procureur pour «faute administrative grave». Ce nouveau rebondissement s'ajoute à l'immense chaos qui règne dans l'enquête sur l'assassinat, le 7 juillet, de Jovenel Moïse par un commando armé.
44 personnes ont déjà été arrêtées dans cette enquête
44 personnes, dont 18 Colombiens et deux Américains d'origine haïtienne, ont déjà été arrêtées dans le cadre de l'enquête sur ce meurtre, commis à son domicile sans qu'aucun policier de sa sécurité rapprochée ne soit blessé.
«Ce sont des actes grotesques et des actes politiques»
Samuel Madistin, avocat d'une organisation de défense des droits humains
Rapidement, certains spécialistes du droit se sont alarmés de la mainmise de politiques sur la justice, voyant dans la démarche du procureur une entrave à l'indépendance de cette institution. Certains dans les cercles du gouvernement avaient en effet appelé ces derniers jours à la démission du premier ministre.
Des conversations téléphoniques suspectes
Le procureur avait lancé la première estocade, vendredi, en demandant au chef du gouvernement de se présenter au parquet, afin de s'expliquer dès mardi sur les conversations téléphoniques qu'il aurait eues avec l'une des personnes activement recherchées.
«Les vrais coupables, les auteurs intellectuels et les commanditaires de l'assassinat odieux du président Jovenel Moïse seront trouvés, traduits en justice et punis pour leur forfait»
Le premier ministre, Ariel Henry
Comme Joseph Félix Badio, ancien cadre de l'unité de lutte contre la corruption, qui aurait été géolocalisé dans le quartier où se situe la résidence privée de Jovenel Moïse, lors des appels passés à Ariel Henry à 4h03 puis 4h20 la nuit de l'attentat.
Le lendemain, le premier ministre avait dénoncé la démarche du procureur, la qualifiant de diversion «pour semer la confusion et empêcher la justice de faire sereinement son travail». (ats/jch)
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