Ce nouveau variant se propage à une vitesse plutôt inhabituelle et présente des mutations inquiétantes. Les spécialistes s'inquiètent du variant Omicron BA.2.75, qui a d'abord été découvert en Inde, début juin, et détecté entre-temps dans sept autres pays, dont l'Allemagne.
«Avant même d'en avoir fini avec la vague BA.5, nous devons peut-être déjà nous préparer à la suivante», écrit sur Twitter le biologiste moléculaire Ulrich Elling, spécialisé dans le séquençage d'échantillons de coronavirus. Et d'ajouter:
Par rapport à son ancêtre, le BA.2, le variant BA.2.75 présente huit mutations au niveau de la protéine spike – chez BA.5, il n'y a que trois modifications par rapport à BA.2, selon Elling.
La protéine spike est la partie qui permet au virus de pénétrer dans les cellules humaines, et qui est à son tour reconnue par le système immunitaire. Des modifications dans cette zone peuvent faire en sorte que le virus soit moins bien reconnu par le système immunitaire. «Trois mutations peuvent déjà faire une grande différence, comme le montre BA.5», explique Ulrich Elling. «Les onze mutations de BA.2.75 au total pourraient donc déclencher une nouvelle vague d'infection, car une infection par BA.5 ne devrait guère protéger contre elle», conclut-il.
Selon l'institut de recherche américain Bloom Lab, ce sont surtout deux mutations du BA.2.75 qui pourraient être dangereuses: G446S et R493Q. Ainsi, G446S devrait augmenter considérablement la fuite immunitaire du variant, tandis que R493Q permettrait au virus de se lier encore plus facilement aux cellules humaines. «En comparaison, BA.4 et BA.5 échappent environ trois fois mieux au système immunitaire que BA.2», écrit le Bloom Lab sur Twitter.
Selon les chercheurs, les personnes qui ont déjà été infectées par BA.1 devraient toutefois bénéficier d'une certaine protection contre ce nouveau variant.
Au vu du faible nombre de cas de BA.2.75 recensés jusqu'à présent, on ne sait pas quel sera l'effet réel du variant sur la pandémie. Les spécialistes s'inquiètent, toutefois, de l'évolution en Inde, où la majorité des cas sont apparus jusqu'à présent. «BA.2.75 y a augmenté extrêmement rapidement pour atteindre une part de 18% de tous les échantillons séquencés», rapporte l'expert en données Mike Honey sur Twitter.
Here's the latest variant picture for India. BA.5 had begun rising, but might already be suppressed by BA.2.75. pic.twitter.com/Mm3mI6Bcaz— Mike Honey (@Mike_Honey_) July 2, 2022
Dans les Etats les plus touchés, qui sont le Madhya Pradesh et le Maharashtra, la part de BA.2.75 atteint même 21 et 25%. BA.2.75 pourrait déjà être sur le point de remplacer BA.5 en tant que variant dominant en Inde, selon Honey.
Le nombre de nouvelles infections quotidiennes a récemment fortement augmenté à nouveau en Inde, passant de moins de 3000 à plus de 18 000 cas début juillet. Néanmoins, on ne sait pas s'il s'agit du BA.2.75, car cette variante n'est pas encore recensée individuellement.
Ce qui est également inhabituel chez le BA.2.75, c'est qu'avec lui, un variant de deuxième génération se propage à l'échelle mondiale. Jusqu'à présent, seuls les variants qui se distinguaient nettement de leurs prédécesseurs sur le plan génétique y étaient parvenus. «Le fait qu'un variant de deuxième génération s'impose dans la transmission est alarmant», écrit le virologue Shay Fleishon sur Twitter. «Cela signifie que même si BA.2.75 ne parvient pas à s'imposer, un autre variant de deuxième génération pourrait y parvenir».
Outre l'Inde et l'Allemagne, le BA.2.75 a été détecté jusqu'à présent au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Institut Robert Koch ne se sont pas encore prononcés à ce sujet. Les autorités sanitaires britanniques, elles, surveillent de près le BA.2.75, mais ne l'ont pas encore classé comme préoccupant.
Traduit et adapté de l'allemand par sia.