Le cessez-le-feu de quatre jours à Gaza est en vigueur depuis vendredi matin, 6 heures. L'échange d'otages de l'organisation terroriste Hamas contre des prisonniers palestiniens a commencé ce vendredi dans l'après-midi. L'accord est qualifié d'historique – et pourtant, il a failli échouer tout près du but comme l'ont révélé des informations internes.
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Selon le New York Times, il y a d'abord eu des problèmes de communication avec les dirigeants du Hamas à Gaza, car la liaison avec la zone de guerre était sans cesse interrompue. Puis – alors qu'en principe tout était déjà réglé – les soldats israéliens ont conquis l'hôpital al-Shifa dans la ville de Gaza, sous lequel ils continuent de soupçonner un centre de commandement du Hamas. «A ce stade, tout a failli s'écrouler», a déclaré un responsable égyptien à l'agence de presse AP:
«Les échanges se sont arrêtés», a déclaré au Spiegel un haut responsable du gouvernement américain qui a participé aux négociations. «Le Hamas a tout simplement cessé de communiquer.»
Ce n'est qu'au bout de deux jours que la communication a été rétablie, rapporte le journal allemand. Le président américain Joe Biden a dû lui-même décrocher son téléphone. L'appel de Biden et de l'émir du Qatar, Tamim bin Hamad Al Thani, a finalement débouché: quatre jours plus tard, le lundi, le président américain a rendu l'accord public.
Les discussions ont apparemment commencé juste après l'attaque brutale du Hamas contre Israël et l'enlèvement d'environ 240 otages. Le gouvernement du Qatar s'est adressé à la Maison-Blanche avec des informations sur les otages et a indiqué à l'Administration américaine des pistes pour une éventuelle libération, rapporte le New York Times. Le Qatar entretient de bons contacts avec les Etats-Unis, mais il abrite aussi des dirigeants du Hamas sur son territoire.
Un petit groupe de travail composé de Qataris, d'Américains et d'Israéliens a alors été convoqué. Apparemment, côté américain, seules quelques personnes autour de Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale de Biden, étaient au courant des négociations. Le Spiegel parle d'une «cellule secrète».
Selon le New York Times, Brett McGurk, le coordinateur de Biden pour le Proche-Orient, a alors téléphoné chaque matin à l'émir du Qatar. Il informait ensuite son chef Sullivan, qui contactait à son tour son chef, le président. Ensuite, la Washington transmettait des informations aux Israéliens.
La libération de deux otages américains était apparemment un test pour l'opération plus importante qui allait suivre, écrit le Spiegel. Sullivan et McGurk auraient suivi le retour des deux femmes en direct de la Maison-Blanche via une ligne sécurisée. Les négociations ont ensuite pris de l'ampleur: Biden a téléphoné plus d'une douzaine de fois à Netanyahou. Le chef de la CIA, William Burns s'est rendu au Proche-Orient et a rencontré son homologue du Mossad.
Un accord aurait pu être conclu dès le 25 octobre, il y a donc un mois: le Hamas était apparemment prêt à libérer des femmes et des enfants en échange d'un report par Israël de son offensive terrestre vers Gaza. Israël a, toutefois, estimé que l'accord n'était pas assez solide. Ainsi, le Hamas n'avait pas fourni de preuves que les otages étaient encore en vie.
Au lieu de l'annuler complètement, Israël a apparemment planifié l'offensive de manière à ce qu'elle puisse être interrompue à tout moment – en cas d'accord, comme le rapporte le New York Times en se référant à des membres du gouvernement américain. Israël aurait ainsi insisté sur la libération de toutes les femmes et de tous les enfants.
Mi-novembre, le Hamas a proposé le chiffre de 50 otages. Israël en a exigé davantage. Selon le New York Times, Biden a fait pression sur le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour qu'il accepte l'accord – et qu'il travaille plus tard à davantage de libérations. Finalement, Netanyahou a accepté les conditions.
Lorsque les choses se sont encore gâtées sur le long chemin des négociations, Biden aurait dit à l'émir du Qatar: «Trop c'est trop». Dans les derniers mètres, les deux parties ont encore marchandé sur la durée du cessez-le-feu. Le Hamas exige cinq jours, a déclaré l'émir du Qatar au président américain lors d'une conversation téléphonique, selon le New York Times. Mais Biden a été clair: il n'est pas possible d'aller au-delà de quatre, et le Hamas devra s'y plier. C'est ce qu'il a fait.
Traduit et adapté par Valentine Zenker