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Le récap'

Garrido-Corbière: Le scandale se dégonfle, Le Point retire son article

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Garrido-Corbière: Le scandale se dégonfle, Le Point retire son article

Mercredi, un article avait figé toute la France. Raquel Garrido et Alexis Corbière, le couple star d'extrême gauche et grands pourfendeurs des inégalités, exploiteraient une «bonne à tout faire». L'hebdomadaire Le Point en était persuadé. Problème: les incohérences ont vite été pointé, les deux députés ont démenti avec fermeté et des journalistes français rappelaient que l'auteur de l'enquête a déjà été condamné à plusieurs reprises pour diffamation. Même les ennemis jurés de la France insoumise tempéraient.
23.06.2022, 12:1223.06.2022, 15:16
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Le Point a retiré son article, jeudi après-midi
Du scoop à la boule puante? Vingt-quatre heures après la publication de l'enquête qui a fait trembler le monde politique français, le directeur de la publication a annoncé, jeudi, avoir retiré l'article du site internet de l'hebdomadaire. Il présente également ses excuses au couple Garrido-Corbière. «Les vérifications complémentaires que nous avons menées nous ont révélé que des erreurs et manquements à la prudence avaient été commis» a tweeté Etienne Gernelle, directeur du Point.

Voici toute l'histoire depuis la publication de l'article

De graves accusations ont été portées par Le Point, à l'encontre du couple star de la France insoumise, Raquel Garrido et Alexis Corbière. Selon l'hebdomadaire français, le duo de députés fraîchement élus à l'Assemblée nationale aurait fait travailler une employée de maison sans titre de séjour, pour un «salaire de misère». «Pressions psychologiques» et «promesses» de régularisation en prime.

Une enquête réalisée par le journaliste Aziz Zemouri, présentée comme une «exclusivité» par son employeur et qui fait l'effet d'une bombe dans tout le pays. Problème: plusieurs zones d'ombre ont rapidement volé la lumière aux révélations du média parisien. Et ce sont les réseaux sociaux qui, dans un élan plutôt rare dans ce type de révélations, ont rapidement souligné les incohérences du récit. Dans le lot des gens qui doutaient, plusieurs journalistes connus de la place médiatique hexagonale.

Les deux députés incriminés, élue pour l'une, réélu pour l'autre, ont démenti immédiatement, avec précision et fermeté, reprenant chacune des accusations émises par Le Point pour les ponctuer d'un «C'est faux». Le titre du communiqué n'est pas moins concis. «Article du Point: Tout est faux!»

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Rejoints physiquement au Palais Bourbon par deux journalistes de Libération, dans l'après-midi de ce mercredi 22 juin, Raquel Garrido et Alexis Corbière démentent une nouvelle fois et indiquent qu'ils «laissent leur avocat riposter judiciairement». Dans les couloirs de l'Assemblée nationale, ils s'avouent très vite «abasourdis». «N'en reviennent pas.» Et cette femme de ménage alors, leur demandent les deux journalistes:

«Nous n’en avons pas. Venez à la maison, tout est en désordre»
Raquel Garrido à Libération.

Le Point parle, lui, de «bonne à tout faire». «Une Algérienne de 36 ans, arrivée en France en 2008 grâce à un visa étudiant», qu'on peut lire sous la plume de l'auteur. Selon l'enquête, la propre fille de Raquel Garrido aurait été contrôlée par la police en compagnie de cette femme. Libération écrit: «Ils s’interrogent et cherchent des scénarios. Les mots "piège" et "folie" reviennent souvent.» Le journaliste, Aziz Zemouri, maintient la version qu'il a déversée sur le turbulent paysage politique français comme une coulée de lave.

«La photo de profil ne correspond pas»

Si l'article ne dévoile pas visuellement de preuves, c'est sur son compte Twitter que l'auteur a décidé, curieusement, de poster des captures d'écran d'échanges SMS supposés, entre Raquel Garrido et cette femme. Un premier cliché légendé «La femme de ménage réclame son "salaire" à Raquel Garrido» a ouvert tout grand le robinet de la méfiance.

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Ce n'est pas tant le message de l'élue LFI, ou même le smiley inquiet pour seule réponse, qui étonne la communauté de Twitter. Mais la photo de profil de la députée. Première incohérence notée par plusieurs journalistes et internautes: le mauvais calibrage du portrait, qui dévoile une petite ligne noire sur le dessus. «Mauvais photoshop.», «C'est une erreur typique quand on essaie de coller rapidement une photo sur une autre.»

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Olivier Tesquet, écrivain et journaliste pour le magazine Télérama, y va lui aussi de ses doutes: dans les différentes captures d'écran dévoilées par l'auteur de l'enquête, les photos de profil de Raquel Garrido ne correspondent pas totalement.

WhatsApp? eMessage? Google? Telegram?

En l'espace de quelques minutes, plusieurs journalistes français, armés de leurs propres captures d'écran, dévoilent chacun leur tour les détails de ce qu'ils possèdent dans leur téléphone au sujet des coordonnées de Raquel Garrido. Que ce soit sur WhatsApp, eMessage, Google, ou encore Telegram, aucune photo de profil ne semble correspondre à celle que l'on retrouve sur les échanges présumés et présentés sur Twitter par le journaliste du Point.

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Un 2e échange, autre méfiance:

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La syntaxe aléatoire dans les SMS supposés de la députée de la France insoumise fait tiquer. Raquel Garrido, une ex-avocate inscrite au barreau de Paris, spécialisée dans le droit de la presse et enseignante, notamment, à l'université de Nanterre en droit civil, «ne peut pas faire autant de fautes d'orthographe».

Même leurs ennemis jurés tempèrent

La France insoumise, menée par un Mélenchon aussi conquérant qu'omniprésent, a beaucoup agacé ses opposants politiques depuis la fin de la présidentielle et la création, dans la foulée, de la très médiatisée alliance de gauche. Depuis, cette Nupes a fait son chemin jusqu'aux législatives, puis à l'Assemblée nationale et compte bien ne pas la mettre soudain en veilleuse.

A la publication de l'enquête du Point, mercredi après-midi, les ennemis les plus vifs et réactifs ont fait ce qu'on attendait d'eux sur les réseaux sociaux avant de.... refroidir la flèche de leur lance. L'ambiance générale? «Qu'importe les désaccords politiques, ne fonçons pas tête baissée». A l'image du président du Printemps républicain, Amine El-Khatmi, rarement en reste lorsqu'il faut donner un petit coup de coude dans le flanc gauche.

Idem avec Raphaël Enthoven. Après avoir étrillé le couple toute la soirée dans une série de tweets, le prolifique philosophe a reculé d'un bon pas jeudi matin.

L'affaire Luc Besson

Enfin, et c'est peut-être ce qui chatouille encore plus fortement les observateurs, le journaliste Aziz Zemouri s'est retrouvé plusieurs fois devant la justice et a perdu. La dernière affaire en date concernait Luc Besson. L'actrice Sand Van Roy accusait le cinéaste de viols et agressions sexuelles et avait obtenu la condamnation pour diffamation de l'hebdomadaire Le Point , mais aussi du journaliste en question, pour l'avoir qualifiée de «call-girl».

En 2015, Bernard Tapie a également remporté une bataille judiciaire contre l'hebdomadaire (et Aziz Zemouri), dans le cadre du dossier de l'arbitrage du Crédit lyonnais à propos de la revente d'Adidas. Selon l'article en question, l'homme d'affaires, décédé depuis, aurait «téléphoné à un tiers en lui demandant de récupérer des documents sensibles». Un échange téléphonique «nullement établi», selon les juges de l'époque.

Enfin, en 2010, Le Point s'était fait carrément piéger dans le cadre d'un sujet sur l'immigration. Dans ce dossier, la présence de l'interview d'un couple polygame qui, en réalité, n'existait pas. Plus tard, l'hebdomadaire s'était d'ailleurs longuement expliqué à ce sujet.

Le dossier en question

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