«La perte de mon mari est tout pour moi. Il était mon protecteur.» La Cour d'appel de Kiev a beau être plus grande que le petit tribunal qui a accueilli, mercredi, la première session du procès, les places sont toujours chères. Hier, Vadim Chichimarine, sous-officier russe de 21 ans, accusé d'avoir abattu un homme en février dernier, a plaidé coupable. Les chefs d'accusation: crime de guerre et meurtre avec préméditation.
Jeudi, en fin de matinée, le prévenu a été confronté à la veuve de sa victime. Et c'est déjà l'un des moments les plus intenses de ce procès historique.
Elle s'appelle Katerina Chelipova. Son mari, un «conducteur de tracteur», un «civil inoffensif», s'est écroulé sous les balles à quelques pas du foyer familial, le 28 février 2022. La femme dit avoir entendu des coups de feu et aperçu la silhouette de Vadim avec une arme à la main. «Après, j'ai découvert le corps de mon mari.»
La veuve de la victime a ensuite tenté de combler son incompréhension et sa colère en noyant l'accusé de questions.
Debout dans sa cage en verre, le jeune sergent a (re)donné sa version des faits, connue depuis son arrestation, à savoir qu'il agissait sur les ordres d'un autre soldat. Mais avec quelques nouvelles précisions et en admettant que cet autre soldat n'était pas un supérieur. Vadim ne voulait pas tuer Oleksandr, le mari de Kateryna. «J'ai d'abord refusé de tirer. Mais j'ai ensuite été contraint et menacé. On m’a dit d’un ton ferme de tirer, que si je ne le faisais pas, nous serions en danger. Que ce monsieur au téléphone allait nous dénoncer.»
Russian soldier Vadim Shishimarin, who is facing a war crimes trial, was confronted by the widow of the unarmed 62-year-old Ukrainian man he's accused of shooting and killing: "I apologize for everything I have done." https://t.co/N9jEIuvKwF pic.twitter.com/WYtGLY1Mul
— CBS News (@CBSNews) May 19, 2022
Le soldat a ensuite adressé des mots à la veuve de sa victime. «Pardon. Je sais que vous ne pourrez pas me pardonner. Je ne voulais pas tuer votre mari.» Vadim Chichimarine a précisé, enfin, qu'en s'engageant dans l'armée russe, il ne s'attendait pas à devoir faire la guerre.
Avant de s'engager sous les drapeaux russes, Vadim travaillait dans un atelier de réparation de pneus à Moscou. Sa mère, qui est restée en Russie, parle d'un enfant normal, qui a réussi sa scolarité et qui s'ennuyait un peu.
Interviewée par Meduza (média russophone basé en Lettonie), la maman pense qu'il ne savait pas ce qui l'attendait au moment d'être appelé au front. «Mon fils m'a écrit un SMS au début de la guerre. Il m'a dit qu'il allait ne plus avoir de réseau pendant une semaine. Que certains me diront qu'il est parti en Ukraine, mais que je ne devais pas croire ces bêtises.»
Vadim Chichimarine risque la prison à perpétuité.