C'est l'une de ces guerres dont on entend parler de temps à autre, sans trop savoir de quoi il s'agit. Pourtant, le conflit au Yémen est loin d'être terminé. Les conséquences sur la population locale sont désastreuses et la pandémie n'a rien arrangé. On fait le point.
Le Yémen est situé à la pointe sud-ouest de la péninsule arabe. Il possède une frontière avec l’Arabie saoudite, l'Oman, le Djibouti, l'Érythrée et la Somalie. Le pays compte une importante minorité chiite (45% de la population).
Les hostilités commencent officiellement en 2014, mais elles s'inscrivent dans un conflit beaucoup plus large, à la fois local et suprarégional. D'abord guerre civile, l'affrontement s'internationalise à partir de 2015 et oppose les forces suivantes:
La guerre au Yémen éclate dans le sillage des printemps arabes de 2011. Assoiffés de démocratie, les Yéménites descendent dans la rue pour exiger le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 33 ans. Ce dernier finit par céder, et Abd Rabbo Mansour Hadi lui succède.
La révolte se mue en guerre civile en 2014, après l'intervention des rebelles Houthis. Ces combattants chiites, originaires de la région de Saada, dans le nord du pays, demandent plus d'autonomie depuis les années 90. Profitant de la situation chaotique, ils lancent une offensive militaire vers le sud, soutenus par une partie de l'armée yéménite.
L'avancée des rebelles est rapide. Ils s'emparent d'abord de la capitale Sanaa, puis ils marchent sur Aden, la deuxième ville du pays. En mars 2015, les Houthis prennent le pouvoir et contrôlent une large partie du territoire. Le président Hadi fuit en Arabie saoudite.
Le lendemain, l'armée saoudienne déclenche l'opération «tempête décisive», à la tête d'une coalition de neuf pays arabes, soutenue par les Etats-Unis. Cela permet au gouvernement de reprendre le contrôle d'une partie du territoire yéménite, mais la coalition n'arrive pas à chasser complètement les rebelles. Le conflit s'internationalise et s'éternise.
Avec l'intervention saoudienne, la guerre prend une dimension beaucoup plus large: Elle oppose désormais les deux plus grandes puissances régionales, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui luttent pour l'hégémonie dans le Moyen Orient.
Plus de 230 000 personnes, dont beaucoup de civils, ont perdu la vie depuis le début du conflit. Selon l'Organisation des nations unies (ONU), la guerre a provoqué la «plus grande crise humanitaire au monde». Si l'on observe les chiffres, on comprend vite pourquoi:
Cette situation désespérée a encore empiré à cause de la pandémie de Covid-19. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) rappelle que le Yémen présente l’un des taux de mortalité les plus élevés au monde, cinq fois plus haut que la moyenne mondiale. L'accès limité à l'eau potable rend impossible le geste barrière le plus simple: se laver les mains.
Pour mettre fin au conflit, l'Arabie saoudite a proposé lundi un cessez-le-feu, proposition immédiatement rejetée par les rebelles Houthis, qui multiplient les attaques en territoire saoudien. Début février, ils ont lancé une offensive vers la ville de Marib, dernier bastion gouvernemental du nord du pays.