Le 24 mars, Aung San Suu Kyi va comparaître à nouveau devant la justice. Selon la junte birmane, qui l'accuse de corruption, elle aurait touché 550 000 dollars de pot-de-vin d'un homme d'affaires.
Ce n'est que le dernier chapitre d'une longue carrière politique, souvent très difficile. On peut même dire que la privation de la liberté fait partie de son engagement. On rembobine:
La vraie carrière politique d'Aung San Suu Kyi démarre en 1988, lorsqu'elle rentre en Birmanie après un long exil au Royaume-Uni. A cet époque, une junte militaire contrôle le pays.
Inspirée par la philosophie non violente de Gandhi, elle fonde la Ligue nationale pour la démocratie (LND) et s'engage en ce sens dans le pays. L'aventure est de courte durée: Le 20 juillet 1989, elle est arrêtée les militaires et assignée à résidence. Libérée six ans plus tard, elle est à nouveau assignée à résidence en 2003. Elle y restera jusqu'à 2010.
Elle obtient son premier mandat officiel en 2012, lorsqu'elle est élue députée. L'année suivante, elle annonce son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 2015. Petit problème: la constitution ne le lui permet pas, car elle est mariée avec un étranger.
Pour contourner l'obstacle, elle devient une sorte de «super-ministre», en cumulant autant de pouvoirs qu’elle peut le faire. Pour cette raison, elle est considérée comme la dirigeante de la Birmanie de facto. Dans les faits, elle partage le pouvoir avec l'armée.
Son engagement politique en a fait une icône de la démocratie et lui a valu le prix Nobel de la Paix, en 1991. Cette image a été ternie pas la crise des Rohingyas. En 2017, 750 000 membres de cette minorité musulmane doivent fuir les exactions de l'armée birmane et se réfugient dans des camps au Bangladesh, un drame qui vaudra à la Birmanie d'être accusée de «génocide» devant la Cour internationale de justice.
Le premier février 2021, le pays vit son quatrième coup d'Etat en 63 ans. Pour Aung San Suu Kyi, l'histoire semble se répéter. Arrêtée par les militaires, elle est assignée à résidence dans la capitale Naypyidaw.
Depuis, elle a été inculpée à quatre reprises: Pour importation illégale de talkies-walkies, non respect des restrictions liées au coronavirus, violation d'une loi sur les télécommunications et incitation aux troubles publics. (asi)