De vidéos mal produites montrant des scènes d'horreur à une communication réfléchie et calibrée spécifiquement pour les réseaux sociaux. En quinze ans, la stratégie et, avec elle, le support de communication des talibans, a considérablement évolué.
Cette nouvelle communication, savamment orchestrée, ne date pas d'hier. Elle remonte à 2016. Une année qui coïncide avec la nomination d'Haibatullah Akhundzada, leader des talibans. Sur FranceInfo, Victoria Fantan, professeure à l'université américaine d'Afghanistan, décrypte:
Sur Twitter, justement, les messages d'apaisement à destination de la communauté internationale et de la population se multiplient. Dans une vidéo face cam publiée dimanche, on peut voir le mollah Baradar, chef militaire des talibans, féliciter ses troupes après la prise de Kaboul. 👇
په افغانستان کې د فتوحاتو په اړه د سیاسي مرستیال محترم ملا برادر اخوند مبارکي پيغام pic.twitter.com/jKBR5bqE0v
— Dr.M.Naeem (@IeaOffice) August 15, 2021
Dans la vidéo publiée sur Twitter, il livre un discours rassurant en expliquant que leur objectif est avant tout de «servir la nation et d'assurer la sécurité et le confort dans la vie».
Aussi, comme toute organisation qui se respecte, les talibans se sont dotés d'un porte-parole officiel, du nom de Suhail Shaheen. Michael Barry, professeur à l'université américaine de Kaboul, explique à France Info:
Ce dernier donne des interviews en anglais depuis le Qatar aux médias internationaux. Sur Twitter, il cumule plus de 360 000 abonnés et publie régulièrement, comme ici. 👇
We assure all diplomats, embassies, consulates, and charitable workers, whether they are international or national that not only no problem will be created for them on the part of IEA but a secure environment will be provided to them, Inshallah.
— Suhail Shaheen. محمد سهیل شاهین (@suhailshaheen1) August 16, 2021
Zabihullah Mujahid, également porte-parole des talibans, s'est quant à lui servi de Twitter, dimanche, pour annoncer que les talibans étaient «entrés dans la ville de Kaboul pour y assurer la sécurité».
Les talibans ont aussi récemment créé une hotline sur WhatsApp. L’objectif? «Répondre aux plaintes éventuelles des Afghans.»
La hotline a finalement été fermée mardi par Facebook, propriétaire du service de messagerie américain, en raison «de l'interdiction de comptes qui se présentent comme des comptes officiels des talibans».
Contrairement aux talibans des années 1990, ceux d'aujourd'hui font preuve d'une «plus grande sophistication politique», analyse Michael Barry, professeur à l'université américaine de Kaboul. «Ce ne sont plus les ruraux».
Pour Mohammed Fahmi, qui mène ses recherches sur la propagande djihadiste, la communication talibane est le fruit d’une «évolution historique». Il s'explique dans l'Écho:
Selon le spécialiste, cette stratégie de communication leur assure une adhésion populaire bien plus importante que lorsqu’ils étaient au pouvoir avant l’arrivée des Américains. Et pour cause: dans le pays 70% de la population a accès à un téléphone portable.