Les risques autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud de l'Ukraine «augmentent chaque jour», a assuré dimanche le maire de la ville où elle est située.
Par ailleurs, l'Ukraine a affirmé être en passe d'isoler une partie des forces russes dans la région de Kherson, après y avoir détruit ou endommagé tous les ponts existants.
«Limitez votre présence dans les rues d'Energodar! Nous avons reçu des informations sur de nouvelles provocations de la part des occupants» russes, a indiqué sur Telegram l'agence nucléaire ukrainienne Energoatom, republiant le message d'un dirigeant local d'Energodar - ville dans laquelle se trouve la centrale - resté loyal à Kiev.
«Selon les témoignages des habitants, des bombardements sont à nouveau en cours en direction de la centrale nucléaire de Zaporijjia (...). L'intervalle entre le départ et l'arrivée des tirs est de 3-5 secondes», a-t-il ajouté.
«Bien sûr, nous sommes inquiets, car la centrale nucléaire se trouve à proximité», a déclaré Viktor Shabanin, un habitant âgé de 57 ans du village de Vyshchetarasivka, situé sur l'autre rive du Dniepr face à la centrale de Zaporijjia:
En fin de journée samedi, les renseignements militaires ukrainiens avaient affirmé que «les occupants (russes) bombardent la centrale nucléaire (...) depuis le village de Vodiané, situé à proximité immédiate, sur la rive droite du Dniepr», le fleuve qui sépare les zones aux mains des Russes de celles contrôlées par les autorités ukrainiennes.
L'une des frappes a endommagé une unité de pompage et une autre «a entraîné la destruction partielle du service d'incendie responsable de la sécurité de la centrale nucléaire», selon un communiqué des renseignements militaires qui accusent également les forces russes de «préparer des provocations sous drapeau ukrainien».
De leur côté, les autorités d'occupation installées par la Russie dans les zones qu'elle a conquises dans la région de Zaporijjia ont sans surprise accusé les forces ukrainiennes d'être à l'origine de ces tirs.
Les projectiles sont tombés «dans des zones situées sur les berges du Dniepr et dans la centrale», a-t-il affirmé, sans faire état de victime ni de dégâts.
Il n'y a eu depuis aucun signe de reprise de combats, selon des journalistes de l'AFP sur place, hors le bruit de sirènes et des explosions assez lointaines.
Dans son allocution quotidienne, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un «chantage russe» autour du site nucléaire:
«Chaque jour passé par le contingent russe sur le territoire de la centrale nucléaire de Zaporijjia et les régions voisines accroît la menace nucléaire pour l'Europe», a-t-il averti, appelant à «de nouvelles sanctions contre la Russie» afin de «bloquer l'industrie nucléaire russe».
Plusieurs bombardements, dont les deux parties s'accusent mutuellement, ont visé la centrale de Zaporijjia depuis la semaine dernière, faisant craindre une catastrophe nucléaire et provoquant jeudi une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU.
Les autorités ukrainiennes, soutenues par leurs alliés occidentaux, appellent à la démilitarisation de la zone et au retrait des troupes russes qui occupent le site depuis mars.
Dans le Sud de l'Ukraine, où Kiev mène depuis plusieurs jours une contre-attaque, un député régional, Serguiï Khlan, a affirmé dimanche matin que «les seuls moyens de traverser le fleuve pour l'occupant sont des pontons près du pont Antonivski, mais ils ne pourront pas totalement répondre à leurs besoins»:
Les troupes russes se sont emparées au début de l'invasion de l'Ukraine de Kherson, sur le fleuve Dnipro, la seule capitale régionale qu'elles ont jusqu'à présent réussi à conquérir.
Une bonne nouvelle toutefois, le premier navire humanitaire affrété par les Nations unies pour transporter des céréales ukrainiennes a été chargé dimanche de 23 000 tonnes de blé et est prêt à prendre la mer, a annoncé le ministre ukrainien de l'Infrastructure, Oleksandre Koubrakov. (ats/jch)