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Marina Ovsiannikova raconte son exil lié à sa pancarte

Ukraine: comment Marina Ovsiannikova a défié Poutine
Marina Ovsiannikova avait osé ce coup d'éclat très dangereux en direct à la télévision d'Etat russe.Image: keystone
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Elle a brandi une pancarte anti-Poutine: «Mon fils m'a traitée de traîtresse»

On la connaît comme la «journaliste à la pancarte», qui a manifesté en direct contre Poutine lors d'un journal télévisé russe en mars 2022. Depuis en exil, elle a raconté à l'Express sa situation: les autorités l'ont diffamée, sa famille s'est retournée contre elle et son gouvernement la dégoûte.
10.02.2023, 16:5210.02.2023, 17:53
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Vous souvenez-vous de Marina Ovsiannikova? Cette journaliste russe avait, dans les premières semaines de la guerre, brandi une pancarte très critique du régime de Poutine en plein direct de la première chaîne nationale.

On n'avait plus eu de nouvelles de sa part depuis octobre dernier, alors qu'elle avait disparu de la circulation, à Moscou. Elle a réapparu ce vendredi matin au siège parisien de Reporters sans frontières (RSF), pour témoigner sur son expérience et évoquer la liberté d'expression.

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Pour l'occasion, la journaliste s'est confiée auprès de l'Express. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que son combat n'a pas pris fin: la pancarte, ce n'était que le commencement.

Brandir une pancarte ouvertement contre le régime de Poutine, trois semaine après le début de l'invasion... c'était un peu risqué, non?

«J’étais préparée au fait que je devrais passer plusieurs années en prison pour ma protestation»

Pourtant, la journaliste était optimiste:

«A ce moment, j’étais absolument sûre que la guerre finirait dans quelques jours»

Son objectif? Passer coûte que coûte devant la caméra.

«Ma plus grande crainte était d’être arrêtée avant d’atteindre le plateau et de pourrir ensuite dans les sous-sols de la Loubianka, le siège du FSB»

Elle avait une seule et unique porte de sortie:

«J’avais peur que personne ne soit au courant de mon geste. Lors de mon interrogatoire, j’ai compris que seule une réaction internationale pouvait me sauver»
En février 2023, à Paris.
En février 2023, à Paris.Image: keystone

Et son sauveur? Manu.

«Emmanuel Macron m’a offert l’asile politique. Lorsque Moscou l’a su, le ton de l’interrogatoire a changé»

Plutôt que de la mettre en prison, on a utilisé une autre méthode:

«Les autorités ont compris que cela pourrait provoquer des protestations. On a préféré faire en sorte que personne ne me croit et salir mon nom en déclarant que j’étais une espionne britannique»

Mais pour autant, elle s'est retrouvée très — très — seule:

«Je me suis rendu compte que personne ne me croyait. Tous mes collègues ont cessé de communiquer avec moi. La seule personne qui m’a écrit a été licenciée»

Comment les autorités l'ont-elles appris?

«Le FSB a fait une copie de ma carte SIM et a pu lire tous mes messages dans les messageries instantanées»

Elle le soutien familial?

«Mes proches ne m’ont pas soutenue. C'était très difficile»

Aïe. C'est-à-dire?

«Ma mère m’a dit que je devrais être emprisonnée, car j’ai osé dénoncer les autorités»

Ouch. Et la plus jeune génération?

«Mon fils m’a traitée de traîtresse à ma famille et à ma patrie»
Marina Ovsyannikova, a former Russian state TV journalist who quit after making an on-air protest of Russia's military operation in Ukraine, listens sitting in a court room during a hearing in Mo ...
Pourtant, la journaliste ne s'en est pas sortie si facilement: ici en août 2022, elle est dans le box des accusés pour un procès pour désinformation.Image: keystone

La journaliste est désormais en exil:

«Je suis vivante, je suis libre, je ne peux pas blâmer le destin. Cette histoire aurait pu avoir une fin complètement différente»

Et pourtant, la guerre, elle connaît.

«Pendant la première guerre de Tchétchénie, dans les années 1990, les troupes russes ont rasé ma maison. Et maintenant, le Kremlin me prive d’une partie de ma famille et de ma patrie»

Comment explique-t-elle cela?

«Les cerveaux des Russes ont été lavés par la propagande. Pendant vingt ans, la télévision a fabriqué l’image de Poutine comme étant le sauveur de la terre russe. Nous avons créé une image d’un dirigeant sans alternative»

Mais...

«En réalité, les gens ont peur. La crainte de la répression politique est très forte»

Et ceux qui tentent de protester?

«Vous serez immédiatement envoyé en prison, votre bien sera confisqué, vous perdrez votre emploi et vous serez considéré comme un traître»

Back to the USSR...

«C’est comme à l’époque stalinienne, les Russes se cachaient pour parler, ils chuchotaient dans leur cuisine»
Depuis son exil, Marina Ovsiannikova multiplie les apparitions en Occident. Ici à Paris en février 2023, invitée par Reporters sans frontières (RSF) pour parler de la liberté de la presse.
Depuis son exil, Marina Ovsiannikova multiplie les apparitions en Occident. Ici à Paris en février 2023, invitée par Reporters sans frontières (RSF) pour parler de la liberté de la presse.Image: keystone

Et son avis sur la Russie, depuis l'étranger?

«Un an s’est écoulé et le mal absolu continue de régner en Russie»

Le mot de la fin?

«Tous les criminels qui ont déclenché cette guerre finiront sur le banc des accusés du Tribunal international de La Haye»

(acu)

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Video: watson
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