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Témoignage watson

Olga: «On dort à 65 dans une école, sortir dans Kiev est trop dangereux»

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Témoignage watson

Olga, 28 ans: «On dort à 65 dans une école, sortir dans Kiev est trop dangereux»

Alors que les troupes russes sont entrées dans la capitale ukrainienne, watson a contacté une jeune habitante qui s'est réfugiée dans un abri à Kiev.
26.02.2022, 07:5808.05.2023, 19:39
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«Je réalise que la guerre est là, mais je n'arrive toujours pas à y croire», raconte Olga, 28 ans, juge assistante au tribunal administratif de Kiev. Réfugiée avec des dizaines d'autres personnes dans une école de la capitale ukrainienne, elle a préparé l'essentiel de ses affaires (carte d'identité, argent, médicaments) et elle s'est rendue il y a deux jours avec son petit ami dans cet abri.

«Il n'y a pas de mouvement de panique pour l'instant, nous avons de l'eau, de la nourriture, et nous attendons des informations officielles»
Olga Maria Nacorado
Vidéo: watson

Olga partage l'espace avec 65 personnes, hommes, femmes, enfants et animaux de compagnie. «Vous devriez voir le nombre de valises qu'il y a ici», explique-t-elle calmement. Lorsqu'on lui demande si elle a envisagé de quitter Kiev ou même son pays, elle répond qu'il est trop dangereux de sortir dans les rues.

«Nous avons une voiture, mais nous ne savions pas où trouver de l'essence. Les stations service sont prises d'assaut et la circulation est paralysée»
Olga Maria Nacorado

La situation semble s'être figée pour Olga, entre deux alertes et bruits de bombardements, elle tente de joindre ses parents qui vivent à Irpin, une commune située dans l'agglomération de Kiev à seulement 10 kilomètres de l'aéroport militaire de Gostomel qui a été visée par les frappes russes jeudi 24 février.

Pont permettant d'accéder à la ville d'Irpin à 30km au nord-ouest de Kiev
Pont permettant d'accéder à la ville d'Irpin à 30km au nord-ouest de Kiev
«Hier soir, durant les bombardements, j'ai contacté mes grands-parents qui s'étaient cachés à la cave»
Olga Maria Nacorado
Les membres de la famille d'Olga Maria Nacorado qui se sont réfugiés dans leur cave lors des bombardements à Irpin.
Les membres de la famille d'Olga Maria Nacorado qui se sont réfugiés dans leur cave lors des bombardements à Irpin. Olga Maria Nacorado

Chatbot et réseaux sociaux

La communication avec la jeune femme a été quelque peu laborieuse à cause d'interruptions du réseau de téléphonie mobile, mais Internet fonctionne encore. «Je suis restée en contact avec ma famille et mes amis. Tout marche pour l'instant et on espère que cela va durer», se soucie-t-elle.

«Nous utilisons des chatbots et des réseaux sociaux reconnus par les autorités ukrainiennes»
Olga Maria Nacorado

La jeune femme qui est consciente que la guerre qui la frappe est aussi une guerre d'images souhaite nous transmettre des photos et vidéos envoyées par son entourage qui réside aussi à Kiev. Elle tient à souligner le fait que l'armée russe ne vise pas seulement les points stratégiques, mais bombarde aussi les habitations, «faisant de nombreuses victimes civiles».

La maison des parents d'Olga Maria Nacorado à Kiev, détruite par les bombardements russes.
La maison des parents d'Olga Maria Nacorado à Kiev, détruite par les bombardements russes.Olga Maria Nacorado

Lorsqu'on lui demande si elle a été surprise par la tournure des événements, elle nous répond d'une voix sûre que les manifestations de la place Maïdan en 2014 auxquelles elle a participé ont été un signal d'alarme fort quant à la volonté ukrainienne de s'affranchir de l'influence du pouvoir russe.

«Je ne m'attendais pas à ces bombardements, mais je savais que la Russie ne nous laisserait pas nous rapprocher de l'Europe et de l'Otan, c'était juste une question de temps»
Olga Maria Nacorado

Mais que peut attendre cette ancienne étudiante en droit de 28 ans de la part des autres pays européens? À cette question, Olga répond sans détours qu'il est nécessaire que l'Europe aide militairement son pays, mais qu'elle doit aussi prendre des sanctions fortes contre la Russie.

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Olga Maria Nacorado
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Depuis son abri, Olga ajoute qu'elle a pleinement confiance en l'armée ukrainienne et que si la situation venait à se dégrader, son petit ami se joindrait à l'armée.

«Nous sommes à l'abri et organisés. Nos smartphones fonctionnent et nous pouvons témoigner. Parlez de notre situation. C’est insensé ce qui se passe en Ukraine»
Olga Maria Nacorado
L'opération militaire russe en images
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Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.
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Manifestations anti-guerre en Russie
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