Les deux politiciennes se sont exprimées lors d'une conférence de presse, dont voici les principaux points abordés.
Dès le début de la rencontre, le gouvernement taïwanais a clairement fait savoir que la visite de Pelosi était extrêmement importante pour lui. La présidente Tsai Ing-wen a remis à l'Américaine «l’Ordre des nuages favorables» - une décoration civile qui est également remise aux étrangers lorsqu'ils ont rendu un grand service au pays.
Après s'être vu remettre cette écharpe symbolique, la présidente de la Chambre des représentants américaine et celle de Taïwan se sont inclinées l'une devant l'autre. Pelosi s'est montrée honorée:
Après leur rencontre, les deux femmes sont apparues lors d'une conférence de presse commune. A cette occasion, l'Américaine a expliqué la raison de son voyage - un signe de soutien indéfectible à Taïwan.
La dirigeante américaine a précisé que les Etats-Unis seraient «toujours aux côtés de Taïwan». La visite de la délégation du Congrès à Taïwan montre «que nous ne renoncerons pas à nos engagements».
Lors de la conférence de presse, Nancy Pelosi n'a pas voulu s'exprimer concrètement sur les menaces que la Chine a récemment proférées à plusieurs reprises. «Nous ne voulons pas parler de la Chine, mais de Taïwan», a-t-elle répondu en balayant une question. Elle a toutefois émis des critiques indirectes à l'encontre du gouvernement de Xi Jinping.
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«Aujourd'hui, le monde doit choisir entre la démocratie et l'autocratie», a déclaré la présidente de la Chambre des représentants américaine. Et Taïwan est «l'une des sociétés les plus libres du monde». Par conséquent, la solidarité des Etats-Unis n'a jamais été aussi importante - tous les partis sont d'accord sur ce point, a-t-elle déclaré. Elle a cependant affirmé que le principe d'une seule Chine serait maintenu. Nous ne voulons tout simplement pas que l'on tente d'obtenir quelque chose par la force à Taïwan.
La présidente de Taïwan a déclaré que l'invasion de l'Ukraine par la Russie avait attiré l'attention sur le conflit de la Chine à propos de Taïwan. Celle-ci aurait eu des répercussions sur la sécurité dans la région Asie-Pacifique.
«Taïwan ne cédera pas», a déclaré Tsai Ing-wen en faisant référence à la menace chinoise. «Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour renforcer nos capacités d'autodéfense.» Elle a qualifié les exercices militaires de la Chine de «réaction inutile».
Depuis l'arrivée de Pelosi, de plus en plus de gouvernements se sont rangés derrière la Chine. Après les critiques de la Russie mardi, la Corée du Nord, Hong Kong et le Pakistan se sont exprimés mercredi. Tous ont déconseillé aux Etats-Unis de se mêler de la question de Taïwan.
Un porte-parole nord-coréen a déclaré que le pays «condamnerait avec véhémence» toute implication. Il a dit comprendre une éventuelle réaction de la Chine: «C'est le bon droit d'un Etat souverain de prendre des contre-mesures contre des forces extérieures qui s'ingèrent ouvertement dans ses affaires intérieures et détruisent son intégrité territoriale.»
Le chef du gouvernement de Hong Kong, John Lee, s'est exprimé dans un communiqué. Il a critiqué le fait que la visite de Pelosi remette ouvertement en question le principe d'une seule Chine et déstabilise la situation sur l'île. «Une telle démarche, qui met en jeu et ignore le bien-être de plus de 20 millions de personnes à Taiwan, est extrêmement égoïste», a-t-il critiqué.
Du côté du Pakistan, le ministère des Affaires étrangères a précisé qu'il continuerait à soutenir pleinement la souveraineté de la Chine et son intégrité territoriale. Il s'est dit «profondément préoccupé» par la visite de Pelosi, qui a un impact considérable sur la paix et la stabilité de la région.
Nancy Pelosi a atterri mardi soir à Taipei, la capitale de Taïwan. En dépit des avertissements de Pékin, la démocrate de 82 ans est arrivée dans la république insulaire pour la visite la plus importante des Etats-Unis depuis un quart de siècle.
La Chine ne considère Taïwan que comme une partie de la République populaire, refuse catégoriquement les contacts officiels d'autres pays avec Taipei et avait mis en garde avec véhémence les Etats-Unis contre la visite de Pelosi. En réaction, l'armée chinoise a entamé des manœuvres avec des exercices de tirs dans six zones maritimes entourant Taïwan.
Ces exercices sont considérés comme la plus grande démonstration de force militaire depuis la crise des missiles de 1995, lorsque la Chine avait tiré des missiles au-dessus de Taïwan à des fins d'intimidation et que les Etats-Unis avaient envoyé deux unités de porte-avions. Les zones maritimes utilisées pour les exercices dépassent largement les zones interdites de l'époque. Elles sont proches de Taïwan et semblent empiéter en partie sur ses territoires. Les experts s'attendent à ce que les routes maritimes soient affectées.
En conséquence de la visite de Nancy Pelosi à Taïwan, le gouvernement de Washington s'attend à des réactions à plus long terme de la part de la Chine. Le directeur de la communication du Conseil national de sécurité, John Kirby, s'attend à des manœuvres militaires ou à des mesures économiques. Jusqu'à présent, la réaction de la Chine s'inscrit dans les prévisions du gouvernement américain.
John Kirby a souligné que les Etats-Unis ne voulaient pas de crise et qu'ils ne souhaitaient pas d’hostilités. Mais le gouvernement américain est prêt à faire face à toute situation. En ce qui concerne Pelosi, Kirby a déclaré que le président américain Joe Biden respectait sa décision de se rendre à Taïwan. Sa visite ne change rien à la politique d'une seule Chine des Etats-Unis. Selon cette politique, Pékin est considéré comme le seul gouvernement légitime de la Chine, mais les Etats-Unis ne prennent pas position sur le statut de Taïwan. En signe de protestation, le ministère des Affaires étrangères à Pékin a convoqué l'ambassadeur américain. (dab)
Traduit de l'allemand par Léon Dietrich
