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Séisme en Turquie et Syrie: le bilan approche les 5000 morts

Les secouristes s'affairent pour tenter de sauver des survivants, ici à Gaziantep, en Turquie. Le bilan, très lourd, a été mis à jour de 3600 à 4300 morts vers 6h.
Les secouristes s'affairent pour tenter de sauver des survivants, ici à Gaziantep, en Turquie. Le bilan, très lourd, a été mis à jour de 3600 à 4300 morts vers 6h.Image: sda

Le bilan du séisme en Turquie et en Syrie approche les 5000 morts

Près de 5000 personnes, selon un bilan encore provisoire, ont été tuées lundi dans le sud-est de la Turquie et en Syrie voisine par un puissant séisme de magnitude 7,8, suivi quelques heures plus tard par une très forte réplique. L'aide se mobilise, de Suisse notamment.
07.02.2023, 05:4308.02.2023, 08:24
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Le bilan ne cesse de s'alourdir en Turquie et en Syrie, après le tremblement de terre dévastateur qui a touché les deux pays lundi matin. Un très grand nombre de personnes restaient piégées sous les bâtiments effondrés qui se comptent par milliers.

  • En Turquie, le bilan s'élevait à près de 3 381 morts. Plus de 5000 immeubles se sont effondrés.
  • En Syrie voisine, les autorités ont annoncé plus de 1444 morts
  • Le nombre de blessés dans les deux pays dépasse les 15 000, dont au moins 13 000 en Turquie
  • En tout, près de 6000 bâtiments se sont effondrés. Un deuil national de sept jours a été décrété en Turquie.

La pluie et la neige, tombée à certains endroits en abondance, et la baisse attendue des températures vont rendre encore plus difficile la situation des personnes se retrouvant sans abri, ainsi que le travail des secours.

Des dizaines de répliques

La première secousse est survenue à 04h17 locales (02h17 en Suisse, 01h17 GMT) dans le district de Pazarcik, dans la province de Kahramanmaras (sud-est), à 60 km environ à vol d'oiseau de la frontière syrienne.

Vidéo: watson

Des dizaines de répliques ont suivi, avant un nouveau séisme de magnitude 7,5, à 10h24 GMT, toujours dans le sud-est de la Turquie, à 4 km au sud-est de la ville d'Ekinozu.

Oussama Abdelhamid, un habitant d'un village syrien frontalier de la Turquie et soigné à l'hôpital Al-Rahma, dans la ville de Darkouch, raconte:

«Avec ma femme et mes enfants, nous avons couru vers la porte de notre appartement au troisième étage. Dès que nous l'avons ouverte, le bâtiment tout entier s'est effondré»
Oussama Abdelhamid

En quelques instants, Oussama Abdelhamid s'est retrouvé sous les décombres du bâtiment de quatre étages dans le village d'Azmarine, mais «Dieu le protecteur» l'a miraculeusement sauvé, ainsi que sa famille, assure-t-il.

Dans ces zones tenues par les rebelles qui combattent le régime de Damas, on dénombre au moins 390 morts.

L'OMS craint le pire

L'OMS craint même que le nombre de victimes soit au final au moins huit fois plus lourd. Une responsable des situations d'urgence du bureau européen de l'organisation, Catherine Smallwood, a déclaré:

«Il y a un potentiel continu d'effondrements supplémentaires et nous voyons souvent des nombres huit fois plus élevés que les nombres initiaux»
Catherine Smallwood, OMS

«Ma soeur et ses trois enfants sont sous les décombres. Aussi son mari, son beau-père et sa belle-mère. Sept membres de notre famille sont sous les débris», a raconté dans la matinée Muhittin Orakci, devant un immeuble effondré à Diyarbakir, la grande ville à majorité kurde du sud-est de la Turquie.

Le plus important séisme en Turquie depuis 25 ans

Le bilan risque encore d'évoluer dans les villes touchées, notamment:

  • Adana
  • Gaziantep
  • Sanliurfa
  • Diyarbakir

A Iskenderun et Adiyaman, ce sont les hôpitaux publics qui ont cédé sous l'effet du séisme, survenu à une profondeur d'environ 17.9 kilomètres.

Ce séisme est le plus important en Turquie depuis le tremblement de terre du 17 août 1999, qui avait causé la mort de 17 000 personnes, dont un millier à Istanbul.

«C'était l'apocalypse»

A Kahramanmaras, Melisa Salman, journaliste locale de 23 ans, raconte avoir toujours vécu avec les tremblements de terre:

«J'ai l'habitude des secousses, mais c'est la première fois que je vis quelque chose comme ça. On a pensé que c'était l'apocalypse»
Melisa Salman

Les intempéries qui frappent cette région montagneuse paralysent les principaux aéroports autour de Diyarbakir et Malatya, où il continue de neiger très fortement, laissant les rescapés hagards, en pyjama dehors dans le froid.

«Nous entendons des voix ici et là-bas. Nous pensons que peut-être 200 personnes se trouvent sous les décombres»
Un secouriste de la ville de Diyarbakirchaîne ntv

Face à cette désolation, partout les habitants se mobilisent et tentent de dégager les ruines à mains nues, utilisant des seaux pour évacuer les débris.

«Toute ma famille est sous les décombres»

A Hama (centre-ouest de la Syrie), les secouristes et civils extraient à la main, aidés d'engins lourds, les corps des victimes sous les décombres, dont des enfants.

A Jandairis (nord-ouest de la Syrie), un homme, effondré, pleure la mort de son fils, un tout petit garçon emmitouflé dans un anorak, qu'il serre dans ses bras. «Ya Allah, Ya Allah» (mon Dieu), sanglote l'homme en baisant le front de son fils.

Plus de quarante habitations se sont effondrées comme un château de cartes dans cette localité frontalière de la Turquie. Les habitants tentent de retirer à mains nues ou à l'aide de pioches les survivants des décombres, faute de moyens humains et matériels de secours. Ali Battal, des traces de sang sur le visage, s'exclame:

«Toute ma famille est sous les décombres. Mes fils, ma fille, mon gendre, il n'y a personne pour les retirer»
Ali Battal

Des secouristes suisses sont en route

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a appelé à l'union nationale, précisant que la Turquie avait reçu les offres d'aide de 45 pays. Quant au gouvernement syrien, il a lancé un appel à l'aide à la communauté internationale.

La Suisse a annoncé l'envoi lundi soir de 80 secouristes. Parmi eux figurent des spécialistes du génie et du sauvetage de l'armée.

Du monde entier ont afflué les messages de soutien, du président américain Joe Biden à ses homologues russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping, en passant par le pape François qui s'est dit «profondément attristé», ainsi que les propositions d'aide humanitaire et médicale.

«Nos équipes sont sur le terrain pour évaluer les besoins et apporter leur assistance», a déclaré, dans un communiqué, le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, en appelant à la communauté internationale alors qu'une minute de silence était observée à l'assemblée générale de l'organisation.

Moscou part aider son allié

Le Kremlin, allié de la Syrie, a indiqué que des équipes de secouristes allaient partir pour ce pays «dans les prochaines heures», alors que selon l'armée, plus de 300 militaires russes sont déjà sur les lieux pour aider aux secours.

Le Kremlin a également indiqué que le président turc avait accepté, après un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, «l'aide des secouristes russes» dans son pays.

Aides grecque, israélienne et européenne

La Grèce, malgré ses relations orageuses avec son voisin, a promis «de mettre à disposition toutes ses forces pour venir en aide à la Turquie» et le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a appelé Recep Tayyip Erdogan pour offrir une «aide immédiate» à la Turquie.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé avoir satisfait une demande d'aide de la Syrie, avec laquelle l'Etat hébreu n'entretient pas de relations diplomatiques. Damas a démenti.

L'Union européenne a activé son «mécanisme de protection civile» et «des équipes des Pays-Bas et de Roumanie sont déjà en route» ainsi que notamment 139 secouristes français qui doivent partir dans la soirée et 76 pompiers polonais.

L'Azerbaïdjan, allié et voisin de la Turquie, a annoncé l'envoi immédiat de 370 secouristes, le Qatar et les Emirats ainsi que l'Inde celui d'équipes de secours et médicales et de matériel de secours. C'est jusqu'à l'Ukraine en guerre qui a proposé «un grand groupe de secouristes».

Une des zones sismiques les plus actives du monde

En Syrie, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé, cité par l'agence officielle Sana, 461 personnes ont été tuées et 1326 blessées dans les provinces d'Alep, Lattaquié, Hama et Tartous, sous contrôle du régime. Dans les zones rebelles, les secouristes des Casques Blancs ont fait état de 390 morts et plus d'un millier de blessés.

La citadelle d'Alep et plusieurs autres sites archéologiques ont été endommagés, selon la Direction générale des antiquités et des musées

La Turquie est située sur l'une des zones sismiques les plus actives du monde. Les dégâts les plus importants ont été enregistrés près de l'épicentre du séisme de la nuit, entre Kahramanmaras et Gaziantep, où des pâtés de maison entiers étaient en ruine, sous la neige.

Les secousses, ressenties dans tout le sud-est du pays, l'ont également été au Liban et à Chypre, ainsi qu'au Kurdistan irakien dans le nord du pays à Erbil et Douk. Les secousses ont été ressenties jusqu'au Groenland.

(ats/acu)

Un séisme fait plus de 500 morts en Turquie et en Syrie
Video: watson
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