Les tensions autour de la centrale atomique de Zaporijia ne faiblissent pas. La plus grande installation nucléaire d'Europe, située dans le sud de l'Ukraine, a été bombardée à plusieurs reprises au cours des dernières semaines. De quoi pousser une bonne partie des dirigeants, de Zelensky à Erdogan en passant par le leader de l'Organisation des nations unies (ONU) Guterres et les autorités françaises, à évoquer le risque d'une catastrophe nucléaire. Le spectre de Tchernobyl n'est jamais très loin.
Si tout le monde s'accorde à dire que tirer sur une centrale atomique n'est pas la meilleure idée du monde, les avis divergent largement quant aux responsabilités des frappes:
Problème: les Russes se sont emparés de la centrale le 4 mars, quelques jours seulement après le début de l'invasion. Impossible donc pour les autorités compétentes – l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) – de vérifier.
Les informations vérifiées sont, par conséquent, rares. Une vidéo, qui a récemment fait surface sur les réseaux sociaux, pourrait aider à éclaircir quelque peu la situation. On y voit au moins cinq camions militaires russes, marqués par la célèbre lettre «Z», parqués dans un vaste complexe industriel.
Rumored footage from Zaporizhzhia NPP shows a large amount of Russian military hardware parked inside. pic.twitter.com/3wWdjwIAIe
— The Intel Crab (@IntelCrab) August 18, 2022
La vidéo n'est pas datée et la qualité est loin d'être impeccable. De plus, les angles souvent bas et gênants suggèrent qu'elle a très probablement été prise en cachette. Pourtant, rapporte The drive, plusieurs éléments permettent d'affirmer (presque) sans aucun doute que les images proviennent de l'intérieur de la centrale de Zaporijia. Et, plus précisément, de l'une des salles des turbines de l'installation.
Abritées dans de vastes salles semblables à des entrepôts, les turbines transforment en électricité la vapeur produite par les réacteurs. La centrale en compte six, et chacun dispose de sa propre salle de turbines. Les structures métalliques jaunes, visibles dans l'image ci-dessous, sont clairement reconnaissables dans la vidéo, tout comme d'autres détails architecturaux de la salle.
Il est impossible d'affirmer, comme certains l'ont fait, que les camions sont chargés de munitions ou d'autres équipements dangereux. Si elle est authentifiée, la vidéo montrerait, à tout le moins, que des véhicules militaires sont stationnés juste à côté d'un réacteur nucléaire. Ce qui ne va pas contribuer à calmer la situation ni apaiser les craintes.
Selon des déclarations russes et ukrainiennes, une catastrophe majeure à Zaporijia pourrait causer une fuite radioactive s'étendant jusqu'à l'Allemagne, l'Estonie et la République tchèque. Comme quoi, Tchernobyl n'est jamais loin. (asi)