Selon un énième sondage publié lundi, 80% des Japonais sont farouchement opposés aux Jeux olympiques; même si la moitié des opposants s'accommoderait d'un nouveau report. Les grands médias nationaux, à partir de positions irréconciliables, tirent le même constat: plus la pression populaire augmente (et elle devient insoutenable), plus la réponse des autorités est ferme.
Mais les mouvements de protestations prennent des formes diverses, et n'en restent pas là. Ils s'activent dans tout le pays.
L’avocat japonais Kenji Utsunomiya qui a déjà recueilli plus de 350 000 signatures en une semaine avec une pétition exigeant l’annulation des Jeux olympiques de #Tokyo pic.twitter.com/bY01hpFBOb
— Karyn NISHIMURA (@karyn_nishi) May 14, 2021
A neuf semaines de la cérémonie d'ouverture, une quatrième vague d'infections submerge les hôpitaux, tandis que la chaîne de vaccination accuse des retards répétés. Le gouvernement japonais a décrété l'état d'urgence sanitaire dans neuf départements. Pour autant, rien dans sa communication officielle ne suggère l'éventualité même d'un report des JO. A aucun moment ce cas de figure n'est évoqué. Le Comité international olympique n'est pas moins têtu:
Devant les micros et les rétroprojecteurs, les organisateurs répètent qu'ils ont passé six mois à imaginer les pires scénarios, et six autres mois à les préparer. Ils promettent un périmètre sanitaire ultra-sécurisé, où tous les participants seront testés (chaque deux jours?) et les accès fermés au public.
D'un événement international sans spectateurs étrangers, les JO pourraient devenir une manifestation sans spectateur du tout (décision en juin), puis un rendez-vous médiatique sans journalistes - prochaine étape: une compétition sans sportifs?
La semaine dernière, les laboratoires Pfizer-Biontech ont signé un protocole d'accord avec le CIO pour une vaccination facilitée de toutes les délégations présentes à Tokyo (ou ce qu'il en reste), au grand étonnement de certaines nations.
En dépit de toutes ces précautions, une nouvelle enquête d'opinion confirme la montée de la peur, dans des proportions parfois irrationnelles: 87,7% des Japonais craignent les sportifs comme la peste le Covid et n'en veulent pas sur leur sol. Ceux-ci prédisent que la cérémonie d'ouverture du 23 juillet sera un défilé des variants.
Pour éviter les attroupements, le calendrier des compétitions est régulièrement modifié. Seule la position des autorités reste inflexible: les JO auront bien lieu. A la date prévue.
Dans ce contexte, les sondages semblent avoir une portée symbolique, davantage qu'un réel effet de dissuasion. Les JO auront lieu, insiste le gouvernement. Comme le dit un proverbe japonais, «une mauvaise action court plus vite que le vent», si tant est qu'il faille considérer ces sondages comme du vent.