Barcelone reste dans la course après sa victoire dimanche contre Getafe 3-2 (deux buts de Messi, un de Griezmann). Mais Barcelone ne convainc pas et à une semaine de recevoir l'Atlético (samedi 16 h 15 ), il suscite davantage de doutes (grande dette, petite forme) que d'enthousiasme (Brathwaite souhaite prolonger, la belle affaire...); tellement de doutes qu'il aurait coupé l'envie à Neymar de revenir, selon Marca.
L'idée, forcément, fait son chemin: et si au terme d'un parcours relativement chaotique, l'Atlético Madrid faussait compagnie à ses rivaux héréditaires pour ravir le titre? Et si tout ne finissait pas comme d'habitude, par un triomphe de Goldorak ou Albator?
Disons-le: l'Atlético n'en serait pas pour autant le vengeur masqué du prolétariat footballistique, l'équipe exquise qui remet le jeu au centre, une pâquerette au coin de la bouche. Rien de tout cela.
Son entraineur, Diego Simeone, figure parmi les plus roublards et aboyeurs de la planète, chantre d'un football peu joueur dont le principe consiste à courir après le ballon et mordre dans les mollets.
Son actionnariat, s'il n'est pas totalement opaque, oscille d'un milliardaire chinois en difficulté (ce qui relève bientôt du pléonasme dans le football) à un entrepreneur israélien amateur... d'art, dans une optique de gestion patrimoniale, pour recourir à un terme technique, plus que de défi sportif (même si l'un n'empêche pas l'autre, en l'espèce).
A la fin, l'Atlético est un faux petit, pas toujours gentil, mais son sacre n'en resterait pas moins une vraie surprise. Voire une belle surprise, n'est-il pas?
Sadiques ou pragmatiques, chacun guette l'instant où les Lillois céderont, où le PSG les ramènera à leurs émois de sous-préfecture; à moins que ce ne soit Monaco, l'autre super-riche, quoique battu par Lyon dimanche (2-3).
Mais les Lillois ne cèdent pas... Au contraire, ils défendent leur point d'avance (inutile de déranger le pluriel) avec une sérénité tenace, comme si rien ne pouvait leur arriver, comme si c'était leur tour et puis voilà.
Lille champion de France? Il faut bien le dire, seules les apparences sont encore contre lui. Christophe Galtier, son entraîneur, n'est pas le plus «bankable» de la bande, avec son accent cigale dans un job de fourmis, avec sa façon de peser chaque mot, jusqu'aux plus creux, comme pour en exagérer le poids. Et néanmoins: Galtier a constitué en peu de temps un ensemble cohérent, d'une complémentarité parfaite, où des individus sans repères ont commencé une nouvelle carrière (André, Sanchez, Yilmaz).
Le club en soi n'est pas «le petit» que des esprits romantiques se plaisent parfois à décrire. Même s'il joue sur les ressorts du misérabilisme nordiste, le labeur et l'argent du labeur, la suie et la pluie, le LOSC reste une plateforme de trading où un joueur est davantage estimé par sa valeur marchande que pour ses états de service.
Et néanmoins... L'enthousiasme est réel, le bonheur sincère. L'exploit authentique.
Sur la Grand-Place de Lille, la Déesse s’écharpe pour le #LOSC https://t.co/rxeOtWrtTa pic.twitter.com/nXVIqrWzO4
— La Voix du Nord (@lavoixdunord) May 1, 2021
Au terme d'une saison perturbée par le Covid puis, dans son cas, par un changement de propriétaire, Lille est l'exemple même d'un chaos bien géré, dans des valeurs un peu archaïques de continuité et d'entente.
Ailleurs en Europe, ces exemples-là sont plus rares, ou particulièrement notoires. En résumé: