Ce n’est pas une surprise de voir des Anglais stoïques sous une pluie battante, mais c’en était une, tout de même, de voir Chelsea aussi posé, aussi subtil, aussi imperméable à la pression, sur le terrain glissant du Stadio Alfredo di Stefano. Parfaitement articulé autour de son 3-5-2 historique, l’équipe de Thomas Tuchel a rendu le Real Madrid presque quelconque (1-1), à tout le moins inoffensif (un tir cadré) et démuni.
Chelsea a beau avoir dépensé l'été dernier tout ce qu'un club suisse ne dépensera jamais en trente ans de chinage (sauf peut-être le FC Sion), son aisance actuelle ne doit rien à l'opulence, encore moins à la valeur de ses talents chèrement acquis (Werner, Ziyech, Havertz, Chilwell). Son style est au contraire imprégné de certaines vertus «blue color» empruntées à un lointain passé industriel, où la voix du chef, avec une rudesse à l'ancienne, active toute une chaine de production.
C'est très carré, très solide, très allemand, avec une forte activité sur les ailes où deux latéraux déploient les leurs, et un coeur du jeu dans lequel bat celui, énorme, de N'Golo Kanté. C'est très simple; d'une simplicité presque parfaite.
Le Real Madrid s'est fondu dans l'obscurité, mais il en a jailli un éclair de génie, une illumination soudaine, par la grâce de Karim Benzema: contrôle de la tête, demi-rotation, reprise de volée dos au but, au milieu de la masse (d'où le talent réussit toujours à s'extirper).
#RMACHE #UCL
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La pépite de Benzema pour l'égalisation 🤩.
⚪ Real Madrid 1-1 Chelsea 🔵
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Comme l'observe L'Equipe, Benzema est meilleur chaque année. C'est ce qui le distingue de ses semblables: «À 33 ans, plus affuté que jamais, il progresse encore. Sa manière de s'insérer dans les actions, de créer de la fluidité, même dans une soirée de grande détresse collective, le rend unique dans le football du moment», écrit Régis Dupont, qui l'a vu grandir.
L'équipe de France, sinon la France entière, n'en veut toujours pas à l'Euro, au motif d'avoir mal choisi ses combats (faire chanter un équipier tout en refusant de chanter la Marseillaise). Karim Benzema se fabrique un destin à la Marie-Antoinette et l'histoire retiendra qu'il méritait peut-être meilleur sort, lui aussi.
🎖️Avec 71 buts, Karim Benzema rejoint Raul à la 4eme place du classement des buteurs de la #ChampionsLeague ! pic.twitter.com/zxGk8h7hZ2
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En moins d’une semaine, le Real a peut-être perdu sa suprématie nationale, ses ambitions européennes et ses rêves souverainistes - s'il n'a pas carrément perdu la face dans ce projet de Super Ligue à douze apôtres, dont dix judas.
«Tout va très vite dans le football», répètent ceux qui ne savent plus qu’inventer, et le club le plus titré d’Europe, accessoirement l'un des plus endettés (environ un milliard d'euros), sera peut-être amené à tout recommencer: son équipe, son plan de relance, sa campagne de séduction. «Nous devrons nous rattraper à Chelsea», a sobrement murmuré Zidane, puisqu'il faut bien commencer quelque part.
Après avoir baladé Zurich 4-1, Genève-Servette n'est plus qu'à une victoire de la finale. Une seule victoire!
C'est fou comme Zurich n'a presque pas existé, dominé en vivacité, en intelligence de jeu, en force de frappe et de caractère, en vitesse d'exécution; en tout...
«Ice Master Klaus», alias Klaus Zaugg, rend hommage aux Genevois sur la version alémanique de watson, un hommage fort et vibrant dont il faut bien noter qu'il le réserve rarement à des équipes welsches:
Si Klaus Zaugg fait les louanges de la discipline romande, alors tout peut arriver pour Genève-Servette.
Voilà, c'est déjà fini pour le réveil musculaire. Bonne journée à tous et n'oubliez pas que ce soir encore, il y a un somptueux Paris SG - Manchester City sous la pluie.