C'était un beau soir pour les revanchards; le genre de personnages que l'on voit beaucoup au début du film et qui revient dans les dernières scènes avec un couteau entre les dents, prêt à émincer ses adversaires façon basquaise.
On espérait voir Cavani en cuisine, et on n'a pas été déçus: le Matador, que certains Parisiens avaient renommé le «Mata dort» (vous avez le jeu de mots?) sur la fin de son aventure en France, a planté deux pions sur la pelouse de l'AS Rome et ainsi, assuré la qualification de Manchester United en finale de la Ligue Europa (6-2 à l'aller; 2-3 au retour).
L'attaquant uruguayen, souvenez-vous, avait été écarté du onze parisien pour faire de la place à Mauro Icardi. Le journaliste Nabil Djellit n'a pas oublié. Il rappelle ce matin cette statistique, un brin moqueur: «Cavani, c'est quatre buts en deux rencontres; Icardi quatre ballons touchés en deux rencontres».
Le meilleur buteur parisien de l'histoire (200 réussites en 301 matches) n'avait pas été prolongé la saison dernière. Il avait quitté le Parc des Princes par la petite porte, sans hommage ni remerciements, fâché par ce qu'il estimait être un manque de respect des dirigeants. Il s'était tu pendant quatre mois, puis on l'avait retrouvé sous un autre maillot, mais avec les mêmes attitudes, ses longs cheveux bruns détachés, ses foulées, le torse bombé et ce sens intact du but. Villareal a tout à craindre.
Car ce sont les Espagnols qui se sont qualifiés dans l'autre demi-finale, en verrouillant le score sur la verte pelouse d'Arsenal (où Xhaka s'est blessé à l'échauffement; plus d'infos dans la journée).
Unai Emery n'a pas boudé son plaisir face à son ancien club; un club qu'il a dirigé pendant plus d'un an (mai 2018-novembre 2019) et au sein duquel il dira s'être «senti seul», sous-estimé et moqué pour son affreux accent.
Il s'en était rappelé dans la presse récemment.
Emery reste pourtant un grand entraîneur; et même le meilleur en Ligue Europa: il a dirigé 92 matches dans la compétition, soit 32 de plus que tout autre technicien. Surtout, il s'est qualifié hier pour la 5e finale de ce tournoi, qu'il affectionne (3 titres).
L'histoire est belle pour ce technicien exigeant envers lui-même et ses joueurs, selon des principes récurrents: pressing usant voire agressif, endurance et verticalité, intensité en phase offensive comme défensive. Quand tout fonctionne, la symphonie est sublime.
Pour ce qui sera une belle partition de football, le 26 mai prochain en finale, il fallait un stade à la hauteur et le voici:
La particularité du magnifique stade de Gdansk (nord de la Pologne) tient dans son revêtement extérieur: l'architecte a habillé la façade de 18 000 plaques, conçues pour ressembler à de l'ambre, une résine végétale extraite de longue date sur la côte baltique toute proche.
On se quitte avec les dernières rumeurs du mercato. Cavani et Emery ne sont pas concernés.