C'est pas toujours simple, la retraite. Mais contrairement aux Français qui ne pourront pas enfiler de Charentaises avant 65 ans, Roger Federer a raccroché en pleine crise de la quarantaine. La loi du sport est au moins aussi cruelle que celle de Hollywood pour les actrices.
Riche à crever, le héros national cherche malgré tout à occuper ses journées. D'autant que depuis quatre mois, aucune trace de Rog' dans des gradins de tennis. Il aurait même posé un lapin à l'Open d'Australie en début d'année.
Le Maître a mieux à faire, si l'on en croit le radar people de ces dernières semaines. Dans l'ordre, on a aperçu Federer sur un terrain de padel, sur des skis, sur le tournage d'une pub, sur la guest list de son sponsor Moët & Chandon. Mais tout le monde semble doucement s'en ficher. Alors qu'avec Messi à Crans-Montana, le Valais est à deux doigts d'en faire un jour férié.
Qu'on se rassure, notre hit-boy en gestation n'a pas dit son dernier mot. Depuis quelques jours, de New York à Paris, Roger tente de hisser timidement ses 41 ans sur leur 31. Celui qui a passé sa vie en shorts et chaussettes blanches co-présidera par exemple la prochaine édition du très chic Met Gala, organisé par l'indétrônable Anna Wintour.
Ce n'est donc pas un hasard si, mardi soir, le couple Federer a été flashé aux côtés de la papesse bougonne de la mode (groupie de la première heure du sportif) dans la capitale française. Planté devant les nouvelles créations de Chanel, Roger a joué sa fashionista, accompagné de «son épouse de longue date», nous raconte mollement Elle. La veille (puisqu'il n'a plus grand-chose d'autre à foutre), notre homme promenait ses aspirations vestimentaires du côté de chez Dior.
Soyons francs, on est toujours un peu étonné de voir trôner ce bon père de famille bâlois au sommet du gratin. Or, ce n'est de loin pas la première incursion du meilleur tennisman de l'Histoire (calmez-vous) dans le milieu intraitable et volatile de la mode. Notre homme a déjà traîné ses basques dans une douzaine de Fashion Week, toujours avec Anna, jamais sans Mirka.
Curieusement, à chaque fois qu'il trempe l'un de ses costards dans un défilé, à chaque fois qu'un spécialiste de la fringue porte sa dégaine aux nues, l'opinion publique hausse les épaules et range l'info sous le tapis (rouge).
Qui se souvient que le magazine GQ Australia l'a sacré «Most Stylish Man of the Decade» en 2020? Que les anglophones le trouvent graceful cool avec son style effortless d'éternel étudiant en économie? Bien sûr, depuis les survêt' informes de son adolescence, Federer a dû faire des efforts pour finir en smoking bien taillé. Et, comme souvent chez les sportifs, son épouse n'y est pas étrangère. Même si Rog' ne sera probablement jamais le David Beckham de la balle jaune.
C'est bien la précieuse Mirka qui lui a discrètement fait ranger ses vestons trop larges dans les années 2000. Naïf et presque adorable, il avait confié à Esquire, en 2016, qu'il était «peut-être temps d'acheter plusieurs cravates, plusieurs costumes et plusieurs chaussures noires pour alterner.»
Federer est bien gaulé. Une fois en costard, il est même plutôt canon. Si on oublie à chaque fois qu'il est capable d'enfiler autre chose qu'un polo d'élu PLR en week-end, c'est peut-être bien parce qu'il en a rien à secouer de sauter sur la dernière excentricité fomentée par Balenciaga. Federer pioche dans le sobre, porte des fringues portables et évite soigneusement les écueils stylistiques d'un Pattinson chez Dior, en moumoute poutinienne et jupette Betti Bossi.
Sauf que Pattinson est une égérie Dior et que Federer vend toujours des cafetières Jura. Il est peut-être là le problème de notre James Bond du coup droit. Le gratin mondain n'aime pas beaucoup ceux qui ont le cul entre deux chaises.
En accumulant les partenariats certes lucratifs, mais aussi sexy qu'un tabouret, le tennisman aura toutes les peines du monde à cacher qu'il est d'abord, aux yeux de ses fans, une star casual, un people next door, une cash-machine plutôt qu'une sex-machine. Sa marque de baskets et sa casquette n'ont jamais arrangé son affaire.
Et puis, l’élégance, Federer l’a surtout gagnée en terrassant ses adversaires. Éloigné du Grand Chelem, sa réputation graceful cool va se heurter à un sacré dilemme: user jusqu'à la semelle son aura de sportif à noeud pap’ ou habiller correctement son avenir.
Un petit coup de pouce, Anna?