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Un vaccin ARNm contre le cancer? Ces résultats sont prometteurs

Un vaccin ARNm contre le cancer? Ces résultats sont prometteurs
Le cancer, bientôt combattu par un vaccin? Moderna vient de publier les résultats prometteurs d'une étude clinique.Image: Shutterstock

Un vaccin ARNm contre le cancer? Pourquoi ces résultats sont prometteurs

Cela fait plus de vingt ans que des recherches sont menées sur les vaccins anticancéreux à ARNm. Aujourd'hui, Moderna démontre pour la première fois l'efficacité d'un vaccin contre le cancer «noir» de la peau (le mélanome). D'autres vaccins à ARNm contre d'autres types de cancer devraient suivre.
21.12.2022, 06:1021.12.2022, 09:05
Bruno Knellwolf / ch media
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Il y a une vingtaine d'années, trouver un vaccin contre le cancer était le moteur de tous les chercheurs en ARNm. C'était aussi la motivation de Ugur Sahin, le fondateur de Biontech, qui a mis toute sa volonté dans la lutte contre le cancer grâce à la technologie ARNm. C'est ainsi qu'est né le vaccin Covid qui a freiné la pandémie de manière significative.

Toutefois, malgré de longues recherches, aucun vaccin à ARNm n'est encore disponible sur le marché pour combattre le cancer. Moderna vient cependant de publier les résultats prometteurs d'une étude clinique de phase II sur un vaccin contre le cancer à base d'acide ribonucléique messager (ARNm).

Le vaccin ARNm est utilisé dans le cadre d'une thérapie combinée. Dans ce traitement, le vaccin ARNm de Moderna est combiné à la célèbre immunothérapie Keytruda de Merck. Keytruda est une thérapie par anticorps monoclonaux, un inhibiteur de point de contrôle, qui améliore la capacité du système immunitaire à reconnaître et à combattre les cellules tumorales. Keytruda est utilisé contre le cancer «noir» de la peau quand il est si avancé qu'une ablation chirurgicale du mélanome n'est plus possible.

Réduction considérable des risques

«Le vaccin ARNm-4157/V940 combiné au Keytruda a montré une réduction statistiquement significative et cliniquement importante du risque de récidive de la maladie ou de décès»
Moderna

Le traitement par le vaccin ARNm combiné aux anticorps monoclonaux a réduit le risque de récidive ou de décès de 44% par rapport au traitement par Keytruda seul.

Stéphane Bancel, patron de Moderna, cité dans le communiqué de la société américaine, estime que ces résultats constituent la première preuve d'efficacité pour un traitement anticancéreux par ARNm dans le cadre d'un essai clinique.

«Les résultats d'aujourd'hui sont très encourageants dans le domaine du traitement du cancer. L'ARNm a également montré la voie pour le Covid-19, et maintenant, pour la toute première fois, nous avons démontré le potentiel de l'ARNm. Nous allons mener d'autres études sur le mélanome et d'autres types de cancer afin de pouvoir proposer aux patients un traitement du cancer réellement individualisé.»
Stéphane Bancel, patron de Moderna

Les données complètes seront bientôt présentées lors d'une conférence sur l'oncologie et partagées avec les autorités sanitaires.

Bien plus complexe qu'un vaccin antivirus

Une vaccination contre le cancer est beaucoup plus compliquée qu'une vaccination contre un virus, comme l'explique Burkhard Ludewig, directeur de recherche à l'hôpital cantonal de Saint-Gall. Une exception est le cancer du col de l'utérus HPV, qui est causé par un virus et peut donc être évité préventivement par une vaccination.

«Les raisons de la plus grande complexité des vaccins contre le cancer sont, entre autres, la grande variabilité des cellules cancéreuses, la structure compacte des tumeurs solides et le nombre élevé et la forte activité des cellules immunitaires qui doivent être stimulées par la vaccination.»
Burkhard Ludewig

Selon lui, il est évident que le nouveau vaccin à ARNm sera utilisé contre le cancer «noir» de la peau.

«Ces cellules tumorales sont très bien reconnues par le système immunitaire, c'est pourquoi l'immunothérapie combinée est déjà si efficace»
Burkhard Ludewig

Comme les immunothérapies sont également très efficaces contre les tumeurs pulmonaires, on peut en déduire qu'un vaccin à ARNm pourrait également agir contre d'autres types de cancer, comme le promet Moderna. «Il est probable que le cancer de l'amygdale provoqué par le papillomavirus soit également pris en considération», explique Ludewig.

Le vaccin est adapté à chaque patient

Le vaccin contre le cancer de la peau est un nouveau type de vaccin personnalisé contre le cancer. Les vaccins personnalisés contre le cancer visent à activer le système immunitaire de manière à ce qu'un patient puisse produire une réaction antitumorale sur mesure. Une réaction spécifiquement adaptée à sa signature de mutation tumorale.

«Les cellules tumorales mutent, c'est-à-dire qu'elles présentent des modifications spécifiques dans leur génome. Certaines de ces mutations de l'ADN augmentent la vulnérabilité aux approches immunothérapeutiques, y compris la vaccination»
Burkhard Ludewig

Les tumeurs des patients devraient être séquencées et analysées, afin de produire ensuite le vaccin adéquat pour chaque patient. On peut donc s'imaginer qu'un tel vaccin individuel aurait un prix élevé.

Ce vaccin est utilisé à titre préventif pour éviter une récurrence, c'est-à-dire la réapparition de la tumeur.

«Même si une tumeur est enlevée chirurgicalement, il est possible que de petites métastases se soient déjà implantées à une certaine distance dans la peau ou même dans d'autres organes. Celles-ci pourraient être mieux contrôlées par le système immunitaire spécialement entraîné et vacciné»
Burkhard Ludewig

Y a-t-il eu une percée dans la recherche sur le cancer ? «Je ne parlerais d'une véritable percée que lorsque les résultats seront confirmés par d'autres études, c'est-à-dire la phase III. Pour l'instant, il s'agit d'une progression importante», déclare le directeur de recherche. D'autres études montreraient alors également combien de temps dure la protection vaccinale. «En règle générale, les vaccins nécessitent des rappels réguliers, éventuellement annuels», précise Burkhart Ludewig.

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