En 2021, il n'y avait pas un seul média qui ne parlait pas de l'activiste climatique suédoise Greta Thunberg. À l'approche des élections fédérales allemandes, Greta appelle les partis à adapter leurs programmes aux objectifs de l'accord de Paris sur le climat.
Greta Thunberg, 19 ans, fait la leçon aux hommes et femmes politiques lors du sommet de l'ONU sur le climat (COP26) à Glasgow. Elle critique l'industrie de la mode pour le gaspillage qu'elle occasionne.
Greta ceci, Greta cela.
En 2022, la militante se fait discrète. Certes, des articles paraissent de temps en temps, dans lesquels Greta met en garde contre les conséquences de la crise climatique, critique les hommes et femmes politiques et fait pression pour qu'ils passent enfin en mode urgence.
Cependant, l'activiste climatique autrefois omniprésente ne l'est plus.
Les crises qui résultent du réchauffement climatique s'enchaînent sans interruption: il y a la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine. Il y a la sécheresse, la pénurie d'eau et les incendies de forêt d'un côté ou encore les inondations catastrophiques de l'autre.
Il y a les glaciers qui fondent plus vite que ne l'avaient prévu les chercheurs et les conséquences imprévisibles qui en découlent.
La liste pourrait s'allonger indéfiniment.
Et pourtant, on entend peu parler de Greta Thunberg.
Greta, où es-tu?
Et Greta, s'il te plaît, ne nous dis pas que tu as abandonné, résignée par l'ignorance constante des hommes et des femmes politiques qui ne reconnaissent pas la signification, la portée de la crise climatique ou ne veulent pas le reconnaître.
Interrogée par watson sur les raisons de son silence, Greta Thunberg n'a pas répondu.
Mais une petite recherche montre rapidement que ce n'est pas Greta Thunberg qui est devenue silencieuse. Ce sont les médias qui parlent en priorité d'autres sujets. Ils font en sorte que l'activiste ne fasse plus de bruit et que le thème de la crise climatique soit relégué au second plan.
Une fois de plus.
Today we were more than 4000 people who went out on the streets of Stockholm to demand climate justice. We have showed that we are many who stand united in this fight. We don’t have 4 more years - we need action now. #RöstFörRättvisa pic.twitter.com/SYlalR9g0Q
— Greta Thunberg (@GretaThunberg) September 9, 2022
Soudainement, la pandémie et la crise climatique ne sont plus les thèmes dominants. L'accent est mis sur la guerre d'agression de Poutine en Ukraine, la crise énergétique, l'inflation.
Bien sûr, l'intérêt pour ces crises est justifié. Les gens s'inquiètent, bien sûr. Et il est évident que ces crises doivent avoir leur place et leur espace dans les médias.
Mais cela ne doit pas signifier que la crise climatique disparaît de notre esprit à tous. Qu'elle soit mise de côté et serve en quelque sorte de «bouche-trou» lorsqu'il n'y a pas de crise plus «urgente» à résoudre en premier lieu.
Greta Thunberg n'est pas le problème.
Elle est là, elle avertit, elle met en garde.
Semaine après semaine.
Même si l'attention se relâche.
Greta a même écrit un livre qui sortira en librairie dès la fin octobre.
C'est donc plutôt à nous, les médias, d'agir dans ce sens.
Il est de notre devoir de rendre compte des événements et des crises, de les classer, de les placer dans le bon contexte et de les relier entre eux.
Cela signifie également souligner que nous n'aurions pas la crise énergétique que nous connaissons si nous ne dépendions plus des énergies fossiles. Mais, comme les chercheurs et Greta ne cessent de le répéter: il faudrait pour cela que nous utilisions (uniquement) les énergies renouvelables, c'est-à-dire le vent, l'eau et le soleil.
Mais cela signifie surtout qu'il faut montrer clairement que la crise climatique est un sujet et qu'elle le restera. Et ce, même si d'autres crises terribles viennent s'y ajouter.
Parce que plus on attend, plus c'est difficile.
Parce que les crises sont souvent liées, voire interdépendantes.
Parce que le monde sera meilleur si nous réussissons la transformation: plus juste, plus sûr, plus propre.
En 2018, Greta Thunberg a réussi, grâce à sa grève scolaire devant le Parlement suédois, à attirer le regard du monde sur la crise climatique et sur les catastrophes qui menacent.
Elle est devenue une icône, a réussi à entraîner des générations entières et à donner de l'espoir dans le fait que nous pouvons encore éviter le pire.
Seulement à condition que les politiciens et les entreprises agissent.
Et nous, en tant que société.
Le fait que la crise climatique et aussi Greta ait trop souvent disparu des médias est une preuve d'indigence. Cela témoigne du fait que la crise climatique est toujours considérée comme une crise parmi d'autres.
Mais elle est plus que cela.
Greta Thunberg le sait.
Peut-être devrions-nous à nouveau prêter plus d'attention à celle qui a ému et entraîné tant de personnes.
Car Greta est là, elle avertit, elle met en garde.