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«Envoie ta schneck à 3 contacts»: le jeu Picolo part en vrille

«Envoie ta schneck à 3 contacts»: le jeu Picolo part en vrille
Certaines incitations du jeu à boire Picolo font grincer des dents. Mais de nombreux utilisateurs adorent l'app.Image prétexte: Shutterstock

«Envoie une photo de ta schneck à 3 contacts»: le jeu à boire Picolo part en vrille

Picolo, vous connaissez? Il s'agit d'un jeu à boire digital apprécié des jeunes, qui permet de «briser la glace» en soirée. Mais certaines utilisatrices n'ont pas goûté à certains des gages proposés par l'appli, lesquels «banaliseraient les violences sexuelles».
02.01.2023, 10:1603.01.2023, 06:38
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Picolo, l'un des jeux à boire sous format digital le plus populaire auprès des jeunes, ne serait pas aussi «fun» qu'il y parait, révèle le site de BFMTV ce jeudi.

Picolo a été créé en 2015 par deux étudiants ingénieurs. Son public cible: des ados ou jeunes adultes (il faut être âgé d'au moins 17 ans). Le principe du jeu renvoie à une version moderne de «action ou vérité»: l'on inscrit les participants, qui doivent répondre à des questions, faire des gages, ou prendre des pénalités, autrement dit, prendre des shots ou des gorgées d'alcool.

Alors que l'application promet des «moments mémorables et fous rires assurés», plusieurs jeunes femmes remettent en question une partie de son contenu, lequel «banaliserait le harcèlement ou les violences sexuelles». Quelques exemples:

«Frotte ta tête contre les parties intimes de quelqu'un, 4 pénalités en cas de refus»
Picolo app
«Toucher la chatte à la (voisine)»
Picolo app
«Touchez le sexe de votre voisin ou voisine»
Picolo app
Capture d'écran
Capture d'écranpar BFMTV

Les incitations sont parfois ressenties comme peu ludiques, notamment pour Pauline*, qui confie à BFM avoir assisté à un jeu où «il fallait mimer une fellation devant tout le monde, passer cinq minutes avec quelqu’un dans une autre pièce», une «angoisse», pour l'étudiante.

Alcool et consentement

D'autres suggestions semblent aller plus loin, en encourageant les joueurs à franchir des barrières. Le consentement, en raison de la pression du groupe ou de l'alcool, n'est pas toujours au rendez-vous, selon Léna. «Je n’ai jamais vécu d’agression sexuelle dans ces jeux mais l’ambiance s’y prête trop à mon goût», explique-t-elle à BFMTV.

«Envoie une photo de ta bite ou de ta schneck à 3 contacts ou prends 2 pénalités»
Picolo app
«Prends-toi une belle olive, les deux mains-serrées dans le cul-cul par (un autre joueur) ou prends deux pénalités»
Picolo app

Certains internautes ont également pointé du doigt des gages faisant référence aux origines ethniques: «Tom doit prendre l'accent chinois/ 'Tom doit faire les yeux bridés jusqu'à la fin de la partie»; «Imiter l'accent congolais jusqu'à nouvel ordre»...

Pour Emilie, la version «caliente» de l'application, qui semble« s'amuser des violences sexistes», lui laisse un goût amer:

«Avez-vous déjà fait l'amour avec quelqu’un dont vous n'aviez pas envie, mais qui a insisté suffisamment?»
Picolo app

Interrogée par BFMTV, l'avocate Khadija Azougach, secrétaire générale de l'association Lawyers for Women, explique que le problème de telles incitations réside dans le fait qu'on ne donne pas explicitement le choix à l'autre.

(...) en l'absence de consentement, certaines des actions demandées ici sont clairement constitutives d'une agression sexuelle, voire d'un viol.
Khadija Azougach, Avocatebfmtv

Mise à jour régulière

Autre souci relevé par l'avocate, le fait qu'il est difficile de protéger les mineurs de certaines incitations.

En effet, selon les témoignages, les participants sont encouragés à boire même s'ils sont déjà déjà ivres morts, sont sommés de montrer la «personne la plus moche de la table» ou de s'acharner sur l'un des joueurs, en lui choisissant des surnoms «dégradants, voire crades» jusqu’à la fin de la partie.

«Une autre action invite les joueurs à s'en prendre à une "sous-merde": "Adressez-vous à lui/elle en l'insultant de tous les noms, il/elle n'a pas le droit de protester.»
BFMTV

Contactée, la direction de Picolo a assuré à BFMTV n'avoir «jamais été poursuivie en justice pour une quelconque affaire» et «n'avoir encouragé aucun comportement violent, raciste ou à caractère sexuel non consenti qui pourrait être répréhensible dans le cadre de la loi».

La société Marmelapp, qui a enregistré un chiffre d'affaires de plus de 14 millions d'euros en 2021, assure en outre avoir régulièrement trié le contenu «offensant ou inapproprié» au fil des ans.

*Prénoms d'emprunt

(jod)

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