Chose rare chez Kanye West: le rappeur fait passablement parler de lui, mais sans ouvrir la bouche. Ou presque. Une bruyante discrétion qui laisse ses groupies et ses détracteurs sur leur faim ou le qui-vive. Certes, rien à voir avec sa folle période not ok: sa passion soudaine pour Adolf Hitler, sa cagoule intégrale chez un ultra-conservateur un peu dinguo ou ses fringues White Lives Matter.
Mais la dernière fois qu'il s'est exprimé publiquement, de manière plus ou moins modérée (mais toujours aussi maladroite), c'était le 25 mars pour tirer, disait-il, un trait sur son antisémitisme: «Regarder Jonah Hill dans 21 Jump Street me fait à nouveau aimer le peuple juif».
Soit. Une rédemption qu'il avait rendue publique sur son compte Instagram et qui n'a que très moyennement convaincu. Instagram, c'est d'ailleurs ce réseau social qu'il traite de manière aussi lunatique que ses pseudonymes ou même, disons-le, la totalité de son existence. Pour faire court: on ne sait jamais si, au réveil, nous pourrons compter sur la présence de Ye au petit-déj. Alors qu'il fut de retour au début du mois de mars, cette nuit, notre homme a désactivé (une nouvelle fois) son compte. Sur ce point, il n'a pas grand-chose à envier à Britney Spears.
Lâché par Adidas, Gap ou encore Balenciaga depuis ses éloges douteuses pour le IIIe Reich, Kanye West s'était fait naturellement plus discret. Les médias américains, endurants, ont dû bûcher sec pour s'assurer qu'il était toujours en vie. Daily Beast, pour ne citer que lui, est parvenu à s'entretenir avec une partie de son entourage, notamment au sujet de sa course à la Maison-Blanche. Un projet qui a l'air de patauger dans du Mac & Cheese.
Trois raisons sont évoquées. D'abord, sa fine équipe de campagne, une joyeuse bande de masculinistes, provocateurs et membres de l'alt-right, sont embourbés dans de grasses brouilles financières et personnelles. Surtout, Kanye West lui-même se serait (déjà) lassé de pouvoir un jour diriger l'une des plus grandes puissances mondiales.
Sans oublier que le mariage secret avec sa collaboratrice et supposée nouvelle épouse Bianca Censori, occuperait une bonne partie de son esprit. Même si rien n'a encore été annoncé officiellement. «En ce moment, je vis ma vie, je me concentre sur l'école Donda Academy et ma nouvelle femme, et mes enfants. C'est tout», aurait-il simplement balancé à Adam Camacho, producteur d'un hypothétique documentaire sur la campagne présidentielle du rappeur, après plusieurs coups de fil infructueux.
Même si ça ne concerne pas directement notre homme, une nouvelle affaire hisse son nom au sommet des tabloïds. Le film biographique Jeen-Yuhs, produit et diffusé par Netflix en 2022 est dans la panade. C'est TMZ qui l'a annoncé ce mercredi 19 avril. Une femme de Chicago, du nom de Cynthia Love, a porté plainte en début de semaine contre les deux réalisateurs, Coodie Simmons et Chike Ozah. En cause, le documentaire utiliserait sans sa permission une séquence tournée il y a dix ans, dans le cadre du clip Through The Wire.
Payée à peine 20 dollars pour son apparition, elle-même dans un «état altéré» (vous aurez compris tout seul) au moment d'accepter la collaboration, cette femme s'avoue aujourd'hui choquée de découvrir qu'une version longue a été intégrée au montage de Jeen-Yuhs. Surout, sans toucher le moindre centime. Cynthia Love demande donc (au minimum) 30 000 dollars en dommages et intérêts.
Alors qu'il n'a toujours pas prononcé officiellement le moindre mot, une dernière galère s'est déposée sur ses épaules ce mercredi. Et elle concerne son école, la Donda Academy (baptisée ainsi en hommage à sa maman). Un établissement pas comme les autres, privé et chrétien, situé dans la banlieue semi-rurale de Los Angeles et fondé en 2022. Pour l'anecdote, profs et élèves ont l'obligation (la chance?) de porter l'uniforme Balenciaga conçu par le rappeur.
Début avril, une ex-enseignante a porté plainte contre la Donda et Kanye West pour «licenciement abusif et discrimination raciale». Elle en a rajouté une couche, mercredi dans Daily Beast, en affirmant que «les élèves ont un retard honteux en mathématiques». Mais ce n'est pas tout.
La semaine dernière, Cecilia Hailey, qui affirme toujours avoir été licenciée «en raison de sa race», a glissé à TMZ que les élèves étaient «exclusivement nourris aux sushis» et que des parents s'étaient plusieurs fois plaints auprès de la direction. Enfin, plus cocasse, Kanye West lui-même aurait interdit l'organisation de cours au deuxième étage «du fait de sa peur des escaliers». Sans oublier des lacunes au niveau de la sécurité des enfants, des problèmes de harcèlement concernant plusieurs élèves et un manque cruel d'infirmières scolaires.
La justice devrait bientôt pouvoir tirer tout ce cheni au clair, mais le mal est fait. Encore une fois. Kanye West, aussi discret soit-il en ce moment, semble toujours aussi talentueux lorsqu'il s'agit d'attirer les problèmes et de bonnes doses d'énergies négatives. Kim, tu veux bien reprendre en main le bonhomme? Allez...