Elle n'était plus à un buzz près. Depuis la mise en ligne de son dernier clip, Flowers, Miley Cyrus enflamme la toile et ses fans. Trois minutes et 21 secondes de saillies balancées à son ex-mari et amour de jeunesse, Liam Hemsworth. Un festival, entre le souvenir de l'incendie destructeur de leur maison à Malibu en 2018 et la date de sortie soigneusement choisie (le jour de l'anniversaire de Monsieur, le 13 janvier).
Vêtue d'une robe à capuche dorée et vintage signée Yves Saint Laurent ou d'un costard trop large mais très élégant, Miley avance, danse, nage, transpire et fait la folle, comme elle sait si bien le faire depuis plus de quinze ans.
Qu'il semble loin le temps où la «fille de» (en l’occurrence Billy Ray Cyrus, figure de la country des années 90) faisait le bonheur des mamans puritaines de toute l'Amérique.
Destiny Hope Cyrus, son nom de naissance, porte plutôt bien son vrai prénom. A huit ans, elle choisit son propre destin. «Papa, je veux être une actrice.» L'occasion se présente plus vite qu'elle ne l'aurait cru. Trois ans plus tard, Disney Channel met une nouvelle sitcom sur les rails, la célèbre Hannah Montana.
Et le pitch est simple: une ado, Miley Stewart, geek paria pour ses camarades de classe, se transforme en star de la pop sitôt la nuit tombée.
Parmi plus de 1000 candidates, les producteurs et dirigeants de Disney flairent quelque chose de spécial chez cette gamine du Tennessee: une bonne dose de confiance en soi, mais dépourvue d'arrogance, un sens du comique intuitif et une voix rauque de «grenouille».
En dépit d'un sérieux manque d'expérience, à l'exception de quelques leçons de théâtre et de rôles ici et là dans les pièces de l'école dans sa ville natale de Nashville, c'est un succès. Miley assure le job et devient la nouvelle coqueluche des Américains.
Quand la plupart des ados peuvent s'estimer satisfaits d'avoir roulé leur première pelle, à seize ans, celle qui est devenue officiellement Miley Ray Cyrus sur le papier, compte déjà à son actif une émission de télévision, une tournée à guichets fermés et un single.
On lui prédit un avenir «sur le long terme». Contrairement à une Britney Spears, une Demi Lovato ou une Lindsay Lohan, purs produits Disney dont la célébrité précoce a brûlé les ailes, Miley ne présente aucun signe de comportement autodestructeur. Tout au plus un premier scandale, cette couverture de Vanity fair à moitié dénudée et signée Annie Leibovitz.
«Une chose dont je suis très fière, c'est que j'ai lancé mon entreprise avant d'avoir mes règles», lance avec aplomb l'enfant-star devenue adulte, au magazine Forbes en 2021. Les fans de la première heure n'ont effectivement pas oublié l'anecdote selon laquelle Miley, vêtue d'un pantalon blanc, a eu ses premières règles lors du tournage d'un épisode d'Hannah Montana.
En 2010, Miley a grandi et rendu sa perruque blonde pour un nouvel album bien à elle, au nom sans équivoque: Can't be tamed (en français: «Ne peut être apprivoisée»). Dans le clip, l'oisillon de 17 ans sort de sa cage, brise ses chaînes et mute en une créature fougueuse et cuirassée.
Discrète entre 2010 et 2013, à l'exception de quelques apparitions dans American idol et couvertures de magazine, difficile d'augurer du cataclysme que nous réserve l'ancienne chouchoute de Disney. Il a pourtant un nom: Bangerz.
Armée d'une paire de ciseaux, d'une boule de démolition, de quelques godemichés et de hot-dogs gonflables surdimensionnés, une nouvelle Miley débarque. Prête à piétiner le passé et la bien-pensance avec son quatrième disque. Officiellement «l'album le plus schizo de l'année» selon le critique de The daily beast. Officieusement, son premier en tant que maîtresse de son destin.
Clou de la transformation d'Hannah Montana à l'une des récentes pop stars les plus «controversées»? Sa fameuse performance aux MTV Music Awards avec Robin Thicke, le 25 août 2013, qui provoque encore quelques sueurs indignées chez les plus farouches conservateurs.
L'événement restera gravé comme l'un des plus tweetés de tous les temps - pas moins de 360 000 tweets générés par minute.
Une décennie après avoir charmé l'Amérique, Miley, la «Madonna de la nouvelle génération», fume de l'herbe, fait entrer le mot «twerk» dans le dictionnaire, multiplie les provocations et clame fièrement sa pansexualité.
Deux ans après Bangerz, cette amoureuse des bêtes (qui confie avoir pleuré après avoir goûté son premier poisson au grill, mettant un terme à sept ans de véganisme strict), dédie un album concept et psychédélique à ses animaux de compagnie décédés. A défaut d'être techniquement bon, le bien nommé Dead petz est un «drapeau d'indépendance», conclut Rolling stone.
Confinée à Los Angeles avec ses quatre chiens en pleine pandémie de Covid, c'est une Miley Cyrus «plus introspective et plus tranquille» qui goûte à la musique et à la philanthropie, plutôt qu'aux drogues et à la fête.
Touche-à-tout, elle lance son propre talk-show sur Instagram où elle bavarde avec Reese Witherspoon, Alicia Keys, Elton John ou encore la démocrate Elizabeth Warren.
Musicalement parlant, cette «vieille âme», comme la décrit en 2020 un critique du New York times, embrasse «enfin son cœur rock'n'roll».
A voir ce que son prochain album, Endless summer vacation, prévu pour le 10 mars prochain, nous réserve. Mais connaissant Miley, ce sera certainement une grosse surprise.