Ils sont jeunes, Romands, et surtout, passionnés du Japon en général, et de mangas en particulier. Mettant en commun efforts et communautés respectives, ce collectif de dix âmes entreprenantes du cru a décidé de voir grand pour leur première édition: trois jours de festivités - du 25 au 27 août, des stands de nourriture, des animations, des projections de film d'animation, et même un concours de cosplay.
Le concept? «Il s'agit d'un voyage rapide vers le Japon traditionnel», explique le Genevois Nicolas, alias Nico Sekai, l'un des organisateurs. Une occasion en or pour le Youtubeur de s'immerger davantage dans son univers de prédilection - les animés - sur lequel il devise par écran interposé avec sa communauté de 200 000 fans sur la plateforme au logo rouge.
Pas moins de 1500 festivaliers par jour sont attendus au Kiyo Festival. Pourquoi ce nom? «Ça veut dire heureuse génération», nous avise son fondateur, Mathieu Jacquemoud. A 27 ans, ce Valaisan a le goût de l'aventure et le sens de l'organisation «dans le sang». Des qualités qu'il n'hésite pas à mettre à profit de ses passions.
Pendant plus de huit ans, le Martignerain a régulièrement jonglé entre son costume de conseiller en placements chez Raiffeisen et celui d'organisateur de cinémas «drive-in» - soit des projections de films en plein air auxquelles l'ont assiste depuis sa voiture. Son périmètre d'action? Toute la Suisse romande, «de Genève, jusqu'à Sierre».
Depuis quelque temps, un projet plus ambitieux a commencé à germer dans sa tête: un vrai festival, dédié au Pays du soleil levant, et à sa pop culture.
Son inspiration, il l'a trouvée sur les terres de Miyazaki, au détour d'un long périple de deux ans en Asie, qu'il a soigneusement documenté sur les réseaux. «Pendant la période Covid, j'ai décidé de tout plaquer pour me lancer sur les routes de Bali, l'un de seuls pays ouverts pendant la pandémie, avec ma copine. En parallèle, on s'est lancés sur les réseaux», relate l'ancien banquier reconverti en «Digital Nomad». De vidéo en vidéo, la sauce prend, à la grande surprise du principal intéressé, qui se décrit comme un introverti.
Et pourtant, en postant chaque jour de petites capsules vidéo capturant son périple, le Valaisan passe de 300 abonnés à 100 000 sur Instagram, et comptabilise désormais plus de 50 000 fidèles sur la plateforme détenue par ByteDance.
En mars 2023, le Romand fait un crochet de deux mois au Japon, et flâne avec bonheur à travers les «matsuri», ces festivals d'été prenant place dans de nombreuses localités nippones. Il songe bientôt à rapatrier un bout de ces fêtes populaires à domicile, pour les transformer en convention manga à ciel ouvert.
Au programme du Kiyo festival, donc, l'on trouvera à boire et à manger - pour de vrai. De petites baraques en bois couronnés de lampions - un clin d'œil à l'atmosphère tokyoïte - distribueront ramen, «bubble teas» ou autres mets exotiques. Initiés ou simples curieux pourront profiter d'un cinéma open air, de concerts reprenant les musiques d'openings cultes, et d'une conférence de Gregory Laisné, doubleur d'animés francophone. Les fans les plus hardcores pourront sortir leurs plus belles tenues durant le week-end, puisqu'un concours cosplay sera organisé.
Une petite touche manque, peut-être: un artiste ou créateur venant tout droit...du Japon.
«Pour notre première édition, ce n'était malheureusement pas possible de faire venir quelqu'un de là-bas, plaide Mathieu, qui articule un budget de près de 100 000 francs rien que pour ce lancement. On a tous entre 24 et 27 ans dans le comité, et on a déjà dû mettre beaucoup de nos propres ressources. Peut-être pour la prochaine édition?» Le collectif se dit déjà heureux d'avoir bénéficié d'un coup de main de la commune de Gland qui leur fournit l'emplacement - un énorme terrain - de façon gracieuse.
On ne peut s'empêcher, avant de le quitter, de taquiner le Valaisan: le Japon, ça a vraiment toujours la cote auprès des jeunes, face à la tornade sud-coréenne? Oui, bien sûr, s'exclame sans hésiter Mathieu. «A voir l'affluence massive au sein des conventions, on peut clairement dire que les Suisses adorent le Japon!»