Il y a un adage de pêcheurs qui dit qu'on n'oublie jamais son premier poisson. Pour Daniel Nuzum, qui vit en la Floride, sa première prise a de quoi marquer sa mémoire. Alors qu'il effectuait une initiation dans le sud de la Floride le 5 janvier, le jeune homme n’en a pas cru ses yeux lorsqu’il a vu, au bout de sa ligne, un poisson-scie (Pristidae) de près de 4 mètres de long.
Cet animal préhistorique de la famille des raies est l’un des poissons les plus impressionnants et difficiles à observer. Bien que cette espèce soit classée en danger critique d'extinction par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). En 30 ans, la population de poissons-scies tidents (Pristis pectinata) aurait ainsi été réduite de 95%, la côte sud de la Floride est l'un des rares bastions restants de leur population.
Le poisson-scie n'est pas resté à l'air libre très longtemps. l'animal a été relâché et les pêcheurs ont signalé leur prise à la Florida Fish and Wildlife Conservation Commission. Un geste intelligent, puisque toutes les espèces de la famille des Pristidae sont en danger. Mais qu'il soit rare ou non, le poisson aurait dans tous les cas été relaché dans son élément naturel car cela correspond à la philosophie de capture et de remise à l'eau que les pêcheurs ont adoptée lors de leur sortie.
«La capture et la remise à l'eau» (catch & release) est un type de pêche à la ligne né aux Etats-Unis qui consiste à relâcher les poissons après les avoir capturés. Les organisations de protection des animaux comme PETA jugent cette méthode comme une cruauté envers les animaux. La plupart des poissons ont la mâchoire perforée par un hameçon, les animaux relâchés subissent un stress intense et meurent dans de nombreux cas.
La pêche «avec la ferme intention de relâcher le poisson» est d'ailleurs interdite en Suisse. Ici aussi, la raison en est le bien-être des animaux. En effet, pour la législation, les poissons ne doivent pas être exposés à un stress mortel pour le plaisir. La législation est néanmoins souple puisque L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) précise toutefois qu'en principe, chaque poisson survivant a une importance écologique pour sa population. Tout poisson massif et capable de survivre après sa capture peut donc être relâché. Une décision au final qui revient au pêcheur.