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Ecologie: Peut-on sauver la planète sans détruire la démocratie

Ecologie: Peut-on sauver la planète sans détruire la démocratie
Le serment du Grütli.Image: shutterstock
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Peut-on sauver la planète sans détruire la démocratie?

Dans une déclaration aux accents prophétiques, le président français Emmanuel Macron a décrété la fin de l'abondance. Cela vaut pour la Suisse comme pour toute nation développée. Sauf que nous nous y étions habitués, à l'abondance. Comment allons-nous gérer, politiquement, l'inévitable manque?
01.09.2022, 18:4002.09.2022, 17:56
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L’idée trace sa route: demain (ça commence aujourd’hui), il va falloir vivre plus sobrement. Vivre? Consommer. La consommation – notre nourriture, notre habitat, nos vêtements, nos transports, nos loisirs – puise dans les sols et produit du CO2, contribuant au réchauffement climatique, dont on voit les effets, ici inquiétants, ailleurs dévastateurs, sur l’environnement.

Nos démocraties, celles – il n’y en a pas d’autres de valables à ce jour – fondées sur la liberté individuelle, survivront-elles à l’impératif de la sobriété, à la raréfaction progressive, qu’elle soit choisie ou imposée par les circonstances, des biens et des services aujourd’hui disponibles?

En effet, sur quoi repose le contrat démocratique? Sur un ensemble de conventions: des élections pluralistes à intervalles réguliers, le respect des décisions majoritaires, la protection des minorités et des plus faibles, la solidarité à travers l’impôt, la défense du territoire, etc.

Mais aussi, et c’est plus ou moins tacite, sur la possibilité pour chacun d’un accès illimité à des richesses illimitées. Savoir que l’on peut, durant son passage sur Terre, être aussi riche que le plus riche des individus, quand bien même cette vision-là ne serait pas notre idéal d’existence, contribue à la stabilité du système démocratique.

C’est en partie sur cette promesse de richesse, associée au bonheur, que fonctionne la démocratie américaine. Et cela n’est au fond pas bien différent de ce côté-ci de l’Atlantique.

Mais qu’en sera-t-il lorsqu’il apparaîtra, et cette prise de conscience commence à faire son office, qu’il n’est plus possible de vivre avec un crédit illimité sur la nature, que nous devons réfréner nos besoins, nos envies, nos pulsions de consommation incarnée par des marques, toutes ces choses qui adoucissent, rendent supportable, pensons-nous, la dureté de la vie?

Les «riches» dans le collimateur

Pour commencer, nous n’accepterons sans doute plus que les «riches» s’autorisent certaines jouissances. Non parce que nous n’en aurions pas nous-mêmes les moyens financiers, mais parce que le pouvoir politique, avec le consentement du peuple ou du parlement dans le meilleur des cas, aurait imposé des limites au commun des mortels, rendant à jamais inimaginable la probabilité d'un train de vie de nabab jusqu’ici théoriquement atteignable, et caduc le train de vie qui était le nôtre jusqu'à présent.

On voit ainsi, en France, une sorte de consensus se former pour interdire, du moins restreindre l’usage des jets privés, ces «jouets» de millionnaires, et pour taxer les «super profits».

Mais demain, peut-être ne nous contenterons-nous plus de «taper» sur les très riches et nous tournerons-nous vers les demi-riches, ceux qui ont «plus» ou «un peu plus» pour calmer en nous des frustrations nées de l’impossibilité politique de jouir comme on veut et autant qu’on veut de la nature.

Le carbone, deux siècles d'abondance

L’énergie carbonée, ces deux derniers siècles, a rendu possibles, théoriquement là encore, l’insouciance et l’abondance, dont le président français Emmanuel Macron, tel un prophète du présent, a, le 24 août, annoncé «la fin». Derrière la grandiloquence du propos, la justesse, sinon l'évidence, sûrement, de celui-ci.

La consommation, même à petit prix, pourvu qu’elle soit abondante – on pense à la nourriture bon marché, aux vols low-cost, entre autres –, rendait supportables des inégalités de faits. Si demain ces produits de masse sont comptés ou pour certains disparaissent parce que leur empreinte carbone est trop élevée, comment compenserons-nous notre sentiment d’insatiété?

Le retour du religieux?

Un monde plus sobre préfigure un monde plus égalitaire, avec plus de contraintes et de contrôles, qu’ils émanent de l’Etat ou de communautés d’individus. Un monde où le religieux, la spiritualité, les superstitions, qui sait, feront leur retour en tant que normes régulatrices, en lieu et place, partiellement ou totalement, du contrat social né des Lumières, qui a émancipé les individus des lois divines. Certains, notamment des écologistes, appellent de leurs vœux ce retour à une forme d’ordre naturel dicté par les limites, d’autres, parmi eux des partisans de l'énergie nucléaire, le craignent. Une question, on le voit, très actuelle.

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