Les Toraja sont une ethnie indonésienne chez laquelle, dès l'enfance, on apprend aux plus jeunes qu'un mort, un Toma Kula, doit être traité comme un malade. On lui offre à boire, à manger, de nouveaux vêtements, on l'aide même à fumer des cigarettes.
Le corps sans vie est entretenu ainsi pendant des mois, voire des années, jusqu'à ce que la famille ait les moyens de lui offrir des funérailles. Mais après celles-ci, les morts sont régulièrement exhumés pour le Ma'nene: l'occasion pour les plus jeunes de rencontrer leurs ancêtres, de faire des photos avec eux et de faire la fête entre vivants et morts. Avant de les enterrer à nouveau avec leurs objets préférés - avant la prochaine exhumation.
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— Claudio Sieber (@ClaudioSieber) September 3, 2017
Au Vietnam, on considère, comme dans de nombreuses autres cultures, qu'il y a une vie après la mort. Pour rejoindre cette autre vie, on place dans la bouche du défunt un peu de riz et des pièces de monnaie, censées lui permettre de payer son voyage. L'enterrement s'accompagne de trompettes et de tambours.
Dans le nord du pays, pour passer dans l'au-delà, le mort est exhumé, trois à quatre ans après son inhumation. Son squelette est nettoyé, puis les os sont emballés dans de la soie, placés dans un coffre et remis en terre. Cet enterrement est beaucoup plus sobre que le premier, mais revêt une importance particulière: on considère que les os sont l'abri des âmes et des esprits des défunts.
Ces funérailles dites célestes consistent à offrir les corps des morts aux vautours, considérés comme des sortes d'anges à Lhassa. Ce sont eux qui permettent le lien entre la terre et le ciel. Chez les bouddhistes, le corps et l'âme sont deux choses différentes; ainsi, quand l'âme a quitté le corps, ce dernier n'est plus qu'une enveloppe, qu'il n'est pas indécent d'offrir aux oiseaux.
C'est même un cercle vertueux: en nourrissant les vautours, ce sont des vies d'animaux qui sont épargnées. Cette coutume est protégée par les locaux, les touristes n'y ont pas accès. Des rites similaires ont aussi lieu en Mongolie, au Népal et en Inde.
C'est suite au famadihana (retournement des morts) que les âmes des défunts peuvent enfin rejoindre le monde des ancêtres dans certaines régions malgaches. Le rituel veut que l'on déterre les corps, qu'on les enveloppe dans de nouveaux tissus, qu'on les promène en dansant avant de les réenterrer.
La tradition tend toutefois à se raréfier pour plusieurs raisons: à cause de son coût, de l'influence occidentale sur les enterrements, mais aussi pour des questions sanitaires. Selon les autorités, après chaque période de famadihana, les épidémies de peste pulmonaire grimpent, les bactéries responsables de la maladie restant actives et dangereuses des années après le décès.
Berceau du blues et du jazz, la ville en Louisiane a longtemps fêté ses morts en musique: une fanfare jouait lors de la marche entre le domicile des proches du défunt, l'église et le cimetière. Une tradition qui tient ses origines d'un beau melting-pot, comme la ville elle-même: influences de pratiques spirituelles africaines, françaises, espagnoles... Les funérailles en musique, organisées par et pour des habitants liés de près ou de loin à l'industrie musicale de La Nouvelle-Orléans, étaient assez courantes au début du 20e siècle.
Mais l'Eglise catholique a fini par mettre son veto, si bien que seuls les Afro-Américains protestants ont continué à enterrer leurs morts au son des fanfares au milieu du 20e siècle. Après les années 1960, la musique a repris ses droits sur les frontières ethniques et religieuses, et les funérailles en musique ont recommencé à faire vibrer les vivants et les morts de La Nouvelle-Orléans.
Plus que de simples cercueils, ces Abeduu Adekai sont des œuvres d'art colorées, réalisées sur mesure par des menuisiers hautement qualifiés. Si cette tradition est relativement récente (cette pratique remonterait aux années 1940, près d'Accra), elle est aujourd'hui assez répandue.
Le cercueil est fabriqué à l'image du défunt, il peut prendre la forme d'une voiture, d'un animal, d'un aliment ou de tout autre objet représentant la vie, les rêves ou les passions de son propriétaire. Les enterrements ont généralement lieu le samedi. Le dimanche, les familles vont à l'église et le lundi, elles comptent ce que les funérailles ont coûté et les dons reçus à cette occasion, qui permettent de financer une partie du cercueil.
C'est une tradition qu'on retrouve à travers le monde et les époques. Le rôle des pleureuses (parfois des pleureurs, mais c'est plus rare) est, comme son nom l'indique, de pleurer. Elles sont engagées lors des funérailles pour feindre le chagrin, car plus les lamentations sont intenses, plus l'hommage est grand.
Les premières pleureuses remontent à l'Egypte antique; on a aussi retrouvé des traces de cette pratique en Grèce antique, en Irlande et en Ecosse au Moyen Âge, ou encore aujourd'hui en Côte d'Ivoire ou dans certains pays d'Asie, comme en Inde ou en Chine. Le travail des pleureuses est particulièrement important dans les familles de haut rang, où exprimer ses émotions en public est assez mal vu. En Chine, pudeur oblige, même les classes moins aisées font appel à des pleureuses, même si la tradition se raréfie.