Après le nouveau record du monde de l'heure (49,254 km) établi par Ellen van Dijk lundi, deux questions se posent: qui pourra la battre? Et pourquoi la piste du vélodrome de Granges est-elle rapide, au point que plusieurs coureurs cyclistes l'ont déjà choisie par le passé, et continuent de s'y rendre pour des tentatives de record?
Comme il est impossible de répondre à la première interrogation, on a choisi de s'intéresser à la deuxième en appelant Daniel Gisiger.
Alors, pourquoi Granges? «D'abord, parce que c'est un endroit très souvent disponible, commence celui qui connaît par coeur le vélodrome alémanique pour y avoir travaillé lorsqu'il était à la tête des pistards suisses. Ce n'est pas toujours le cas ailleurs. Les pistes couvertes sont parfois gérées par des structures privées qui doivent rentabiliser le bâtiment, et organisent divers évènements comme des spectacles. À Granges, c'est une fondation qui s'occupe de la piste. Son but est de faire vivre le vélodrome, pas seulement la structure.»
Ellen van Dijk a pu organiser son calendrier de façon à courir avant le Tour de France féminin et lors des mois plutôt chauds (ce sera le 23 mai), ce qui n'est pas anodin. «En hiver, la piste est moins rapide qu'en été, quand le bois est bien sec, nous apprend M. Gisiger. C'est un phénomène qu'on a aussi observé à Aigle, où des records ont été battus.»
Le vélodrome a un autre avantage «naturel», mais difficilement explicable:
Des cyclistes qui, pour la plupart, viennent d'Europe. Une tentative à Granges est pour eux moins coûteuse et moins contraignante logistiquement qu'un périple mexicain à Aguascalientes, où le vélodrome est aussi réputé rapide. Or c'est souvent le coureur qui prend en charge les frais d'un record de l'heure.
Bien sûr, d'autres pistes rapides existent en Europe, comme au Portugal (Anadia), en Angleterre (Manchester) ou en Italie (Montichiari), mais les Hollandais ont développé un attachement particulier pour Granges et son vélodrome, qui abrite un hôtel et n'est situé qu'à 20 minutes des espaces d'entraînement de Macolin.
«Granges est devenu leur piste fétiche, observe Daniel Gisiger. Les sprinters, comme le double champion olympique Harrie Lavreysen, adorent venir ici. Ils ont une très bonne relation avec les gérants du vélodrome. Ils s'y sentent comme chez eux.»
Ceux qui ne sont pas Hollandais sont aussi séduits. Ils ont tous entendu parler de Granges, et de cette piste qui a permis à des coureurs aussi prestigieux que Jens Voigt (2014) et Rohan Dennis (2015) de battre successivement le record du monde. Des résultats qui ont fait la réputation du lieu, et attirent les chasseurs de temps du monde entier.
Adaptation d'un texte paru le 14 avril 2022 sur watson.