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Mondiaux d'athlétisme: la France prive 27 sportifs par «fainéantise»

Pascal Martinot-Lagarde lors des Championnats du monde 2019.
Pascal Martinot-Lagarde lors des Championnats du monde 2019.

Par «fainéantise», la France prive 27 sportifs de Mondiaux d'athlétisme

La délégation française aurait «volontairement oublié» de désinscrire les athlètes qu'elle n'a pas retenus pour la compétition à Eugene (du 15 au 24 juillet), privant ainsi des sportifs d'autres pays de participer.
06.07.2022, 18:5107.07.2022, 07:21
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C'est une histoire qui embarrasse certains, en fâche d'autres, et que le coach suisse du demi-fond, Louis Heyer, a révélé mercredi matin après avoir épluché la liste des participants aux Mondiaux d'Eugene (USA) la semaine prochaine. Pour comprendre «l'affaire», il faut d'abord expliquer les modalités de sélection pour la prestigieuse compétition. «Il y a des minimas et un système de ranking», pose Heyer. «Prenons par exemple le 800 mètres et imaginons que World athletics (réd: anciennement appelée Fédération internationale d'athlétisme) définisse qu'il y aura 48 sélectionnés pour cette épreuve. Elle impose ensuite des minimas à atteindre pour se qualifier. Si 20 athlètes les atteignent, il restera encore 28 places disponibles. Celles-ci seront attribuées selon un système de ranking.»

La plupart des pays suivent les minimas imposés par World athletics (WA) mais pas la France. Nos voisins ont décidé de fixer leurs propres minimas, encore plus sévères que ceux de la Fédération internationale. Dans quel but? «Je ne sais pas. C'est un peu bête mais ça leur appartient», dit Heyer. «J'imagine qu'ils ne veulent envoyer que des athlètes performants et pas ceux qui risquent de se faire éliminer au premier tour.» Précision utile: la Suisse imposait elle aussi ses propres minimas jusqu'en 2009, avant de changer de système, ce qui a favorisé son essor sur la scène internationale. «On voulait donner des chances à tout le monde. Nos athlètes se sont dit soudain qu'ils pouvaient réussir de grandes choses et cela a donné une dynamique incroyable.»

Louis Heyer lors des Mondiaux à Doha.
Louis Heyer lors des Mondiaux à Doha.

Les qualifications pour les Mondiaux à Eugene se sont terminées le 26 juin dernier. Les pays qui imposaient leurs propres minimas avaient jusqu'à cette date pour contacter WA et transmettre les noms des athlètes qu'ils ne sélectionneraient pas. En résumé: ceux qui avaient réussi les minimas de la Fédération internationale mais pas de leur pays.

World athletics allait ensuite retirer tous ces athlètes de ses listes (n'ayant pas été retenus par leur pays, ils ne pouvaient pas participer aux compétitions) et inviter les viennent-ensuite de sorte que, par exemple, les 48 places au départ du 800 mètres soient toutes attribuées.

Le problème, c'est que la France a oublié de transmettre les noms des futurs absents. «Ou plutôt: elle ne l'a activement pas fait», corrige Louis Heyer. Pourquoi? «C'est de la fainéantise administrative», suppute le coach national. Une légèreté qui a des conséquences sur de nombreux sportifs d'autres pays: selon les calculs du Biennois, 27 athlètes français de plusieurs disciplines ont été automatiquement inscrits par World athletics aux Mondiaux alors qu'ils ne viendront pas. Autant de places qui auraient pu être attribuées aux viennent-ensuite.

Le règlement est en effet clair: aucun ajout de noms ne peut être effectué au-delà de la date limite du 26 juin

«Il y aura donc des trous dans les listes de départ de plusieurs disciplines», résume Louis Heyer, qui fustige «un manque de respect et de fair-play vis-à-vis des autres nations. C'est honteux!»

On pourrait imaginer qu'en empêchant d'autres athlètes de participer, la France s'évite ainsi des adversaires. Sur la forme, c'est vrai. Mais pas sur le fond: ceux qui auraient été repêchés par WA auraient été des athlètes de toute fin de classement. Aucun d'eux n'aurait visé de médailles, et donc n'aurait pu être un rival pour les Bleus.

Des Suisses ont-ils été prétérités par la «fainéantise administrative» de nos voisins? «Non», assure Louis Heyer, qui s'exprime davantage en amoureux de l'athlé qu'en coach national du demi-fond. Il sait désormais que sa prise de parole ne changera rien et que les 27 places laissées vacantes par la France ne seront pas réallouées. S'il parle, c'est pour que le système de qualifications change. «C'est un système boiteux. Les pays ne devraient pas avoir besoin d'annoncer les athlètes qu'ils ne veulent pas qualifier. Il faudrait faire le schéma inverse: à la fin des qualifications, chaque nation transmet la liste de ceux qu'elle a choisi de conserver et qui ont réussi les minimas de la Fédé internationale.»

Joint par téléphone, Romain Barras, le directeur technique national de l'athlétisme français, n'a pas répondu à nos sollicitations.

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