Voilà une bonne semaine que plusieurs nations européennes ont renoncé à porter le brassard «One love» au Qatar. Les sanctions de la Fifa étaient trop dissuasives. L'institution ne veut pas vexer le pays hôte avec des messages politiques qui lui sont désagréables. Malgré tout, l'ex-international britannique Alex Scott, la commentatrice de la ZDF Claudia Neumann et la ministre allemande de l'Intérieur Nancy Faeser, notamment, ont porté le brassard pendant des matchs au Qatar, à titre personnel.
Le brassard «One love» n'est pas le seul dont les gens parlent à Doha. De plus en plus de Qataris en portent un tout autre. Ces brassards sont visibles sur les réseaux sociaux, mais ils l'étaient aussi pendant le match contre le Sénégal.
Game day ready 🇶🇦 🇵🇸 pic.twitter.com/2VuhY3KTua
— عبدالله الدرويش (@abdulladarwish1) November 25, 2022
Qu'y a-t-il derrière ce message? «Palestine», nous a répondu un supporter qatari au stade Al Thumama. «C'est le drapeau de la Palestine.» L'homme tient à exprimer son soutien aux Palestiniens dans le conflit avec Israël, dit-il. «C'est normal ici au Qatar.»
Interrogé sur le brassard «One love», il répond de manière amicale mais déterminée: «Cela ne convient pas au Qatar. Vous devez accepter nos règles. C'est du sport et pas de la politique». Il refuse de considérer que son brassard pro-palestinien soit également une déclaration politique. «Le drapeau palestinien fait partie de notre culture, il ne transgresse pas les règles.»
Un élément à garder à l'esprit lorsque l'on considère le message de soutien à la Palestine: il ne s'agit pas d'une réponse directe à la controverse sur «One love». Avant même la Coupe du monde, le Qatar avait lancé une campagne sur ce sujet. Le point de départ était, entre autres raisons, un accord entre les gouvernements d'Israël et du Qatar: pour la première fois dans l'histoire, des vols directs entre Tel-Aviv et Doha sont autorisés. Environ 10 000 fans israéliens étant attendus à la Coupe du monde, certains Qataris ont décidé d'afficher leur solidarité avec la Palestine.
Des rumeurs ont même circulé sur les réseaux sociaux selon lesquelles le capitaine du Qatar, Hassan Al-Haydos, porterait les couleurs palestiniennes sur son brassard lors du match d'ouverture contre l'Equateur. Mais la Fifa a démenti, déclarant à l'agence de presse Reuters qu'aucune demande de ce type n'avait été formulée.
Ainsi, les brassard pro-Palestine ont-ils été conçus indépendamment de «One love». Mais dans le même temps, le morceau de tissu aux couleurs LGBT a incité certains Qataris à porter le «leur» plus ostensiblement. Il convient de mentionner qu'il en existe plusieurs variantes: certains ressemblent au drapeau palestinien, d'autres sont très simplement en noir et blanc. Lors du match Allemagne - Japon, même les VIP qatariens portaient la version sobre.
الشارات الفلسطينية حاضرة على ايدي القطريين pic.twitter.com/3T6awxaAnQ
— حمد لحدان المهندي (@hamadlahdan) November 23, 2022
Pour le coup, il faut probablement interpréter cette action «collective» comme une réponse directe à Nancy Faeser, qui portait le brassard «One love» dans la même enceinte.
Selon l'évolution du débat, les Qataris pourraient intensifier la riposte lors du troisième match de leur équipe nationale contre les Pays-Bas. Pour rappel, l'équipe «Oranje» figure parmi les plus farouches partisanes du brassard «One love» et avait revendiqué le droit de le porter.