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Hinault: «Les Français feraient mieux d'aller s'entraîner»

En 2004, Bernard Hinault serre la main de Lance Armstrong sur le podium protocolaire, une période que le "Blaireau" n'appréciait pas spécialement.
Bernard Hinault (à droite) serre la main de Lance Armstrong (à gauche), ici en 2004. Image: Keystone

Hinault: «Les Français feraient mieux d'aller s'entraîner»

Au micro de la RTS, le légendaire cycliste tricolore parle de cette nouvelle génération dorée et d'un cyclisme à nouveau spectaculaire. Surtout, il dézingue un manque d'implication en France et un cruel manque d'ambition.
26.05.2022, 14:1727.05.2022, 08:53
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Invité lors de l'Etape Gourmande du Tour de Romandie vendredi dernier à Montreux, Bernard Hinault a fait un petit crochet en Valais, chez son pote Gaby Micheloud, ancien chef de l'Office Jeunesse et Sport auprès de l'Etat du Valais. L'émission «Sport Première» de la RTS a profité de lui tendre le micro, et lui de répondre à «bâtons rompus».

Le «Blaireau» évoque une nouvelle génération aux dents longues, un plaisir retrouvé après des années où les courses demeuraient statiques et peu spectaculaires.

S'il évoque d'entrée de jeu l'importance d'avoir «un gros moral» et la passion (obligatoire) pour conquérir de grandes épreuves, l'entretien dévie sur le cyclisme actuel qui n'a plus froid aux yeux.

Hinault explique qu'une nouvelle génération est venue rebattre les cartes. «Depuis 2-3 ans, les Evenepoel, Van Aert, Van der Poel, Pidcock, Pogacar, ils sont partout. J'ai beaucoup d'admiration pour eux. Ils sont comme nous à l'époque, ils peuvent tout faire.»

«Il y a beaucoup de coureurs à qui nous expliquons qu'ils peuvent gagner le Tour. C'est du pipeau. Mais gagner des étapes, des classiques; allez-y! Au moins ça, c'est pour la vie»

L'homme aux dix Grands Tours avoue que sa passion est revenue avec celle d'une nouvelle génération qui ne se pose pas de questions. Il est même sous le charme.

«Tout le monde se demande pourquoi Van der Poel court ainsi. Les suiveurs sont nombreux à tenter de cerner sa tactique. Il n'en a rien à foutre de la tactique, il a juste envie de s'amuser. Chacun fait sa course comme il entend, et c'est tant mieux»

Foncer sans se retourner, laisser ses poumons sur le bitume, des tentatives au long cours, le Français est heureux de voir une philosophie qui change des dix ou quinze dernières années, où les tactiques de course étaient cadenassées - clin d'oeil à la domination du Team Sky ou à la grande époque des US Postal. Le quintuple vainqueur du Tour de France sent un nouvel élan sur le cyclisme.

«Avant, les gens regardaient les dix derniers kilomètre devant leur téléviseur. Aujourd'hui, ils vont regarder cent bornes»

Bernard Hinault souligne également la nouvelle mentalité dans les pelotons. Un facteur qui, d'après lui, manque à ses compatriotes dans le vélo.

«Au niveau de l'entraînement, on ne pousse pas au maximum. Et paradoxalement, on a trop d'équipes en France et pas assez de concurrence. On a dix formations entre la première et la troisième division. Tout le monde a sa place. Admettons qu'il y en a deux fois moins, les coureurs qui sont à la traîne, ils vont se défoncer pour obtenir une place dans un effectif. Bizarrement, les cyclistes français à l'étranger, ils marchent. Ce n'est pas une question de dopage. Dans une formation étrangère, si t'es pas bon, tu rentres à la maison. Et en fin d'année, t'es viré. C'est simple.»

L'autre thème abordé par Hinault est lié à la condition physique et au ménagement des jeunes coureurs professionnels. Sont-ils capables de suivre ou vont-ils se fatiguer? «On verra dans deux ou trois ans. Je pense que les Pogacar ou Bernal ont les capacités physiques pour être compétitifs plusieurs années.»

Si le «Blaireau» parle de la compétition comme «fabuleuse», c'est surtout son humilité et sa passion pour la petite reine qui transpirent de cette interview à la RTS. Tout est dans l'attitude, dans l'instinct, dans le plaisir de courir, semble-t-il expliquer. «Tous les anciens ont envie de retrouver ce cyclisme que nous avons fait. On a envie que les jeunes le pratiquent de la même manière que nous auparavant. Qu'ils nous fassent rêver!»

Il avoue un gros faible pour Tadej Pogacar, qui prend le vélo comme un jeu.

«Quand tu joues, tu fais des coups que tes concurrents ne comprennent pas»

Une nouvelle génération qui le (re)fait vibrer, le retour d'un panache qu'Hinault et Eddy Merckx incarnaient dans leurs grandes années. Cash, il profite d'attaquer les cyclistes français qui ne se remettent pas en question et ont peur d'aller au charbon:

«Nos Français, dans les équipes étrangères, arrivent à faire des numéros et aller chercher des victoires. Quand on prend le cas Christophe Laporte, dans sa nouvelle équipe Jumbo-Visma, il est envoyé trois semaines en stage et il se plaint d'avoir été privé de sa famille. Il faut savoir ce qu'il veut: il est coureur ou il veut passer du temps en famille. Aujourd'hui, comme par magie, il marche comme un avion. Certains coureurs tricolores disent: faut que je rentre parce que je dois aller chercher les enfants à l'école. Ils feraient mieux d'aller s'entraîner.»

L'homme que le milieu taxait (un peu) de vieux con, pose un regard critique; l'oeil du champion, vieillissant mais loin d'être sénile, est précis et salvateur. (svp)

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