Cette année-là, les «Three Lions» figurent parmi les favoris, notamment dans leur groupe composé de l’Allemagne et des supposés plus faibles Portugais et Roumains. Devant, les Anglais peuvent compter sur l’expérimenté Alan Shearer et sur l'étoile montante du football anglais, Michael Owen, tous deux servis au milieu de terrain par la superstar David Beckham. On joue en 4-4-2, certes, mais ce trio fait rêver.
Tout commence bien pour l’Angleterre puisqu’après 18 minutes de jeu contre le Portugal, c’est déjà 2-0, avec notamment un David Beckham à son top qui distribue des passes dans tous les coins. Mais les Anglais se mangent une remontada sauce portugaise (défaite 3-2) avant de relever la tête contre l’Allemagne (1-0) puis de perdre 3-2 contre la Roumanie. Les «petits» Portugais et Roumains finissent aux deux premières places. Football was not coming home, again.
Nous sommes en 2004 et Cristiano Ronaldo est encore un adolescent boutonneux. Le Roi de Lusitanie s’appelle Luis Figo et il démarre la compétition aux côtés de Simao Sabrosa et Pauleta dans le trio offensif portugais. Les Lusitaniens se broutent lors du premier match en perdant contre la Grèce malgré un but du remplaçant CR7. Le petit prince de Madère gagne alors sa place dans le onze et le Portugal se met à gagner.
Ronaldo marquera deux buts, deux de plus que Figo et Pauleta réunis. Le Portugal devra s'en remettre à ses «Olivier Giroud» Nuno Gomes et Helder Postiga pour battre l’Espagne et éliminer l’Angleterre. On préfère ne même pas mentionner la finale, véritable tragédie grecque au Portugal.
La «hype» en 2004, ce n’était pas encore la Belgique ou l’Islande mais bel et bien la République tchèque qui possédait une génération phénoménale: le jeune Petr Cech au but, une défense emmenée par le sublime Marek Jankulovski et surtout une ligne d’attaque avec Pavel Nedved, Jan Koller, Milan Baros ou encore Vladimir Smicer, sans oublier la légende Karel Poborsky. Avec Tomas Rosicky en 10, rien que ça.
Cette équipe va marcher sur l’Europe en battant la Lettonie, la Hollande (dans un match fou), l’Allemagne et le Danemark, avant de tomber face à la Grèce (1-0) sur une tête du terrible Traianos Dellas.
En 2008, l’Espagne entame son deuxième règne sur le monde, pendant trois compétitions internationales d'affilée. En Suisse et en Autriche, le «tiki-taka» espagnol est ponctué par un trio d’attaque composé de David Villa, Fernando Torres et du très élégant David Silva.
L’Espagne déroule grâce à son trio offensif et à son milieu de terrain fantastique formé par Xavi, Iniesta et Fabregas. Deux ans plus tard, ces mêmes hommes formeront un double trio magique et deviendront champions du monde.
Les Français sont vice-champions du monde et préparent l’Euro à Châtel St-Denis dans une ambiance exécrable. En attaque, ils alignent Franck Ribéry, Karim Benzema et Thierry Henry. Très prometteur.
Mais les hommes de Raymond Domenech passent totalement à côté de leur tournoi. Ils s’inclinent notamment 4-1 contre la Hollande et 2-0 contre l’Italie. Pas de quoi attrister ce bon vieux Raymond qui préfère demander sa femme en mariage face caméra, après l’élimination de son équipe, plutôt que rendre des comptes à son pays. Forcément, ça passera moyennement aux yeux du grand public.
Bon, on triche un peu parce que ces trois-là n’évoluaient pas vraiment ensemble en 2008 quand la Russie est venue briller entre les montagnes suisses et autrichiennes. Mais comment ne pas citer cette équipe dans le top 10 ?
Emmenés notamment par un Archavine éblouissant, les Russes impressionnent en battant la Grèce et la Suède, mais surtout en éliminant les favoris hollandais 3-1 en quart de finale. Roman Pavlyuchenko inscrit trois buts, trois de plus que Dimitri Sychev qui vit, lui, un tournoi bien plus compliqué, perdant même sa place de titulaire au fil des matches.
Les Néerlandais deviennent vite les favoris de la compétition et l’équipe préférée des footix. Au premier tour, ils démontent l’Italie 3-0, la France 4-1 et la Roumanie 2-0, avant de s'incliner contre l’autre équipe en forme du tournoi, la Russie, en quart de finale.
L’armada offensive hollandaise est stratosphérique avec en plus des trois cités dans le titre, Robin van Persie, Dirk Kuyt ou encore Rafael van der Vaart. Difficile de réaliser que cette génération n’aura finalement rien gagné.
Le «tiki-taka» règne depuis 2008 sur le monde du football quand les Espagnols débarquent en Pologne et en Ukraine, auréolés de leur titre de champions du monde deux ans plus tôt.
En 2012, ils vont nous sortir une nouvelle variante avec ces fameuses compositions sans véritable attaquant où Fabregas, David Silva et Andres Iniesta officient, chacun leur tour, à la pointe de l'attaque espagnole. Un fléau qui existe encore en 2021, notamment à Manchester City (Coucou Pep). Mais un fléau qui fonctionne puisque l’Espagne remporte en 2012 son troisième titre consécutif avec un trio offensif diablement efficace et un joker de luxe nommé Fernando Torres.
Un gitan, un vilain petit canard («Eder», un surnom donné par la presse portugaise avant la compétition) et un roi. Au fur et à mesure du tournoi, cet ensemble avance à très petits pas, la presse française le qualifiant même de «dégeulasse». Moi, je le qualifierais de «romanesque».
Absolument rien n'allait dans cette équipe, tantôt malchanceuse, tantôt chanceuse, qui passe, tour après tour, via des calculs mathématiques, des prolongations ou des séances de tirs au but. Ce roman improbable ne pouvait se terminer d'aucune autre manière que dans l'antre de l'équipe de France, à Paris, avec le roi CR7 sur le banc (blessé) et le vilain petit canard en personnage principal (il a marqué le seul but de la finale et offert le sacre européen au Portugal). Quaresma, lui, se contentera d'un rôle secondaire à la Robin dans Batman.
Mario Mandzukic en pivot avec Rakitic et Perisic en soutien, le tout orchestré par Luka Modric, c'est ce que nous proposait la Croatie en 2016. Un spectacle alléchant qui trouve rapidement son public puisque les Croates battent la Turquie, font match nul contre la Tchéquie et, surtout, battent l'Espagne au premier tour du tournoi. De quoi s'enflammer.
Malheureusement, les Balkaniques tombent en huitièmes de finale face au réalisme portugais. Il leur faudra attendre deux années supplémentaires pour réellement montrer tout l'étendue de leur talent avec une présence en finale de la Coupe du Monde 2018, toujours avec ces trois joueurs dans l'effectif.