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Hockey: «Genève ferait une grave erreur de jouer contre Chris McSorley»

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«Genève ferait une grave erreur de jouer contre Chris McSorley»

Dany Gelinas raconte les spécificités d'une série au meilleur des 3 matches, qu'il a vécu avec Sierre la semaine dernière et qui attend Genève (contre Lugano) et Lausanne (contre Ambri) dès vendredi.
17.03.2022, 17:5221.03.2022, 11:23
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Dany Gelinas, vous sortez d'une série victorieuse de pré play-off avec Sierre. Qu'est-ce qui fait la particularité de ces duels au meilleur des trois matches?
C'est assez simple: il est interdit de perdre le match numéro un. Ce premier rendez-vous est l'instant-clé de la série. Il est encore plus particulier si tu le joues à domicile, ce qui sera le cas de Lausanne et de Genève. Imaginez que le LHC s'incline à domicile contre Ambri. Deux jours plus tard, il devra se rendre au Tessin.

Le programme 🍿

Pré play-off de National League
➡️ Ve 18 mars à 19h45: Lausanne-Ambri et Genève-Lugano
➡️ Di 20 mars à 19h45: Ambri-Lausanne et Lugano-Genève
➡️ (Év.) Ma 22 mars à 19h45: Lausanne-Ambri et Genève-Lugano

Les joueurs vaudois auraient le temps de gamberger sur la route.
Ouhhh. Je peux vous dire que là, vous n'êtes pas bien! Et s'il y a une équipe capable de se transcender sur sa glace, avec le soutien de ses supporters, c'est bien Ambri.

Lors des duels en 5 ou 7 parties, des rivalités naissent et s'entretiennent à coups de poing ou d'intox, dans ce qui ressemble parfois à une guerre d'usure psychologique. Ce type de récit a-t-il le temps de s'écrire en 3 matches?
Non, c'est trop court. Tout va tellement vite: vendredi, dimanche, mardi et c'est plié. Les gars n'ont pas intérêt à jouer aux plus malins. Le temps qu'ils passent à s'occuper de l'adversaire, c'est du temps qu'ils n'ont pas pour eux. Or ils ne peuvent pas se le permettre.

La série entre Genève et Lugano a pourtant déjà débuté en coulisses, avec le retour de Chris McSorley aux Vernets en phase éliminatoire.
Oui c'est vrai. Chris va allumer les autres, c'est sûr et certain, mais c'est exactement le sens de mes propos. Genève doit faire très attention: il ferait une grave erreur de jouer contre McSorley plutôt que contre Lugano. Quand il était au Tessin, Patrick Fischer s'était déjà trompé: au lieu de jouer contre Genève, le coach de Lugano avait essayé de battre Chris au coaching. Il s'était fait démonter.

Que dit un entraîneur à ses hommes avant le début d'une série au meilleur des trois matches? Il ne peut pas lancer: «Les gars, vous n'avez absolument pas le droit de perdre, c'est à la vie à la mort.»
(Il coupe) Non, non. Si tu dis ça, t'es raide. Tu ferais mieux de sortir la corde tout de suite!

Que dire, alors?
Ce qu'il faut, c'est mettre les joueurs en mode play-off. Pour cette raison, je n'ai jamais dit à mes gars qu'ils allaient disputer un tour de qualification pour les play-offs, mais les 8es de finale. Il fallait qu'ils se mettent en tête que les séries éliminatoires allaient débuter.

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Gelinas a été champion de MySports League avec Sierre en 2019. Image: KEYSTONE

Gary Sheehan nous confiait récemment: «Quand vous jouez une série en best of 3, il faut que les joueurs abordent chaque partie comme s'il s'agissait d'un match 7». Vous avez une approche différente en soutenant qu'il faut envisager ces pré play-offs comme une série éliminatoire comme une autre.
Oui. Mais Garry a aussi raison. Il ne faut pas dramatiser cette série mais il faut tout de même réussir à créer un sentiment d'urgence dans le groupe. C'est même primordial.

Comment les coachs inculquent-ils ce sentiment d'urgence à leurs joueurs?
C'est la culture de la gagne qui fait la différence. C'est pour cette raison qu'il ne faut pas se tromper dans le recrutement. À une certaine époque, souvenez-vous, l'équipe qui montait se renforçait toujours chez l'équipe qui descendait. Mais comment voulez-vous insuffler une culture de la gagne avec des joueurs qui n'ont pas arrêté de perdre?

C'est quoi pour vous, la culture de la gagne?
C'est engager des joueurs qui ont une mentalité de vainqueur, et pas juste des mains, des pieds ou un gabarit. C'est pour cela qu'en play-off, certains éléments apparaissent beaucoup plus qu'en saison régulière. Ce sont des moments qui, dans leur réflexion, dans leur savoir être et paraître, leur conviennent énormément. L'émotion, induit par l'évènement, les transcende.

La barbe aussi

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Image: KEYSTONE

On imagine qu'Ambri sera sublimé par sa qualification pour les pré play-offs lors de l'ultime journée. À l'inverse, Lausanne a raté les play-offs d'un rien. La dynamique est plutôt à l'avantage des Léventins, non?
Les Lausannois vont sans doute tenir leur canne plus serrée que leurs adversaires durant les 10 premières minutes. Le début de match sera très intéressant à observer. Il s'agira de regarder comment chaque joueur, qui embarquera sur la glace, va bouger les jambes, sera capable de contrôler son puck. À mon avis, il faudra au moins trois rotations de toutes les lignes pour que les jambes se délient correctement.

Yan Gigon, le coach des hockeyeuses neuchâteloises éliminées cette saison lors d'un best of 3, nous disait que dans ce type de série, chaque évènement d'un match était amplifié, puisque tout a une conséquence immédiate. Vous êtes d'accord avec ça?
Oui, il a tout à fait raison. L'erreur que l'on fait tous, mais on n'a pas le choix, c'est qu'étant donné que les conséquences sont amplifiées, on est beaucoup moins patient dans nos choix, dans nos réflexions et nos attitudes.

Les joueurs le remarquent-ils?
Bien sûr. Cela peut même les amener à penser que le coach panique. C'est pour cela qu'en saison régulière, quand on perd un match, puis un autre, que les journalistes nous demandent pourquoi on ne change rien, on reste fidèle à nos principes. Car si les joueurs s'aperçoivent que l'on fait trop de changements, ils attribuent ça à de la précipitation. Or on préfère recevoir les critiques des médias que de foutre le bordel dans notre vestiaire.

Mais en play-off, les règles changent.
Sur une série de 3, et notamment en séries éliminatoires, c'est le jour J qui compte. Je ne suis pas quelqu'un qui s'amuse à changer ses trios d'attaquants facilement. Mais depuis deux semaines, je n'ai plus d'états d'âme: si ça marche, ok, sinon il faut trouver des solutions tout de suite, car il n'y a plus de lendemain.

Certains ne passent alors plus que quelques minutes sur la glace.
Oui. D'ailleurs, je suis sûr que Lausanne tournera à trois lignes et demi, c'est à dire que la 4e ligne embarquera probablement 2 fois par période. J'en suis persuadé.

L'exemple de Bienne, éliminé à la surprise générale par Rapperswil l'an dernier, peut-il trotter dans la tête des joueurs romands et tessinois cette saison. Ont-ils peur que ça leur arrive?
C'est possible. Bienne était tombé dans le piège qui est tendu au LHC cette année: la déception de ne pas participer directement aux play-offs avait été tellement grande que les Seelandais ne s'en étaient jamais relevés.

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Ils avaient quitté le championnat par la petite porte.Image: KEYSTONE

Quand on vous écoute parler de ces séries au meilleur des trois matches, on ne peut s'empêcher de penser que c'est beau. Prendre des décisions, gérer des hommes, les amener à se sublimer dans l'urgence: c'est ça, le hockey, non?
Oui, c'est pour ça qu'on sort de ce genre de séries très fatigué. On doit se montrer serein, calme, détendu, en pleine possession de nos moyens alors qu'en-dedans, ça bout comme le tabernacle!

Vous qui avez l'habitude des séries éliminatoires: votre corps réagit-il différemment lors d'un best of 3 et d'un best of 7?
Ce n'est pas tellement la longueur de la série qui compte, mais l'évolution du score et des évènements. On est forcément mieux à 1-0 lors d'un best of 3 qu'à 0-2 au meilleur des 5 ou des 7. Dans tous les cas, j'essaie de me trouver des moments rien qu'à moi pour ne pas finir mal.

C'est quoi, votre secret?
J'aime bien me promener sur les bords de «mon» lac de Géronde et je vais aussi régulièrement au fitness. Je peux débarquer à 6 h du matin et m'entraîner tout seul, j'adore ça.

Vos joueurs doivent halluciner quand ils arrivent en début de matinée et découvrent leur coach déjà tout transpirant sur les machines?
(Il se marre) Ça arrive! Du coup, ils ne peuvent plus rien me dire quand je leur demande de faire des exercices!

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