L'auteur de cet article peut vous le certifier, il a assisté à cette scène l'hiver dernier: Arno Del Curto est assis avec Kevin Schläpfer dans le restaurant Meilenstein à Langenthal. Une discussion entre experts du hockey.
Del Curto insiste sur le fait qu'il ne reviendra jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais plus dans le hockey. Il n'aidera son ami Roger Bader, sélectionneur de l'Autriche, que lors d'un tournoi international sans importance en Slovénie. Mais ensuite, ce serait définitivement terminé. Le mot «définitivement» est sorti au moins sept fois de sa bouche.
L'entraîneur le plus culte de l'histoire du hockey suisse a même dit qu'il ne voulait plus du tout entendre parler de ce sport, qu'il ne regarde même plus à la TV. Une seule exception: la NHL, parfois. Il explique avoir désormais beaucoup d'autres centres d'intérêt. Entre-temps, son autobiographie Mit Köpfchen durch die Wand (La tête dans le mur) – qui vaut vraiment la peine d'être lue – est sortie.
Un titre qui colle bien aux activités actuelles d'Arno Del Curto, qui s'occupe entre autres du développement de projets immobiliers dans les Grisons et de la recherche d'investisseurs pour un projet high-tech.
Mais existe-t-il vraiment un Arno Del Curto sans hockey sur glace? Ceux qui ont lu son autobiographie peuvent répondre: non. Aujourd'hui, c'est en retraité que l'ex-boss mythique du HC Davos se lance dans sa plus grande aventure internationale: avec son ami Roger Bader, il va coacher l'Autriche au prochain championnat du monde.
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que leur défi est de taille. Dans le groupe B, l'Autriche en découdra avec les Etats-Unis, la Finlande, la Lettonie, la Norvège, la République tchèque, la Suède et la Grande-Bretagne. Sa mission sera d'éviter la relégation. Elle débutera le samedi 14 mai contre la Suède.
Pendant des années, les pontes de la fédération suisse ont essayé d'attirer Arno Del Curto derrière la bande de la Nati, comme entraîneur en chef ou assistant. Il a toujours refusé. Les Autrichiens, eux, ont réussi. Ou plutôt Roger Bader.
Une seule raison a motivé l'ancien magicien des Grisons, comme il nous l'a confié par téléphone:
Ah, Roger Bader et Arno Del Curto ensemble derrière la bande autrichienne au championnat du monde! L'amitié la plus légendaire de l'histoire du hockey suisse. Ces deux-là ont déjà fait beaucoup de choses ensemble.
Et notamment au printemps 1992, quand les Zurich Lions ont renversé le Lugano de John Slettvoll en quart de finale des play-offs, mettant un terme au premier mandat tessinois du Suédois. Sur le banc zurichois: Arno Del Curto. Son assistant? Roger Bader.
Arno Del Curto n'est pas «notre» seul coach retraité qui s'assiéra sur les bancs du championnat du monde. Larry Huras (66 ans), ex-Gottéron, Berne et Lugano, entre autres, accompagnera l'Italie en tant qu'assistant. Des Italiens qui seront, d'ailleurs, le premier adversaire de la Suisse samedi (15h20).
Adaptation en français: Yoann Graber