7 matchs, 7 victoires. Avec sa victoire ce mardi contre l'Allemagne aux tirs au but (4-3), la Suisse a bouclé la phase de poules des Mondiaux sur un sans-faute.
Aucun drapeau rouge à croix blanche aux balcons ni klaxon dans les rues pour célébrer cette remarquable perf', mais l'effervescence pour cette Nati sur glace monte gentiment dans le pays. Avec une seule question sur toutes les lèvres. Celles – encore imbibées de bière – des clients du café du commerce comme celles des experts: cette équipe peut-elle devenir championne du monde pour la première fois?
Two shootout goals for @SwissIceHockey get them seventh win in a row.✌️ @nicohischier @NJDevils #GERSUI #IIHFWorlds pic.twitter.com/eOCPCYHm5J
— IIHF (@IIHFHockey) May 24, 2022
«On ne va pas se le cacher, c'est l'année ou jamais», tranche d'entrée Michael Ngoy. Comme beaucoup, l'ex-défenseur international a été impressionné par les hommes de Patrick Fischer:
L'ancien joueur du LHC, de Gottéron et d'Ambri a été frappé par un aspect très positif en particulier: l'état d'esprit du groupe. «On sent que le vestiaire est très soudé, qu'il y a une alchimie», se réjouit-il. «Des joueurs tels que Timo Meier ou Nico Hischier, qui gagnent pourtant des millions en NHL, n'ont pas du tout la grosse tête et se mettent au service de l'équipe.»
Pour illustrer son constat, l'ex-pro rappelle la fameuse scène qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, où on voit les Helvètes fêter un block de Scherwey comme s'il s'agissait d'un goal.
Paul-André Cadieux a lui aussi apprécié l'attitude des protégés de Patrick Fischer. «Ils ont montré beaucoup de maturité», applaudit l'ex-joueur et entraîneur légendaire.
«C’est la première fois que son potentiel réel est réellement exploité», sourit le journaliste Philippe Ducarroz, dont on a envoyé les coordonnées au jury du Grand prix du maire de Champignac. L'expert en hockey sur glace argumente son envolée lyrique:
«L'équipe peut aussi s'appuyer sur des joueurs du championnat suisse en confiance et en pleine forme, qui ont disputé la finale des play-off, à l'image de Denis Malgin (réd: meilleur compteur du tournoi avec 5 buts et 7 assists)», complète Yves Sarault, entraîneur du HC Sierre.
Et cet alignement des planètes a des effets concrets dans le jeu suisse. «Les défenseurs attaquent et marquent des buts, à l'image de Dean Kukan (réd: 6 points, dont 2 goals)», s'enthousiasme Paul-André Cadieux. «La Nati a une force de frappe comme rarement dans le passé», appuie Michael Ngoy, rejoint par son ex-coéquipier au Lausanne HC, Florian Conz:
Si la Suisse a de loin la meilleure attaque (34 pions), elle est aussi solide défensivement (15 goals encaissés en 7 matchs). C'est le cas notamment en box-play, où elle n'a pris que deux goals en 26 infériorités numériques.
Et heureusement que les Helvètes négocient bien ces périodes avec des hommes de moins sur la glace, parce qu'ils sont trop souvent pénalisés (plus de 12 minutes par match en moyenne).
Paradoxalement, c'est cette envie de bien faire qui pourrait lui jouer des tours. «Les joueurs suisses devront canaliser leur hypermotivation», prévient Paul-André Cadieux.
L'ancien coach prend comme exemple la charge inutile de Timo Meier contre le Canada, sanctionnée par une pénalité de cinq minutes, heureusement sans conséquence.
Evoluer en infériorité numérique, c'est bien sûr prendre le risque d'encaisser un but, quand on connaît l'armada offensive de certains adversaires, mais aussi s'épuiser pour la suite du tournoi. Autre point à corriger pour s'autoriser à rêver du trophée: les trop nombreuses erreurs individuelles en défense. «Peut-être sont-elles dues à la volonté d'accélérer le jeu?», s'interroge Philippe Ducarroz.
Le journaliste voit malgré tout la Suisse comme l'une des grandes favorites pour le titre. «Seule la Finlande a montré un niveau de jeu identique», tranche-t-il. Florian Conz, Yves Sarault et Michael Ngoy placent aussi le pays hôte comme le principal contradicteur de la Nati, avec la Suède. «Ces deux équipes sont très complètes», s'avance Florian Conz. «Et elles savent comment gagner des titres, ce qui manque à la Suisse», pointe Michael Ngoy. L'ancien défenseur ose l'analogie:
Paul-André Cadieux, lui, se méfie davantage des Nord-américains:
L'animal blessé en sera-t-il d'autant plus dangereux? Réponse jeudi donc, avec ce quart de finale très prometteur entre la Suisse et les Etats-Unis.