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À Fribourg, le calme avant une immense fête ou un nouveau cataclysme

Le premier titre de l'histoire du club n'a jamais été aussi proche.
Le premier titre de l'histoire du club n'a jamais été aussi proche.

À Fribourg, le calme avant une immense fête ou un nouveau cataclysme

Gottéron a terminé 2e de la saison régulière sans la moindre crise, il évolue dans une nouvelle arène et est engagé dans un combat de haute lutte contre Lausanne en play-off (1-1). Tous les espoirs sont permis: le premier titre de l'histoire n'a jamais été aussi proche.
28.03.2022, 11:5228.03.2022, 14:32
Klaus Zaugg
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Fribourg-Gottéron est un cas particulier. Christian Dubé (44 ans) y gère le département sportif pour la septième année déjà. Depuis le 4 octobre 2019, il a également repris le poste d'entraîneur et détient désormais tous les pouvoirs sportifs. Directeur sportif et entraîneur en chef en même temps: ce n'est plus vraiment à la mode. Cela n'existe plus que chez Gottéron. Ici, les horloges sont différentes. Christian Dubé les a remises à leur place.

Comment fait-il pour gérer cette double charge? D'autres clubs emploient plusieurs spécialistes pour la seule gestion du département sportif. A Berne, par exemple, il y a une direction stratégique et un directeur sportif, plus un «conseil des sages» composé de dénicheurs de talents. D'autres clubs s'assurent, dans le cadre d'un mandat, les conseils du scout NHL Thomas Roost en plus de ceux du directeur sportif.

Christian Dubé dit qu'il effectue ce travail en collaboration avec Gerd Zenhäusern. «Gerd s'occupe de l'administration.» Et qui décide d'engager un joueur ou de prolonger un contrat? «Moi.» Il se fie à son jugement.

Christian Dubé et Gerd Zenhäusern.
Christian Dubé et Gerd Zenhäusern.

Le Roi Soleil Louis XIV disait: «L'état c'est moi». Christian Dubé peut penser: «Gottéron c'est moi». De temps en temps, il discute encore avec Gerd. Il s'en tient au budget fixé par le président et ne se laisse pas entraîner dans une course aux prix. Chris DiDomenico part parce qu'il est mieux payé au SCB. C'est parfois aussi simple que cela.

Il semble que nous nous soyons éloignés du sujet. Mais seulement en apparence. Car ce pragmatisme, ce professionnalisme, caractérise le département sportif de Gottéron, la manière de jouer et l'état d'esprit autour de l'équipe. Le club a déjà échoué tant de fois parce que, dans les bureaux et les vestiaires, les émotions ont débordé, désorganisant ou paralysant l'équipe. Mais les années sauvages sont terminées, celles où le directeur sportif fumait de gros cigares au stade et portait le titre honorifique du «Cigare», et où le président se déplaçait en personne en hélicoptère pour négocier les transferts.

Les temps ont changé. La situation n'a jamais été aussi calme depuis la promotion de 1980. La preuve: à quelques jours du début des play-offs, nous sollicitons Christian Dubé pour une entrevue. Il répond qu'il n'y voit aucun problème. «Passez simplement après l'entraînement.» Il demande d'arriver à l'heure. Car il a un rendez-vous important ensuite. On se dit qu'il s'agit probablement d'une réunion d'équipe. Ou d'un meeting de motivation. Mais ce n'est pas le cas.

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Après notre entretien, il fait visiter le stade à une classe de jeunes élèves. Il montre aux enfants les vestiaires et, dans la salle des médias, leur donne une courte leçon. Avec un calme sympathique, comme si nous étions en pleine pause estivale. L'excitation et l'agitation des play-offs sont loin, très loin.

La sérénité de l'homme qui a la plus grande charge de travail dans notre championnat - directeur sportif et entraîneur - n'est pas feinte. Elle est bien réelle. Faut-il y voir le calme avant une immense fête? Ou avant un nouvel effondrement, comme il y a un an, lorsque les quarts de finale contre Servette se sont terminés après cinq matches?

Un autre épisode permet de prendre le pouls des Dragons. La Liberté produit un podcast. Un chroniqueur neutre et deux intimes, connaisseurs de longue date de Gottéron, discutent des play-offs à venir. Titre de travail: «Gottéron peut-il être champion?» Les chances sont discutées et, après presque une heure, il semble clair que Fribourg peut être champion. Puis vient la révélation. Chacun doit dire qui sera champion. Sans hésiter, Zoug ou les ZSC Lions sont cités. Mais pourquoi pas Gottéron?

En 2013, Julien Sprunger et ses coéquipiers n'obtiennent que l'argent après avoir perdu la finale des playoffs contre leur grand rival, le CP Berne.
En 2013, Julien Sprunger et ses coéquipiers n'obtiennent que l'argent après avoir perdu la finale des playoffs contre leur grand rival, le CP Berne.

«Ah», dit l'un des deux connaisseurs de longue date, «nous espérons et souhaitons tellement le titre et croyons qu'il sera possible de l'emporter. Mais nous savons par expérience que cela ne suffit pas». Et il cite une statistique: au printemps dernier, les Lakers ont gagné plus de matches de play-off en six jours contre Lugano (à savoir quatre) que Gottéron au cours des sept dernières années (à savoir trois) avant sa série contre Lausanne. Mais Gottéron est, avec Lugano et Ambri, le seul club à jouer sans interruption dans la ligue supérieure depuis l'introduction des play-offs (1986).

Des désirs. Des espoirs. La foi. Gottéron n'est pas simplement une entreprise sportive. C'est une institution presque aussi profondément enracinée dans la ville et le canton que l'Eglise catholique. Sans cathédrale, certes, mais avec un nouveau temple du hockey. Dans ce contexte, les titres ne sont pas si importants.

Les Fribourgeois réussiront-ils à se qualifier pour les demi-finales pour la première fois depuis 2014? Et peut-être même pour la première finale depuis 2013? Théoriquement, Gottéron a même tout pour remporter le titre pour la première fois de son histoire: le président, le directeur sportif, le coach, le gardien, les étrangers, les leaders avec passeport suisse, la profondeur de l'effectif et bien sûr le public.

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Avec Lausanne, le destin a offert à Gottéron l'adversaire le plus difficile pour le premier tour. Le LHC s'était imposé trois fois (sur cinq) face aux Dragons en saison régulière. Le problème, pour les Vaudois, c'est que leur environnement peut être agité. Mais les joueurs peuvent toujours se ressaisir, jouer de manière émotionnelle, rugueuse et imprévisible.

La raison dit que Gottéron gagnera cette série malgré tout, mais les tripes qu'il faut prendre garde aux Vaudois. Si les romantiques de Gottéron passent le cap des quarts de finale, tout deviendra possible. C'est peut-être le calme avant une immense fête.

(Adaptation en français: Julien Caloz)

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